La composition du gouvernement Michel Barnier avec plusieurs membres issus des rangs républicains et macronistes a provoqué une avalanche de critiques des politiques. À gauche comme à droite, l’opposition dénonce ce qu’elle considère comme un « gouvernement des perdants » et se prépare déjà à déposer une motion de censure dès la reprise des travaux parlementaires en octobre. Une situation qui annonce des semaines décisives pour ce nouvel exécutif.
Une gauche unie contre le gouvernement
Les premières critiques sont venues de La France insoumise. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a immédiatement réagi à l’annonce du remaniement en fustigeant ce qu’elle appelle « l’extrême-droitisation de la Macronie ». Sur X (anciennement Twitter), elle a dénoncé un gouvernement « sans légitimité », critiquant particulièrement la nomination de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, qu’elle voit comme une dérive vers la droite dure. « C’est la démocratie qui est humiliée ce soir », a ajouté Lucie Castets, porte-parole du Nouveau Front populaire, sur les réseaux sociaux.
Le ton a été amplifié par Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, qui a déclaré : « Il faut se débarrasser aussitôt que possible de ce gouvernement qui n’a ni légitimité ni futur ». Mélenchon qualifie ce nouvel exécutif de « gouvernement des perdants des élections législatives » et appelle à l’unité des forces de gauche pour déposer une motion de censure.
Éric Coquerel a exprimé la même détermination sur LCI, soulignant que « le premier combat à l’Assemblée sera celui de la censure ». Il qualifie ce gouvernement de « gifle au peuple français » et plaide pour une « motion de censure automatique »dès le début de la session parlementaire.
Les écologistes montent également au créneau
Chez les écologistes, la frustration est palpable. Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a ironisé sur un gouvernement « contre nature et contre la nature », évoquant une alliance improbable entre les macronistes et les Républicains. De son côté, la députée parisienne Sandrine Rousseau a évoqué le « chant du cygne du macronisme », appelant les citoyens à ne pas perdre espoir. Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Écologiste et social, a également averti que « ce gouvernement n’a ni légitimité démocratique, ni soutien solide à l’Assemblée », promettant une lutte sans relâche contre cet exécutif.
Critiques acerbes du Rassemblement national
Du côté du Rassemblement national, Jordan Bardella et Marine Le Pen ont eux aussi sévèrement critiqué le remaniement. Bardella a dénoncé « le retour du macronisme par une porte dérobée » et a estimé que ce gouvernement « n’a aucun avenir ».Marine Le Pen a, pour sa part, pointé du doigt un « gouvernement transitoire » né d’alliances « contre-nature » et a réaffirmé son intention de préparer la « grande alternance » pour les prochaines échéances électorales.
Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, a dénoncé un « remaniement au goût de réchauffé », affirmant que « Michel Barnier promettait un changement, mais c’est la continuité du macronisme avec l’appui des LR ». Dans une critique acerbe, Éric Ciotti, président du groupe Union des droites pour la République, a qualifié ce remaniement de « victoire du macronisme », évoquant une politique qui mène à la « faillite nationale ».
L’ex-majorité présidentielle sur la défensive
Parmi les anciens membres de la majorité présidentielle, les réactions sont prudentes. Pieyre-Alexandre Anglade, député du groupe Ensemble pour la République, a averti que « les prises de position de certains membres du gouvernement nécessitent vigilance », affirmant que son groupe sera « libre et exigeant ». De son côté, Constance Le Grip a exprimé sa confiance dans la capacité du gouvernement à apporter la stabilité attendue par les Français, tandis que Agnès Firmin-Le Bodo, ex-ministre de la Santé, a souligné que « la réussite du gouvernement est nécessaire pour notre pays ».
Les Républicains, désormais rebaptisés Droite républicaine, adoptent, eux, une position plus nuancée. Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe, a déclaré que « nous serons aux côtés de ce gouvernement pour l’accompagner », tout en soulignant que son groupe sera « vigilant et force de propositions ». Cette position a été reprise par plusieurs élus républicains qui soutiennent l’idée d’une coopération conditionnelle avec l’exécutif, notamment sur les réformes économiques.
Un gouvernement sous pression
Le gouvernement Barnier est immédiatement confronté à une situation tendue. Entre les menaces de motion de censure venant de la gauche, les critiques acerbes du Rassemblement national, et la prudence des Républicains, l’exécutif devra habilement naviguer dans ce paysage politique morcelé.
À quelques semaines de la reprise de la session parlementaire, il est évident que le nouveau gouvernement devra non seulement faire preuve de légitimité, mais également de réactivité face à une opposition qui se montre unie dans sa volonté de le renverser.