Plus d’un an et demi après le passage en force de la réforme des retraites, qui a fait monter l’âge légal de départ à 64 ans, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, relance la mobilisation. Ce lundi 23 septembre, elle a appelé à une nouvelle journée de grève et de manifestation le 1er octobre, tout en réclamant l’abrogation pure et simple de cette réforme. Une date qui pourrait marquer le début d’un « match retour » contre cette loi impopulaire.
« Il faut abroger cette réforme »
Interrogée par franceinfo, Sophie Binet a exprimé sa détermination à remettre la réforme des retraites sur le devant de la scène sociale. « Il faut abroger cette réforme et mettre sur la table d’autres propositions de financements, nous en avons pour garantir la pérennité de notre système par répartition », a-t-elle déclaré. En ligne de mire, l’âge de 64 ans et l’allongement des durées de cotisation, deux mesures qui cristallisent les tensions depuis le début du débat.
La leader syndicale n’entend pas se contenter de simples ajustements. « Il ne peut en aucun cas s’agir d’aménagements à la marge. Dans cette réforme, ce sont les 64 ans et l’allongement des durées de cotisation qui posent problème. Nous voulons expliquer comment on peut financer les 62 ans à court terme et même 60 ans à moyen terme », a-t-elle affirmé, en s’opposant à tout compromis avec le gouvernement sur ce point.
Une mobilisation relancée par des ouvertures politiques
La date du 1er octobre n’est pas choisie au hasard. Michel Barnier, qui doit présenter son discours de politique générale ce même jour à l’Assemblée nationale, a laissé entrevoir une possible révision du texte. Lors de son passage sur France 2, dimanche soir, il a indiqué vouloir « travailler avec les partenaires sociaux pour améliorer la réforme des retraites », tout en préservant « le cadre financier » de la loi.
Sophie Binet n’a pas manqué de rebondir sur cette déclaration : « Nous pouvons obtenir son abrogation, c’est ce que montre la déclaration de Michel Barnier. Le rapport de force est de notre côté. Il faut pousser notre avantage ». Cet appel à la grève et à la mobilisation générale pourrait ainsi relancer un mouvement social qui avait perdu de son intensité ces derniers mois, malgré la persistance de l’opposition à la réforme dans une partie de l’opinion publique.
Des propositions de financement alternatives
Au-delà de la simple abrogation de la réforme, Sophie Binet propose des pistes pour financer le système de retraite par répartition. « Ce n’est pas très compliqué de trouver les quelques milliards nécessaires au financement de notre système de retraite », assure-t-elle. Parmi ses suggestions : élargir l’assiette de cotisation en incluant les primes, l’intéressement et la participation. Elle insiste également sur l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, estimant qu’« augmenter les salaires des femmes ferait rentrer beaucoup de cotisations ».
Sophie Binet plaide pour une répartition plus équitable des richesses. « En France, on consacre chaque année presque 200 milliards d’euros d’exonération fiscale aux entreprises sans aucune contrepartie. Ces aides pour les entreprises, il faut les remettre à plat », a-t-elle dénoncé, pointant du doigt les 73 milliards d’euros de « cadeaux fiscaux aux plus riches et aux grandes entreprises » accordés sous la présidence d’Emmanuel Macron. « Il faut prendre l’argent là où il est, c’est-à-dire sur les actionnaires dont le revenu ne cesse d’augmenter », martèle-t-elle. Pour la CGT, le rétablissement de l’impôt sur la fortune est également une priorité, notamment pour financer les services publics.
Le 31 octobre, l’Assemblée nationale examinera un texte d’abrogation de la réforme, porté par le Rassemblement national. Bien que cette démarche ait peu de chances d’aboutir, elle reflète le climat d’incertitude qui entoure encore la réforme des retraites.