Le député et maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, est dans la tourmente après l’ouverture d’une enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêts, à la suite de soupçons portant sur l’attribution irrégulière de logements de fonction à deux de ses collaborateurs, une affaire qui soulève des questions sur la gestion des biens publics dans la commune.
Le député Les Républicains (LR) et maire de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun, est visé par une enquête préliminaire pour prise illégale d’intérêts. Le parquet de Créteil a confirmé, le 26 septembre, l’ouverture de cette procédure, qui fait suite à des soupçons concernant l’attribution de logements appartenant à un syndicat intercommunal à deux de ses collaborateurs. Cette enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), met en lumière de potentielles irrégularités dans la gestion des biens publics.
Des logements au cœur des accusations
Selon le parquet de Créteil, Vincent Jeanbrun est accusé d’avoir attribué des logements de fonctions à son directeur de cabinet et à son chef de cabinet, en 2017 et 2021. Ces logements, situés à Chevilly-Larue, sont des maisons de 150 m² louées à des tarifs jugés bien inférieurs au prix du marché : 700 euros par mois, un montant cinq fois inférieur aux prix habituels pour des biens de cette taille dans cette zone, selon les informations fournies par l’association Anticor.
Ces logements appartiennent au syndicat intercommunal des cimetières, mais, selon l’association anticorruption, les bénéficiaires n’en étaient pas membres, ce qui rendrait cette attribution irrégulière. Anticor a dénoncé ce qu’elle considère comme une utilisation abusive de ces biens publics, pointant également du doigt le règlement du syndicat qui aurait été enfreint.
Des factures payées par la mairie
Outre l’attribution des logements, les factures d’électricité de ces collaborateurs, qui s’élèveraient à 45 000 euros, ont été réglées par la mairie, ce qui, selon Anticor, pourrait constituer un détournement de fonds publics. Ces éléments, combinés aux loyers anormalement bas, renforcent les soupçons de concussion et de prise illégale d’intérêts qui pèsent sur Vincent Jeanbrun.
L’enquête, ouverte depuis le 2 septembre, fait suite à un signalement déposé mi-juillet par Anticor, association reconnue pour ses actions en faveur de la transparence et de la lutte contre la corruption. L’association a pris la décision d’alerter les autorités après avoir réuni des preuves suggérant une violation des règles de gestion des biens immobiliers publics.
La défense de Vincent Jeanbrun
Face à ces accusations, Vincent Jeanbrun se défend en affirmant que la pratique d’attribution de logements était déjà en vigueur avant son arrivée à la mairie de L’Haÿ-les-Roses. Selon lui, il avait le mandat du conseil syndical pour signer les baux relatifs aux biens immobiliers du syndicat intercommunal.
Dans des déclarations faites à Mediapart, Jeanbrun a affirmé que les décisions prises étaient conformes à ce mandat, tout en se disant surpris par les accusations portées à son encontre. Il a par ailleurs déclaré qu’il avait toujours agi dans le cadre des règles qui régissent le fonctionnement du syndicat.
L’enquête préliminaire se poursuit sous l’égide de la BRDE, avec pour objectif de faire la lumière sur les conditions d’attribution des logements et sur l’éventuelle responsabilité du maire de L’Haÿ-les-Roses dans cette affaire.