9.6 C
Paris
samedi, octobre 5, 2024
AccueilActualitéFemmes gagnant plus que leur partenaire : un risque accru de séparation,...

Femmes gagnant plus que leur partenaire : un risque accru de séparation, selon l’Ined

Date:

  • Une étude de l’Ined révèle que les couples où la femme gagne plus que son conjoint sont davantage exposés au risque de séparation.

Les couples où la femme gagne plus que son conjoint seraient plus susceptibles de se séparer. C’est ce que révèle une étude inédite de l’Institut national d’études démographiques (Ined), publiée lundi 30 septembre. Selon cette enquête, un phénomène en nette progression pourrait fragiliser les unions traditionnelles en France : en 2017, une femme sur quatre en âge de travailler avait un revenu supérieur à celui de son partenaire masculin, contre une sur cinq en 2002.

Un nouveau rapport de force économique

L’étude met en lumière un changement profond dans les dynamiques financières au sein des couples hétérosexuels. Avec l’augmentation du niveau d’éducation des femmes et leur émancipation financière, il devient de plus en plus fréquent que ce soit elles qui apportent la plus grande part des revenus du ménage. Toutefois, ce renversement des rôles économiques semble s’accompagner de tensions au sein du couple.

Lorsque la femme génère plus de 55 % des revenus totaux du couple, le risque de séparation augmente sensiblement. Selon les chercheurs de l’Ined, la probabilité de rupture est alors 11 % plus élevée que dans les couples où les revenus sont équitablement répartis. Et plus la contribution féminine aux finances du ménage est importante, plus ce risque augmente, atteignant jusqu’à 40 % dans certains cas.

L’influence des normes traditionnelles

Le constat est frappant : les couples où l’homme reste le principal soutien financier apparaissent plus stables, notamment dans le cadre du mariage. Malgré les évolutions sociales, les normes traditionnelles continuent de peser lourdement sur les relations conjugales. Cette tendance est particulièrement marquée dans les couples mariés, où le fait que l’homme soit le pourvoyeur principal des ressources semble favoriser la stabilité.

Les unions où les revenus sont partagés de manière plus équilibrée apparaissent plus solides chez les couples pacsés ou en union libre. Ces derniers, en dehors des attentes traditionnelles, sont moins affectés par les écarts de revenus. Cependant, le mariage reste fortement ancré dans un modèle où l’homme est perçu comme la figure économique dominante.

Une autonomie financière libératrice ?

Mais au-delà des normes sociales, une autre explication est avancée par les auteurs de l’étude : les femmes financièrement plus aisées que leur conjoint seraient plus enclines à envisager la rupture, car elles disposent des moyens économiques pour subvenir à leurs besoins de manière autonome. Contrairement aux générations précédentes, où la dépendance financière vis-à-vis du mari était souvent un frein à la séparation, les femmes modernes peuvent aujourd’hui s’affranchir de cette contrainte.

Cette tendance s’observe dans l’ensemble de la population étudiée. L’enquête, qui repose sur les données de l’échantillon démographique permanent (EDP), a suivi près d’un million de couples entre janvier 2011 et janvier 2017. Durant cette période, plus de 95 000 séparations ont été enregistrées. Parmi ces couples, dans 13,7 % des cas, c’était la femme qui était la principale source de revenus, un chiffre encore relativement faible mais en nette augmentation.

Des inégalités de genre toujours présentes

Cependant, bien que certaines femmes dépassent désormais leur partenaire en termes de revenus, les inégalités salariales entre hommes et femmes demeurent largement présentes. Fin 2023, la Commission européenne soulignait que les femmes dans l’Union européenne gagnent encore 13 % de moins que les hommes en moyenne. Autrement dit, pour chaque euro gagné par un homme, une femme ne touche que 0,87 euro.

Face à ce constat, une directive européenne adoptée en 2023 vise à réduire cet écart, mais plusieurs États membres n’ont pas encore transposé ces mesures dans leur législation nationale.

Un modèle évolutif mais toujours fragile

L’étude de l’Ined met en lumière l’émergence d’un nouvel équilibre au sein des couples, vers une plus grande égalité des revenus. Cependant, cet équilibre reste fragile. Les normes traditionnelles, malgré leur affaiblissement chez les jeunes générations, continuent de conditionner la perception de la stabilité conjugale.

Pour les couples où la femme devient la principale pourvoyeuse de revenus, les défis sont multiples. D’un côté, les normes sociales persistent, rendant difficile la déviation du modèle traditionnel de l’homme soutien de famille. De l’autre, l’indépendance financière des femmes redessine les contours des relations conjugales, ouvrant la voie à des séparations plus fréquentes mais aussi à une plus grande autonomie individuelle.

En somme, si l’émancipation financière des femmes est un signe de progrès, elle révèle également les tensions encore présentes dans la répartition des rôles économiques au sein du couple, même dans un pays comme la France, où les politiques en faveur de l’emploi féminin sont relativement développées.

Les plus populaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici