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Bruno Retailleau à l’Intérieur : un représentant de la droite dure pour une politique répressive et anti-immigration

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Samedi 21 septembre, Bruno Retailleau, cadre influent des Républicains, a été nommé ministre de l’Intérieur dans le gouvernement dirigé par Michel Barnier. Cette annonce, attendue après de longues tractations, vient concrétiser un virage plus prononcé vers la droite au sein de l’exécutif, alors que Retailleau succède à Gérald Darmanin, en poste depuis juillet 2020.

Le choix de Retailleau n’a rien d’anodin. Président des sénateurs LR depuis 2014, cet élu de Vendée incarne une ligne ferme, tant sur les questions de sécurité que d’immigration. Il devra désormais mettre en œuvre la politique d’affaires intérieures défendue par Michel Barnier, axée sur une lutte renforcée contre la délinquance et un contrôle strict des flux migratoires.

Une ligne sécuritaire : retour des peines planchers ?

Bruno Retailleau est un fervent défenseur d’une justice plus sévère. Parmi ses premières priorités, le nouveau ministre a promis de rétablir les peines planchers, un dispositif initialement instauré sous Nicolas Sarkozy, puis supprimé durant la présidence de François Hollande. Ce mécanisme imposerait des peines minimales pour certaines infractions, limitant ainsi la marge de manœuvre des juges.

Retailleau veut également s’attaquer à la délinquance des mineurs. Il prône une mesure polémique : la suppression des allocations familiales pour les parents dont les enfants mineurs sont condamnés. « L’autorité, c’est comme la poussée d’Archimède, c’est proportionnel à ce qu’il y a en face », avait-il affirmé lors de la présentation du pacte législatif de son parti, rappelant ainsi sa vision stricte de l’ordre social.

Immigration : une politique de fermeté assumée

Sur le front de l’immigration, Retailleau a toujours défendu une ligne dure. En juin 2023, il avait déposé une proposition de loi visant à « reprendre le contrôle de la politique d’immigration, d’intégration et d’asile ». Ce texte, largement plus restrictif que celui défendu par le gouvernement, avait pour ambition de durcir la gestion des flux migratoires, un sujet central pour l’électorat conservateur.

Cependant, plusieurs articles de cette loi avaient été censurés par le Conseil constitutionnel, ce qui avait provoqué la colère de Retailleau, qui avait dénoncé « un déni de démocratie ». Cette fermeté en matière d’immigration se traduit aussi par des déclarations parfois controversées. En juillet 2023, il avait établi un lien entre les émeutes déclenchées après la mort du jeune Nahel et l’immigration, en soulignant que « certes, ce sont des Français, mais ce sont des Français par leur identité ». Des propos qui lui ont valu des accusations de « racialisme » de la part de l’opposition de gauche.

Une figure clivante et ultra-conservatrice

En dehors des questions de sécurité et d’immigration, Bruno Retailleau est également connu pour ses positions très conservatrices sur les sujets de société. Il avait manifesté contre le mariage pour tous en 2013, et s’était farouchement opposé à l’interdiction des thérapies de conversion, des pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des individus. Lors de la campagne pour la présidence des Républicains en 2022, il avait clairement affiché son désaccord avec certaines évolutions sociales, en déclarant : « Contre les délires pédagogistes, nous voulons des programmes concentrés sur les savoirs fondamentaux et l’uniforme à l’école ».

De plus, Retailleau s’était opposé à l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, jugeant que « ce droit n’était pas menacé en France ». Ce positionnement avait renforcé son image de gardien d’une droite conservatrice et traditionaliste, mais avait également creusé le fossé avec l’aile modérée de son parti.

Une nomination qui fait réagir

La nomination de Bruno Retailleau à la tête du ministère de l’Intérieur n’a pas manqué de faire réagir. Eric Henry, délégué national du syndicat Alliance police nationale, s’est montré plutôt favorable à ce choix. « Nous prenons acte de sa nomination. Nous lui souhaitons la bienvenue républicaine », a-t-il déclaré sur Franceinfo, tout en espérant que Retailleau « soit dans la continuité de son prédécesseur ». Il a également salué le travail de Gérald Darmanin, affirmant que ce dernier « a été au soutien. Il a mouillé la chemise ».

Éric Henry s’est par ailleurs réjoui des premiers messages envoyés par Bruno Retailleau. Sur son compte X (anciennement Twitter), le nouveau ministre a écrit : « Les forces de l’ordre, qui risquent leur vie pour la sécurité de nos compatriotes, peuvent compter sur moi : je serai leur premier soutien ». « C’est un premier message fort », a commenté le syndicaliste, insistant sur l’importance d’un ministre de l’Intérieur « qui accompagne les policiers, leur donne les moyens de travailler et les défend lorsqu’ils sont injustement mis en cause ».

Une droite sécuritaire et souverainiste au pouvoir

Avec l’arrivée de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, le gouvernement de Michel Barnier affiche clairement sa volonté de renforcer la sécurité et de durcir le ton sur l’immigration. Retailleau incarne une droite souverainiste, attachée à l’autorité et aux valeurs traditionnelles. Ses prises de position tranchées, qu’il s’agisse de rétablir les peines planchers ou de durcir la politique migratoire, ne manqueront pas de susciter le débat. Ce virage à droite, tant sur les questions de sécurité que de société, pourrait résonner auprès d’un électorat conservateur, mais il s’accompagnera aussi de fortes contestations, notamment de la part de la gauche et des défenseurs des libertés publiques.

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