L’assassinat de Philippine, jeune femme de 19 ans, dans le bois de Boulogne, suscite une vive émotion et met en cause l’efficacité de la justice française. Didier Migaud, ministre de la Justice, a réagi avec fermeté face aux accusations de laxisme, tout en reconnaissant des pistes d’amélioration.
Le meurtre de Philippine, une jeune femme de 19 ans, retrouvée sans vie dans le bois de Boulogne à Paris, continue de choquer la France. Ce vendredi 27 septembre, sur les ondes de France Inter, Didier Migaud, ministre de la Justice, a réagi aux critiques qui se multiplient, notamment sur le supposé « laxisme » du système judiciaire. Le principal suspect, un homme de 22 ans, faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a été interpellé en Suisse. Un drame qui interroge sur l’efficacité des procédures en place.
« Un sentiment d’échec » : la réaction de Didier Migaud
Interrogé sur cette affaire tragique, Didier Migaud s’est expliqué clairement. « Bien évidemment que ce crime est odieux, bien évidemment que Philippine n’aurait pas dû mourir », a-t-il déclaré d’emblée. Le ministre de la Justice a exprimé un « sentiment d’échec », tout en assurant que la justice allait faire son travail pour que « de telles situations ne restent pas impunies ».
Le garde des Sceaux a reconnu la gravité des faits et a indiqué qu’il travaillera en étroite collaboration avec le ministère de l’Intérieur pour examiner les dysfonctionnements éventuels. « Ça sera de ma responsabilité, avec le ministère de l’Intérieur, et l’arbitrage du Premier ministre, par rapport à un certain nombre de propositions que nous pourrons lui formuler », a-t-il expliqué, avant d’ajouter qu’il est prêt à revoir l’arsenal juridique si nécessaire.
Critiques politiques : entre émotion et efficacité
Face aux critiques d’une partie de la classe politique, qui dénonce un « laxisme » de la justice, Didier Migaud a toutefois appelé à la prudence. Il s’est dit réticent à l’idée de légiférer sous l’effet de l’émotion, malgré l’ampleur de l’indignation. « Je comprends que l’émotion est telle qu’elle submerge tous les discours objectifs », a-t-il confié, insistant sur le fait que « le temps de la justice n’est pas le temps de l’émotion ».
Cette mise en garde vise à rappeler que les décisions judiciaires doivent s’appuyer sur des faits concrets, et non sur la pression populaire. Migaud a promis de « regarder si les procédures sont adaptées », en concertation avec son collègue de l’Intérieur, mais a exclu toute réforme précipitée : « Il est essentiel de ne pas légiférer à chaud ».
Rétablir la confiance des citoyens dans la justice
Au-delà de ce drame, Didier Migaud a évoqué un enjeu plus large : celui de la confiance des citoyens dans l’institution judiciaire. « Je déplore cette défiance croissante envers la justice », a-t-il admis. Pourtant, selon lui, des progrès significatifs ont été accomplis, notamment en ce qui concerne l’exécution des peines et l’augmentation du nombre de détenus. Des avancées qu’il juge cependant « inentendables pour le citoyen », tant la perception du grand public demeure critique.
« À moi de faire en sorte que cette confiance soit plus forte », a souligné le ministre, insistant sur la nécessité de s’appuyer sur des « données objectives » pour évaluer le travail de la justice, plutôt que sur des impressions ou des cas isolés.
Une justice sous pression, mais déterminée
Pour conclure, Didier Migaud a réaffirmé son engagement inébranlable à défendre l’État de droit et l’indépendance des magistrats, tout en reconnaissant que des dysfonctionnements peuvent parfois survenir. « Je serai toujours le défenseur de l’État de droit, toujours le défenseur de la justice, toujours le défenseur des magistrats », a-t-il affirmé, tout en garantissant que les manquements éventuels seraient pris en compte.