Le nouveau gouvernement de Michel Barnier se dévoile, et avec lui, une équipe économique renouvelée. Antoine Armand, 33 ans, est nommé ministre de l’Économie et de l’Industrie, succédant à Bruno Le Maire. Laurent Saint-Martin prend quant à lui la tête du ministère du Budget et des Comptes publics, remplaçant Thomas Cazenave. Ensemble, ils héritent d’une situation budgétaire tendue, marquée par un déficit élevé et des finances publiques à rééquilibrer. Leur première mission : présenter le projet de loi de finances au début du mois prochain, dans un calendrier extrêmement serré.
Une mission immédiate : la loi de finances
Le tandem Armand-Saint-Martin se retrouve face à une équation budgétaire complexe. À peine nommés, ils doivent finaliser et défendre le projet de loi de finances pour 2025 devant l’Assemblée nationale. Ce texte, attendu début octobre, s’inspirera largement des recommandations du précédent gouvernement Attal et des documents préparatoires transmis par Matignon aux parlementaires.
Le défi est de taille : rationaliser les dépenses publiques, stabiliser les dépenses de l’État en 2025 pour qu’elles ne dépassent pas celles de 2024, et tenter de réduire un déficit public qui a atteint cette année 5,1 % du PIB. Malgré les annonces de gel de 15 milliards d’euros de crédits par Bruno Le Maire, le déficit semble difficile à contenir.
Des recettes en baisse, des dépenses en hausse
En cause, une combinaison de dépenses croissantes, notamment des collectivités locales, et des recettes fiscales inférieures aux attentes, en particulier du côté de l’impôt sur les sociétés. Face à cette situation, une question se pose : des économies supplémentaires devront-elles être réalisées en 2025 ? Faut-il s’attendre à des hausses d’impôts ?
Interrogé à ce sujet par Le Journal du Dimanche (JDD), Antoine Armand n’exclut pas la possibilité de nouvelles mesures fiscales, mais précise : « Exclure d’office certaines hausses d’impôts ne serait pas responsable, mais il est crucial de continuer à soutenir les classes moyennes. »
Une position en ligne avec celle du Premier ministre Michel Barnier, qui a répété qu’il n’y aurait pas d’augmentation d’impôts pour les classes moyennes. Ce qui n’exclut pas, en revanche, des prélèvements ciblant les plus hauts revenus. Des mesures comme la taxe sur les « superprofits » ou les « superdividendes » sont sur la table, tout comme une éventuelle taxation des rachats d’actions par certaines entreprises.
Priorité à la réduction des dépenses publiques
Pour Antoine Armand, la solution principale réside dans la maîtrise des dépenses publiques, une ligne déjà défendue par Bruno Le Maire. « Nous devons baisser la dépense publique et la rendre plus efficace », a-t-il martelé, tout en ouvrant la porte à certains prélèvements exceptionnels si la situation l’exige. « Si la solution était d’augmenter les impôts, la France serait depuis longtemps la première puissance mondiale », a-t-il ironisé.
Réduire les dépenses publiques pourrait néanmoins se révéler plus douloureux que prévu, d’autant que les engagements pris vis-à-vis de la Commission européenne prévoient un retour sous la barre des 3 % de déficit public d’ici 2027. Mais cet objectif pourrait bien être repoussé, ce qui risque d’entraîner une dégradation de la note de la France par les agences de notation.
La compétitivité au cœur de la stratégie
Parallèlement à cet impératif budgétaire, Antoine Armand entend poursuivre la politique de soutien à l’économie initiée par Emmanuel Macron et Bruno Le Maire. « L’attractivité de la France est un résultat économique majeur que personne n’aurait espéré il y a dix ans », a-t-il souligné, citant notamment le taux de chômage historiquement bas et la croissance des emplois industriels.
Pour le nouveau ministre, l’État doit continuer à soutenir les entreprises françaises dans un environnement de concurrence internationale. « Je me battrai pour que nos politiques d’investissement d’avenir, de soutien aux usines qui se créent, soient poursuivies et amplifiées », a-t-il affirmé, ajoutant que « les normes n’ont jamais fait une fiche de paie », en référence à la nécessité de ne pas alourdir la réglementation pour les entreprises.
Une mission commune avec Laurent Saint-Martin
Antoine Armand partagera Bercy avec Laurent Saint-Martin, désormais en charge du Budget, mais directement rattaché à Michel Barnier. Ensemble, ils devront trouver un équilibre entre rigueur budgétaire et soutien à la croissance économique. Saint-Martin, lui aussi issu de la majorité macroniste, aura la lourde tâche de proposer des solutions pour réduire les dépenses tout en maintenant les investissements d’avenir.
La gestion des finances publiques reste donc au cœur des priorités du gouvernement Barnier. Comme l’a conclu Antoine Armand : « Notre économie a besoin de stabilité et de sérieux : ce qui a marché, préservons-le. » Mais il faudra aussi, sans doute, prendre des décisions difficiles pour ramener le déficit à un niveau acceptable, tout en maintenant la compétitivité et l’attractivité de la France.