- Le Premier ministre s’apprête à dévoiler sa déclaration de politique générale dans un contexte budgétaire particulièrement tendu.
- Entre réduction des dépenses et pression fiscale, l’exécutif doit trouver un équilibre pour redresser les comptes publics.
Ce mardi 1er octobre, le Premier ministre dévoilera devant l’Assemblée nationale les grandes orientations de sa politique générale. Un exercice périlleux, tant le contexte économique et politique s’avère délicat. Avec un déficit public qui pourrait atteindre 6 % du PIB cette année, loin des 5,1 % anticipés par le précédent gouvernement, l’équation budgétaire est plus complexe que jamais.
Un défi budgétaire sans précédent
En poste depuis à peine trois semaines, le chef du gouvernement se retrouve contraint de manœuvrer dans un cadre financier extrêmement tendu. Samedi, lors de sa première sortie officielle au congrès des sapeurs-pompiers à Mâcon, il n’a pas caché l’ampleur du défi : « Ce que je trouve, je le dis sans polémique, est extrêmement grave », a-t-il déclaré, en référence au dérapage des comptes publics.
Selon Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, le Premier ministre est confronté au « budget le plus difficile à élaborer depuis des décennies ». Un jugement sévère qui résume bien l’urgence de la situation. Avec un déficit abyssal, la question cruciale reste : comment renflouer les caisses de l’État sans alourdir davantage le fardeau fiscal des Français ?
Réduction des dépenses : la ligne directrice
Pour répondre à cette crise budgétaire, le gouvernement a choisi de prioriser la baisse des dépenses publiques. Le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, se veut clair : des coupes pourraient être opérées dans les 492 milliards d’euros prévus par le précédent gouvernement. De plus, les 16,5 milliards d’euros de crédits gelés pour 2024 pourraient être tout ou partie annulés, signe d’une rigueur budgétaire sans précédent.
Toutefois, la question de l’impôt reste sensible. Le Premier ministre et son équipe martèlent que les hausses d’impôts, si elles doivent avoir lieu, seront ciblées et temporaires. « La priorité est de baisser les dépenses publiques », insiste Laurent Saint-Martin, qui n’exclut cependant pas des efforts supplémentaires demandés aux plus aisés.
Une taxation temporaire des grandes entreprises envisagée
Dans cette perspective, Pierre Moscovici s’est dit favorable à une surtaxe temporaire des grands groupes. Une mesure qui pourrait générer des recettes supplémentaires, tout en préservant les ménages les plus modestes. Cependant, Charles de Courson, rapporteur général du budget, met en garde contre une taxation trop large : « Certaines grandes entreprises sont très rentables, mais d’autres le sont beaucoup moins, et une partie de leurs bénéfices est réalisée à l’étranger », a-t-il rappelé au micro de franceinfo.
De Courson, tout comme d’autres figures de la majorité, insiste sur la nécessité de concentrer les efforts sur la réduction des dépenses plutôt que sur de nouvelles augmentations fiscales. « Nous sommes déjà le peuple le plus imposé d’Europe », déclare-t-il, soulignant que toute hausse d’impôt doit être guidée par un souci de solidarité envers les plus fortunés.
Opposition à une hausse des impôts
La question de l’impôt est d’ailleurs au cœur des débats politiques. Gérald Darmanin a averti ce week-end que toute augmentation fiscale pourrait fracturer la majorité. « Nous serons nombreux à ne pas pouvoir soutenir un gouvernement qui augmenterait les impôts », a-t-il déclaré lors de son discours à Tourcoing, envoyant un message clair au Premier ministre.
Cette prise de position fait écho à la fronde d’une trentaine de députés de l’aile droite, qui ont publié une tribune dénonçant une éventuelle hausse d’impôts comme « impensable ». Ce climat d’incertitude et de division complique considérablement la tâche du locataire de Matignon, qui doit naviguer entre rigueur budgétaire et compromis politique.
La pression de Marine Le Pen
Parallèlement à la pression interne, le Premier ministre doit également composer avec l’opposition de Marine Le Pen. Si le Rassemblement national n’a pas encore déposé de motion de censure, la cheffe de file de l’extrême droite a laissé entendre que son parti pourrait agir en fonction du budget proposé. « Le fait de ne pas avoir posé de censure préalable ne nous prive pas de la possibilité […] de voter une censure si nous considérons que le peuple français est bafoué dans ses intérêts supérieurs », a-t-elle déclaré mi-septembre dans les colonnes du Parisien.
Une présentation déterminante
À l’aube de cette présentation devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre doit réussir l’exercice d’équilibriste entre réduction des dépenses et concessions fiscales limitées. Sa déclaration de politique générale sera scrutée de près par la majorité, l’opposition et l’opinion publique. Si elle permettait d’esquisser les grandes orientations du gouvernement pour les mois à venir, elle devrait aussi rassurer sur la capacité de l’exécutif à gérer une situation budgétaire sans précédent.
Dans ce contexte tendu, l’intervention du Premier ministre ce 1er octobre s’annonce déterminante pour l’avenir de son mandat.