- Une frappe aérienne israélienne a touché le cœur de Beyrouth, causant la mort de plusieurs membres du FPLP et marquant une nouvelle escalade des tensions dans le conflit avec le Hezbollah.
- Israël a mené une frappe sans précédent sur Beyrouth intra-muros, faisant plusieurs victimes et attisant les craintes d’une intervention terrestre imminente.
Dans la nuit de dimanche à lundi, un immeuble résidentiel en plein cœur de Beyrouth a été frappé par un raid aérien israélien, causant la mort de quatre personnes, dont trois membres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), selon les autorités locales. Cette attaque marque la première incursion israélienne au cœur de la capitale libanaise depuis l’ouverture du front par le Hezbollah le 7 octobre.
« C’est la première fois qu’Israël frappe Beyrouth intra-muros depuis le début de l’offensive, » a déclaré une source sécuritaire libanaise. Jusqu’ici, l’armée israélienne avait concentré ses attaques sur la banlieue sud de la ville, bastion du Hezbollah. L’attaque a ciblé un appartement appartenant à la Jamaa Islamiya, un groupe islamiste sunnite libanais allié du Hezbollah, qui a intensifié son soutien au mouvement chiite dans sa lutte contre Israël.
Une offensive israélienne renforcée
L’armée israélienne, confrontée à une intensification des tirs de roquettes depuis le nord du Liban, semble avoir franchi un nouveau seuil dans l’escalade militaire. Selon les déclarations de Benyamin Nétanyahou, l’objectif d’Israël est clair : « Sécuriser la frontière nord du pays et permettre aux habitants de rentrer chez eux en toute sécurité, à l’abri des roquettes du Hezbollah. »
Cette frappe intervient dans un contexte de tensions croissantes. Depuis la mort du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une frappe israélienne vendredi dernier, Israël affirme avoir éliminé plusieurs dirigeants du groupe chiite. « Nous avons atteint un tournant historique dans notre lutte contre nos ennemis, » a déclaré Nétanyahou dimanche, soulignant la volonté israélienne de poursuivre les bombardements intensifs.
Situation humanitaire alarmante
La frappe a eu lieu alors que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, était en visite à Beyrouth, marquant le premier déplacement d’un haut diplomate occidental dans le pays depuis l’intensification des hostilités. « Nous condamnons toute attaque contre des civils et appelons au calme, » a-t-il déclaré aux journalistes, appelant à la reprise du dialogue pour éviter une escalade incontrôlée dans la région.
La situation humanitaire au Liban est devenue critique. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 100 000 personnes ont fui vers la Syrie pour échapper aux frappes israéliennes. Ce chiffre a doublé en l’espace de deux jours, une preuve de l’intensification des bombardements. Le ministère libanais de la Santé a également confirmé qu’au moins 105 personnes ont perdu la vie et 359 ont été blessées dans les frappes de dimanche, principalement dans les bastions du Hezbollah.
« L’exode s’intensifie et les civils paient un lourd tribut, » a déclaré Filippo Grandi, commissaire de l’ONU, dans un message publié sur le réseau social X (anciennement Twitter). Le Liban, déjà fragilisé par des années de crise économique et politique, fait face à une nouvelle vague de déplacés et une aggravation de la situation humanitaire.
Une offensive terrestre envisagée ?
Sur le terrain militaire, Israël pourrait ne pas se limiter aux frappes aériennes. Des troupes israéliennes sont massées près de la frontière avec le Liban, et une offensive terrestre est de plus en plus évoquée. « Vos bottes vont bientôt fouler le territoire ennemi, » a déclaré le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, à ses troupes dans une vidéo diffusée par la télévision israélienne. Cette démonstration de force semble préparer le terrain pour une incursion terrestre à grande échelle.
Cependant, des experts militaires restent prudents quant aux perspectives d’une invasion. Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française à l’ONU, a déclaré sur France 24 : « Le terrain est vaste, plus difficile à conquérir, et le Hezbollah est une force mieux organisée et plus expérimentée qu’en 2006. Cela pourrait devenir un véritable guêpier pour l’armée israélienne. »
Une diplomatie dépourvue de contraintes et d’issues
Sur le plan diplomatique, Israël continue de bénéficier d’un soutien occidental tacite. Pour Jean-Paul Chagnollaud, président de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo), « Nétanyahou se trouve dans une position qui lui permet d’établir un rapport de force sans limite. Ni les Américains, ni les Européens, ni même les Nations unies ne lui imposent de contraintes. » Mais Chagnollaud souligne également que ce rapport de force ne pourra être durable sans un retour au dialogue. « La vraie question est de savoir comment on sécurise une frontière. Le rapport de force est une chose, mais il doit être accompagné de négociations diplomatiques, » explique-t-il sur les ondes de francenfo.
Cette absence de perspectives diplomatiques inquiète. L’ancien ministre des Affaires étrangères français, Hubert Védrine, a déclaré sur LCI : « Nétanyahou ne veut pas de solution à deux États. Il a un intérêt dans une escalade, car cela lui permet de repousser l’idée même de la création d’un État palestinien. C’est le but de sa vie qu’il n’y ait jamais un État palestinien. »