- Dès le 1ᵉʳ décembre, la prescription de certains opioïdes, tels que le tramadol et la codéine, sera soumise à une ordonnance sécurisée afin de limiter les risques de dépendance et de fraude.
- Face à une hausse des falsifications d’ordonnances et aux dangers liés à l’abus des opioïdes, l’ANSM renforce les mesures de contrôle pour protéger les patients.
Face à la montée des fraudes et aux risques d’addiction, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) impose un encadrement plus strict pour la prescription de certains opioïdes dès le 1er décembre.
À partir du 1er décembre, les médicaments de la famille des opioïdes, tels que le tramadol et la codéine, ne seront délivrés en pharmacie que sur présentation d’une ordonnance sécurisée. Cette décision de l’ANSM, annoncée dans un communiqué officiel, vise à lutter contre la falsification des prescriptions et à prévenir les dangers liés à l’abus de ces substances, souvent à l’origine de graves dépendances.
Un renforcement de la sécurité des prescriptions
La principale nouveauté réside dans la mise en place d’une ordonnance sécurisée, un dispositif visant à rendre la falsification quasiment impossible. « Ces ordonnances comprendront des informations obligatoires pré-imprimées en bleu, un filigrane et un grammage minimum de 77 g/m² », explique l’ANSM. Le dosage, la posologie, ainsi que la durée du traitement devront par ailleurs être rédigés en toutes lettres, renforçant ainsi le contrôle sur la délivrance de ces médicaments sensibles.
Cette mesure s’inscrit dans une volonté de régulation accrue de la consommation d’opioïdes, et notamment du tramadol, qui depuis le printemps 2020, fait déjà l’objet d’une prescription limitée dans le temps. Désormais, tous les opioïdes soumis à ordonnance ne pourront être prescrits pour plus de trois mois. « Ces médicaments ne pourront pas être prescrits plus de trois mois sans nécessiter une nouvelle ordonnance sécurisée », précise l’Agence.
Des chiffres alarmants sur les fraudes
Les autorités de santé tirent la sonnette d’alarme face à la recrudescence des fraudes touchant les opioïdes. En 2022, sur environ 2600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol et 416 la codéine, souvent utilisée pour ses propriétés antitussives. Dans une déclaration a l’AFP, Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM, affirme « ces chiffres montrent à quel point ces médicaments sont détournés de leur usage thérapeutique ». Les opioïdes sont régulièrement utilisés en dehors du cadre médical, créant un risque majeur pour la santé publique, allant de l’addiction à des surdoses parfois mortelles.
Une consommation sous haute surveillance
Les dangers liés à la consommation non contrôlée des opioïdes ne sont plus à démontrer. Le tramadol et la codéine, pourtant couramment prescrits pour soulager la douleur, sont au cœur d’une crise de santé publique liée à la dépendance aux médicaments. Cette crise des opioïdes, qui a déjà fait des ravages aux États-Unis, menace aujourd’hui la France. L’ANSM entend donc anticiper cette dérive en imposant un cadre plus strict pour ces médicaments.
Les pharmaciens seront en première ligne pour s’assurer du respect de ces nouvelles règles, en vérifiant notamment que les ordonnances remplies après le 1er décembre respectent bien les critères de sécurité. En revanche, « les prescriptions établies avant cette date resteront valables jusqu’à leur terme », précise le communiqué.
La mise en place d’une ordonnance sécurisée pour la prescription des opioïdes à compter du 1er décembre marque une nouvelle étape dans la lutte contre les abus et la falsification de ces médicaments. En encadrant de manière plus stricte la vente du tramadol et de la codéine, les autorités espèrent réduire les risques de dépendance tout en sécurisant leur utilisation. Pour Philippe Vella, l’objectif est clair : « Nous devons protéger les patients tout en prévenant les dérives. »