Le nouveau ministre de l’Économie, Antoine Armand, a suscité une vive polémique après avoir déclaré que le Rassemblement national (RN) n’appartenait pas à « l’arc républicain ». Une position qui a provoqué la colère des députés RN, à l’aube des discussions autour du budget 2025, alors que le ministre lance des consultations avec les forces politiques représentées au Parlement.
Une concertation nécessaire avec les élus
Dans un communiqué publié par le ministère de l’Économie, Antoine Armand a annoncé son intention de rencontrer « toutes les forces politiques représentées au Parlement » afin de discuter des enjeux économiques et financiers. Cette démarche vise à préparer le terrain pour un budget 2025 qui s’annonce particulièrement complexe. « La situation économique et financière de la France réclame une concertation large des élus de la Nation », indique le communiqué, précisant que le ministre « conviera prochainement chaque président de groupe dans cet état d’esprit ».
Cependant, cette volonté de dialogue a pris une tournure controversée suite aux propos tenus par le ministre lors de son passage sur France Inter, mardi 24 septembre.
Exclusion du RN de l’arc républicain
Lors de cette interview, Antoine Armand a affirmé que le Rassemblement national ne faisait pas partie de l’arc républicain, contrairement à La France insoumise. « Le Rassemblement national, contre lequel nous avons été élus, face auquel nous avons fait un front républicain, n’appartient pas à l’arc républicain », a-t-il déclaré au micro de France Inter. Une prise de position qui n’a pas manqué de déclencher l’ire des élus du RN.
Marine Le Pen, présidente du groupe parlementaire du RN, a immédiatement réagi, fustigeant cette exclusion. « Quand j’entends Monsieur Armand expliquer que sa porte sera toujours fermée aux députés du Rassemblement national, alors que nous avons juste le budget qui arrive, je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à l’ensemble de ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement », a-t-elle déclaré à la sortie de la conférence des présidents de l’Assemblée nationale.
Réactions en chaîne au sein du RN
Les déclarations d’Antoine Armand ont rapidement provoqué une série de réactions au sein du Rassemblement national. Sur X (anciennement Twitter), le compte officiel du parti a dénoncé une « démocratie à géométrie variable ». « Après seulement trois jours, ce gouvernement fait déjà preuve de sectarisme et insulte 11 millions de Français ! », peut-on lire dans un message posté quelques heures après l’intervention du ministre.
Louis Aliot, premier vice-président du parti et maire de Perpignan, s’est lui aussi insurgé sur X, parlant d’une « attitude anti-démocratique et méprisante à l’égard de 11 millions d’électeurs ». Pour Laurent Jacobelli, porte-parole du RN, la ligne rouge a été franchie : « Bonjour Michel Barnier, on est d’accord, il a franchi la ligne rouge, non ? », a-t-il écrit, interpellant directement le Premier ministre.
Julie Rechagneux, députée européenne du RN, a quant à elle critiqué le manque de pluralisme au sein du gouvernement : « Où est le respect du pluralisme et des électeurs promis par Michel Barnier ? », s’est-elle interrogée, faisant écho aux critiques grandissantes au sein de l’extrême droite.
Une fracture politique grandissante
Cette exclusion du RN de la concertation autour du budget 2025 risque de compliquer davantage les relations politiques déjà tendues. Antoine Armand a justifié sa position en rappelant que le gouvernement avait été élu face au RN, dans un contexte de « front républicain ». Cependant, cette ligne de fracture entre le gouvernement et le principal parti d’opposition pourrait affecter les débats à venir au sein de l’hémicycle.
En réponse aux accusations d’exclusion du RN, le ministre a toutefois tenu à rappeler que La France insoumise faisait, elle, partie de l’arc républicain, même s’il a admis que « certains Insoumis ont malheureusement dépassé les bornes de la République très souvent ».
Un climat tendu à l’approche du débat sur le budget 2025
Alors que le gouvernement s’apprête à présenter un budget 2025 sous haute tension, les divergences politiques continuent de s’accentuer. Si Antoine Armand cherche à rassembler les forces politiques autour des enjeux économiques, son refus de collaborer avec le RN pourrait compliquer le processus de concertation.
Le prochain budget pourrait ainsi devenir un terrain d’affrontements idéologiques, où les tensions entre majorité et opposition risquent de se renforcer.