Lors de la séance d’ouverture de la première édition du Forum méditerranéen de la décarbonation « DecarboMed », qui s’est tenue les 24 et 25 septembre 2024 à Tunis, M. Néji Ghandri, Président du Conseil bancaire et financier (CBF), a souligné le rôle crucial des banques dans la transition énergétique. « En soutenant la transition énergétique, les banques peuvent accélérer l’adoption des technologies bas-carbone et des pratiques durables tout en minimisant les risques économiques liés aux changements climatiques », a-t-il déclaré.
Organisé sous le haut patronage du chef du gouvernement, M. Kamel Maddouri, le Forum « DecarboMed » a réuni des acteurs clés du secteur énergétique et financier. Parrainé par l’ANME (Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie), en partenariat avec l’UTICA, la GIZ et le PNUD, l’événement a été marqué par des débats sur les enjeux de la transition énergétique, un thème d’actualité à l’heure où la Tunisie s’engage dans des efforts de réduction de son empreinte carbone.
Avec des émissions annuelles de près de 50 millions de tonnes de CO2, principalement issues des secteurs énergétique et industriel, la Tunisie doit impérativement se tourner vers des solutions durables. M. Ghandri a mis l’accent sur la nécessité pour le secteur financier de se positionner comme moteur de cette transformation, en mobilisant des ressources significatives pour soutenir des projets verts.
Une taxe carbone pour 2026
Dans une déclaration qui a fait écho dans le monde économique, le président du CBF a proposé l’introduction d’une taxe carbone, prévue pour 2026 sur les exportations vers l’Union européenne. « Cette taxe permettrait non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de générer des ressources pour financer la transition énergétique », a précisé M. Ghandri. Il a également mentionné l’importance des financements bancaires adaptés pour permettre aux entreprises de se conformer aux nouvelles réglementations environnementales et d’investir dans des technologies vertes.
Des produits financiers innovants
Au cours de la deuxième journée du Forum, lors d’une session qu’il présidait, M. Ghandri a réitéré l’importance d’offrir des produits financiers adaptés aux besoins des entreprises souhaitant s’engager dans la décarbonation. « Nous avons conçu des solutions de financement intégrées pour aider les entreprises à maîtriser leur consommation d’énergie et à adopter des processus d’économie d’énergie », a-t-il déclaré.
L’accompagnement des entreprises passe également par la formation des cadres bancaires et financiers, un aspect jugé essentiel pour la réussite de la transition. « Les banques font des efforts colossaux pour convaincre leurs clients d’aller vers la décarbonation », a-t-il ajouté, tout en appelant le gouvernement à poursuivre ses réformes, notamment par la création d’une agence foncière dédiée aux énergies renouvelables.
Vers un financement durable
Parmi les recommandations du Forum figure l’introduction de mécanismes incitatifs plus efficaces pour encourager les investissements dans des infrastructures durables. L’intégration des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans les stratégies d’investissement a été fortement encouragée. Ces critères, de plus en plus adoptés à l’échelle internationale, sont perçus comme un levier incontournable pour orienter les capitaux vers des projets respectueux de l’environnement.
Le développement d’outils financiers innovants, tels que les solutions de financement hybride et les obligations vertes, a également été au cœur des discussions. « Le lancement du premier emprunt obligataire adossé à des obligations vertes est prévu d’ici la fin de l’année », a annoncé M. Ghandri, confirmant ainsi la volonté des institutions bancaires de s’engager davantage en faveur de la finance durable.
Une coordination nécessaire
L’un des points clés soulevés durant le Forum est la nécessité d’une coordination entre les différents acteurs – banques, bailleurs de fonds internationaux, autorités publiques et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Cette coopération est jugée essentielle pour atteindre les objectifs de décarbonation fixés par le gouvernement tunisien et ses partenaires internationaux.
Le Forum s’est conclu par un appel à l’action de toutes les parties prenantes, afin de garantir que les engagements pris se traduisent en mesures concrètes pour la transition énergétique.