- Carole Delga a rassemblé plus de 2000 personnes à Bram ce week-end, offrant un nouvel élan à une gauche en quête de renouveau.
- Entourée de figures politiques majeures, la présidente de la région Occitanie a lancé un appel à la reconstruction de la social-démocratie.
Ce samedi, la petite ville de Bram (Aude), nichée entre Toulouse et Carcassonne, a été le théâtre d’un important rassemblement politique. À l’initiative de Carole Delga, présidente socialiste de la région Occitanie, un peu plus de 2000 personnes se sont réunies pour participer à un événement aux allures de relance pour la gauche. Des figures politiques majeures étaient présentes, telles que Raphaël Glucksmann, François Hollande, Bernard Cazeneuve, ou encore Benoît Payan, maire de Marseille.
L’horizon de 2027 dans toutes les têtes
L’enjeu principal du rassemblement était clair : la présidentielle de 2027 se profile, et le centre-gauche, affaibli depuis plusieurs années, commence à se réorganiser pour peser à nouveau sur la scène politique. Cet événement à Bram s’inscrit dans un contexte où plusieurs personnalités politiques de la gauche modérée se sont récemment exprimées dans les médias, signifiant ainsi un retour en force des débats internes au camp social-démocrate.
Carole Delga, qui s’affiche de plus en plus comme une figure de proue du renouveau de la gauche réformiste, a ainsi appelé à un sursaut. « C’est le réveil de la gauche du courage, de la gauche de gouvernement », a-t-elle déclaré devant une audience attentive. À ses côtés, Raphaël Glucksmann, fondateur de Place publique et eurodéputé, s’est également imposé comme l’une des voix essentielles de ce renouveau.
Raphaël Glucksmann, le travailleur de l’ombre
Dans une interview donnée à Libération le 27 septembre, Glucksmann a partagé son ambition de reconstruire une gauche « sociale, européenne, humaniste, écologiste et féministe ». Conscient des défis, il a évoqué les nombreuses tâches ingrates qui l’attendent : « Il faut renouveler la doctrine, former des cadres, des militants. »
Glucksmann ne cache pas son admiration pour la méthode de travail de Jean-Luc Mélenchon et son mouvement La France insoumise (LFI). « LFI a produit un travail que les autres forces politiques n’ont pas produit. Ils ont une vision étayée, cohérente », a-t-il expliqué, tout en critiquant la dérive radicale du mouvement. « Citer trois fois Rosa Luxembourg en jouant à plus à gauche que moi, tu meurs, ça peut marcher dans une AG mais pas dans la population », a-t-il averti.
Pour se démarquer et casser son image d’intellectuel parisien déconnecté, Raphaël Glucksmann prévoit de se lancer dans un tour de France, une manière pour lui de renouer avec des territoires qu’il connaît mal. « Je veux briser la glace et aller à la rencontre de gens qu’on n’écoute pas assez », confie-t-il. Ce travail de terrain vise également à répondre aux critiques qui l’accusent d’élitisme, une étiquette qui colle souvent à la peau des dirigeants parisiens.
François Hollande, le retour discret
Parmi les autres intervenants de poids, François Hollande a profité de la sortie de son dernier livre Le Défi de gouverner pour effectuer un retour médiatique remarqué. L’ancien chef de l’État a martelé la nécessité pour la gauche de se recentrer autour d’une ligne réformiste : « La gauche radicale a montré ses limites. Seule une gauche réformiste peut gouverner », a-t-il déclaré, prônant une forme de pragmatisme à rebours de la radicalité prônée par Mélenchon.
Redevenu député de la Corrèze, Hollande, fort de son expérience présidentielle, continue de participer au débat public et s’impose comme un des piliers d’une gauche qui cherche à se reconstruire.
Bernard Cazeneuve et « La Convention »
De son côté, Bernard Cazeneuve, ancien ministre de l’Intérieur, s’efforce lui aussi de redéfinir sa place sur la scène politique. Sa création du mouvement La Convention au printemps 2023 en est la preuve. L’objectif est clair : fédérer une partie des macronistes déçus et l’électorat socialiste. Cazeneuve, tout comme Delga et Glucksmann, se positionne en opposition directe avec Jean-Luc Mélenchon, dont l’influence sur la gauche reste considérable.
L’ancien ministre a confirmé qu’il poursuivra son tour de France, continuant de rencontrer ses soutiens à travers le pays.
Carole Delga : la gauche et la France rurale
Pour Carole Delga, ce rassemblement a également permis de recentrer le discours de la gauche sur les préoccupations du quotidien. Très attachée à la France rurale, souvent délaissée par les grands partis, elle a insisté sur la nécessité d’un changement de politique agricole : « Il faut que la PAC (politique agricole commune) serve enfin les petits agriculteurs et non les grandes industries », a-t-elle affirmé, une position largement partagée par Raphaël Glucksmann.
Delga a aussi mis l’accent sur l’importance de ne pas négliger les banlieues, et notamment les problèmes criants dans les lycées du 93, où le manque de professeurs est particulièrement alarmant.
« On doit répondre aux questions que l’Europe ne traitait pas jusqu’à présent », a ajouté Raphaël Glucksmann, citant notamment le logement et l’énergie comme des priorités. Ces domaines impactent directement le pouvoir d’achat des citoyens et doivent, selon lui, devenir des thèmes centraux de la campagne à venir.
Malgré ces initiatives, le chemin reste semé d’embûches pour une gauche en pleine reconstruction. Comme le souligne Glucksmann, « le Front républicain des dernières élections a montré ses limites ». La tâche qui attend ces dirigeants est immense, mais la volonté de rééquilibrer et élargir la base de la gauche est palpable.
