Lors de sa première interview télévisée depuis la nomination de son gouvernement, Michel Barnier, invité du « 20 Heures » de France 2, a présenté sa vision et les premiers chantiers de son mandat. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de cohésion au sein de son équipe et a promis d’apporter des solutions aux défis qui attendent la France, tout en préservant l’esprit de compromis.
« Je savais que la tâche serait difficile », a déclaré Michel Barnier, affichant d’entrée de jeu sa lucidité quant à la fragilité de son mandat, fragilisé par une Assemblée divisée en trois blocs après des élections législatives anticipées. Malgré tout, le Premier ministre s’est voulu rassurant. « Mon mandat est fragile, mais on va faire au mieux », a-t-il affirmé, appelant à la « cohésion » et à la « fraternité » au sein de son gouvernement pour garantir des avancées pour le pays.
Barnier a également pris soin de souligner la particularité de la situation politique actuelle : « Nous ne sommes pas en cohabitation. L’essentiel du socle parlementaire qui accompagne le gouvernement est composé pour beaucoup de personnalités qui nous accompagnent depuis sept ans », a-t-il rappelé, appelant à l’unité malgré les divergences politiques au sein de l’hémicycle.
Une gouvernance de complémentarité
Face aux spéculations sur des tensions possibles entre lui et le Président de la République, Michel Barnier a été clair. « Il n’y aura pas de polémique avec le Président », a-t-il martelé. Selon lui, la relation entre l’Élysée et Matignon sera marquée par la complémentarité et la coopération : « C’est l’intérêt du pays. Il faut aussi cet esprit de compromis positif, dynamique avec le chef de l’État ».
Ce message de concorde semble vouloir rassurer sur la stabilité de l’exécutif, alors que les deux hommes incarnent des tendances politiques parfois perçues comme divergentes au sein de la majorité présidentielle.
Fiscalité : faire contribuer les plus riches et les multinationales
Sur le terrain économique, Michel Barnier a abordé un des sujets qui préoccupe de nombreux Français : la fiscalité. Le Premier ministre a annoncé son intention de demander « aux plus riches de prendre part à l’effort de solidarité ». Il a ainsi exclu toute nouvelle hausse d’impôts pour les classes moyennes et les plus modestes, affirmant : « Je ne vais pas alourdir encore les impôts sur l’ensemble des Français, ni sur les plus modestes, ni sur les gens qui travaillent, ni sur les classes moyennes ».
En revanche, il a précisé que « les personnes les plus fortunées » ainsi que certaines « grosses entreprises » seraient appelées à contribuer davantage. « Je ne veux pas aggraver la double dette écologique et financière », a-t-il justifié. « Cela peut se faire notamment avec des prélèvements ciblés sur les personnes fortunées, ou certaines grosses entreprises ».
Réforme des retraites : des ajustements à venir
La réforme des retraites, entrée en vigueur l’an dernier, reste un sujet brûlant. Michel Barnier n’a pas échappé à la question, assurant qu’il « prendra le temps d’améliorer la réforme ». Toutefois, il a affirmé vouloir préserver le cadre financier de la loi, tout en se disant ouvert aux discussions avec les partenaires sociaux. « On a une loi qui prévoit un cadre financier et je pense que ce cadre doit être préservé », a-t-il déclaré. Il a également souligné que le report progressif de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, malgré les semaines de mobilisation sociale, resterait en place.
Préservation des droits sociaux et libertés individuelles
Sur les questions sociétales, le Premier ministre s’est voulu rassurant, notamment face à la présence de plusieurs ministres conservateurs dans son gouvernement. Michel Barnier a réaffirmé son attachement aux grandes lois sur les droits sociaux et les libertés individuelles. « Les grandes lois de progrès social ou sociétal, comme celles sur l’interruption volontaire de grossesse ou la PMA, seront intégralement préservées », a-t-il affirmé avec force. « Je serai un rempart pour qu’on préserve l’ensemble de ces droits acquis », a-t-il ajouté, avant de conclure sur ce point : « Il n’y a aucune ambiguïté ».
La santé mentale, grande cause nationale de 2025
Enfin, Michel Barnier a profité de cette première grande intervention médiatique pour annoncer que la santé mentale serait la « grande cause nationale » de l’année 2025.
Une annonce qui témoigne d’une prise de conscience des besoins croissants en matière de santé mentale dans un pays où les indicateurs de souffrance psychologique, notamment chez les jeunes, ne cessent de se dégrader. En France, un tiers des postes de praticiens hospitaliers sont vacants et le volume de lits diminue, alors que le nombre de patients a doublé ces vingt dernières années.
Selon les professionnels de santé, des mesures concrètes doivent être prises pour améliorer la prise en charge des patients et renforcer les moyens alloués à ce secteur en crise.