Après deux semaines de tractations, la composition du gouvernement de Michel Barnier a été officiellement présentée ce samedi 21 septembre 2024 par Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée. Avec 39 ministres, ministres délégués et secrétaires d’État, ce nouvel exécutif, qui mêle des figures du parti Les Républicains (LR) et de l’ex-majorité présidentielle, affiche clairement une inflexion à droite. Un changement de cap qui suscite déjà des remous politiques.
Un gouvernement résolument à droite
L’arrivée au gouvernement de personnalités comme Bruno Retailleau, nommé ministre de l’Intérieur, et Laurence Garnier, secrétaire d’État à la Consommation, envoie un signal fort : Michel Barnier entend ancrer son gouvernement à droite. Retailleau, président du groupe LR au Sénat, est une figure conservatrice, opposé notamment au mariage pour tous, tout comme Garnier, dont les prises de position récentes ont fait polémique.
Rachida Dati, figure bien connue, conserve son poste à la Culture, tandis que Sébastien Lecornu reste aux Armées. Ces nominations montrent une continuité avec le précédent gouvernement de Gabriel Attal, mais l’équipe de Barnier se distingue par la forte présence de responsables issus du parti Les Républicains, à l’instar d’Annie Genevard, désormais ministre de l’Agriculture.
Des tractations intenses pour un fragile équilibre politique
La formation de ce gouvernement a été l’aboutissement de discussions intenses entre les différents courants politiques. LR obtient 10 postes ministériels, dont trois de plein exercice, et devient un pilier central de la nouvelle majorité. L’ex-majorité présidentielle, constituée d’Ensemble, du MoDem et d’Horizons, se voit attribuer la majorité des autres portefeuilles, dans un souci d’équilibre.
Didier Migaud, ancien socialiste et figure de gauche modérée, hérite du ministère de la Justice. Son entrée au gouvernement, en deuxième position dans l’ordre protocolaire, est la seule véritable concession faite à l’ouverture à gauche promise par Michel Barnier.
Des tensions au sein de l’ancienne majorité présidentielle
Cette orientation à droite ne fait pas l’unanimité au sein de l’ex-majorité présidentielle. Sophie Errante, députée macroniste, a claqué la porte du groupe Ensemble pour la République à l’Assemblée nationale, dénonçant dans une interview accordée à Mediapart un « mépris » envers l’aile gauche du mouvement. Cette démission illustre les fractures qui se creusent entre les différentes tendances politiques, sept ans après l’élection d’Emmanuel Macron, où l’on est bien loin du « en même temps » qui avait marqué ses débuts.
Des macronistes encore en place, malgré la défaite législative
Malgré la défaite aux dernières élections législatives, plusieurs proches d’Emmanuel Macron conservent des portefeuilles clés. Sébastien Lecornu (Armées), Rachida Dati (Culture), Agnès Pannier-Runacher (Transition écologique) et Catherine Vautrin (Territoires) restent en poste, affirmant ainsi la continuité de l’influence macroniste.
De nouvelles figures font leur entrée, comme Astrid Panosyan-Bouvet, nommée ministre du Travail, ou Marc Ferracci à l’Industrie. Ces nominations témoignent de la volonté de Michel Barnier de ne pas rompre complètement avec l’ère Macron, tout en affirmant sa propre ligne politique plus conservatrice.
composition du nouveau gouvernement de Michel Barnier :
9 ministres
- Didier Migaud, garde des Sceaux, ministre de la Justice
- Catherine Vautrin, Partenariat avec les territoires et Décentralisation
- Bruno Retailleau, Intérieur
- Anne Genetet, Éducation nationale
- Jean-Noël Barrot, Europe et Affaires étrangères
- Rachida Dati, Culture et Patrimoine
- Sébastien Lecornu, Armées et Anciens combattants
- Agnès Pannier-Runacher, Transition écologique, Énergie, Climat et Prévention des risques
- Antoine Armand, Économie, Finances et Industrie
- Geneviève Darrieussecq, Santé et Accès aux soins
- Paul Christophe, Solidarités, Autonomie et Égalité entre les femmes et les hommes
- Valérie Létard, Logement et Rénovation urbaine
- Annie Genevard, Agriculture, Souveraineté alimentaire et Forêt
- Astrid Panosyan-Bouvet, Travail et Emploi
- Gil Avérous, Sport, Jeunesse et Vie associative
- Patrick Hetzel, Enseignement supérieur et Recherche
- Guillaume Kasbarian, Fonction publique, Simplification et Transformation de l’action publique
- François-Noël Buffet, chargé des Outre-Mer auprès du Premier ministre
- Laurent Saint-Martin, chargé du Budget et des Comptes publics auprès du Premier ministre
15 ministres délégués
- Benjamin Haddad, Europe
- Nathalie Delattre, Relations avec le Parlement
- Maud Bregeon, porte-parole du Gouvernement
- Marie-Claire Carrère-Gée, Coordination gouvernementale
- Françoise Gatel, Ruralité, Commerce et Artisanat
- François Duvovray, Transports
- Fabrice Loher, Mer et Pêche
- Nicolas Daragon, Sécurité du quotidien
- Alexandre Portier, Réussite scolaire et Enseignement professionnel
- Sophie Primas, Commerce extérieur et Français de l’étranger
- Marc Ferracci, Industrie
- Marie-Agnès Poussier-Winsback, Economie sociale et solidaire, Intéressement et Participation
- Marina Ferrari, Économie du tourisme
- Olga Givernet, Énergie
- Agnès Canayer, Famille et Petite enfance
Cinq secrétaires d’État
- Othman Nasrou, Citoyenneté et Lutte contre les discriminations
- Thani Mohamed Soilihi, Francophonie et Partenariats internationaux
- Laurence Garnier, Consommation
- Salima Saa, Égalité entre les femmes et les hommes
- Clara Chappaz, Intelligence artificielle et numérique