13.2 C
Paris
jeudi, octobre 3, 2024
AccueilActualitéPrécarité des séniors : près de 2 millions de Français de plus...

Précarité des séniors : près de 2 millions de Français de plus de 60 ans vivent sous le seuil de pauvreté

Date:

  • En France, près de deux millions de séniors vivent sous le seuil de pauvreté, une situation alarmante révélée par l’association Les Petits frères des pauvres en 2024.
  • La précarité des personnes âgées ne cesse de croître, mettant en lumière des inégalités frappantes et un isolement social grandissant.

La situation des séniors en France est de plus en plus préoccupante. En 2024, près de deux millions de personnes âgées de plus de 60 ans vivent sous le seuil de pauvreté, selon un rapport publié ce lundi 30 septembre par l’association Les Petits frères des pauvres. Cette précarité croissante, alimentée par des pensions insuffisantes et l’isolement social, fait craindre une aggravation des inégalités chez les plus âgés.

Une pauvreté qui progresse parmi les séniors

Les chiffres sont sans appel. D’après l’étude de Les Petits frères des pauvres, 10,6 % des personnes âgées de 65 à 74 ans vivaient sous le seuil de pauvreté en 2022, contre 7,5 % cinq ans plus tôt. Si la population âgée reste globalement moins touchée par la pauvreté que la population générale (14,4 %), la tendance est à la hausse, et ce, malgré les dispositifs d’aide existants.

Le seuil de pauvreté monétaire est actuellement fixé à 1 216 euros par mois pour une personne seule et 1 824 euros pour un couple. Mais pour de nombreux séniors, joindre les deux bouts reste un défi quotidien. Selon des entretiens menés par l’association auprès de personnes âgées en difficulté, 31 % d’entre elles peinent à régler les factures du quotidien.

« Les chiffres montrent que vivre à deux protège de la pauvreté », souligne l’étude. Ainsi, 18,8 % des séniors vivant seuls sont en situation de précarité, contre seulement 6,4 % de ceux vivant en couple.

Les femmes, premières victimes de la précarité

 Si la pauvreté touche toutes les catégories de séniors, ce sont les femmes qui en souffrent le plus. Avec une espérance de vie plus longue et des pensions souvent plus faibles que celles des hommes, elles sont particulièrement vulnérables.

« Ce fossé entre hommes et femmes s’explique par les parcours professionnels souvent plus fragmentés des femmes âgées », explique Yves Lasnier, délégué général de Les Petits frères des pauvres. « Beaucoup ont travaillé à temps partiel pour s’occuper des enfants, ou ont interrompu leur carrière pour suivre leur conjoint lors de mutations professionnelles. »

Divorces, séparations et veuvages viennent aggraver cette précarité, laissant de nombreuses femmes seules face à des difficultés financières croissantes.

Isolement et privations : la double peine

La pauvreté ne s’arrête pas à la seule dimension financière. Elle engendre également un isolement social, particulièrement fort chez les séniors. Quatre personnes âgées sur dix ont renoncé à des activités telles que sortir au restaurant, partir en vacances ou encore inviter des proches. Pour un quart des sondés, les déplacements ont même été limités au strict minimum au cours des 12 derniers mois.

Paradoxalement, malgré ces privations, beaucoup de personnes âgées ne se considèrent pas comme pauvres. « Être pauvre, c’est autre chose », confie l’une des personnes interrogées. « Ce mot est trop fort, même si je dois calculer chaque dépense. »

Plus d’une personne sur deux n’a pas recours aux aides sociales, soit par manque d’information, soit en raison de la complexité des démarches. « Les trois quarts des séniors interrogés déclarent être mal à l’aise avec les procédures en ligne », précise l’association.

Vers une pauvreté future accrue ?

L’association Les Petits frères des pauvres alerte également sur la précarité future des jeunes générations. Avec l’augmentation du nombre d’auto-entrepreneurs et les difficultés d’accès à la propriété, les risques de pauvreté au grand âge se multiplient. « Les conditions de travail actuelles préparent une génération de retraités précaires », avertit Yves Lasnier.

Afin de prévenir cette précarité, l’association propose la création d’un rendez-vous spécifique pour les assurés dont la retraite serait estimée en dessous du seuil de pauvreté, afin d’anticiper les difficultés à venir.

La solidarité à la source, une lueur d’espoir

Une des mesures phares pour réduire la pauvreté chez les séniors pourrait être la « solidarité à la source », un projet porté par Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle de 2022. Cette réforme, qui doit entrer en phase de test dès octobre 2024 dans cinq CAF (Caisses d’allocations familiales), vise à attribuer automatiquement les aides sociales aux bénéficiaires en fonction de leurs revenus déclarés, sans qu’ils aient à entreprendre de démarches complexes.

D’ici mars 2025, le dispositif sera généralisé à toutes les CAF et MSA (Mutualité sociale agricole) pour les bénéficiaires du RSA et de la prime d’activité. L’objectif est de lutter contre le non-recours aux aides sociales, un phénomène qui touche particulièrement les personnes âgées.

Relever le minimum vieillesse : une demande urgente

Enfin, Les Petits Frères des Pauvres demandent une revalorisation du minimum vieillesse, actuellement fixé à 1 012 euros par mois. « Il est indispensable de l’aligner sur le seuil de pauvreté, soit 1 216 euros, pour permettre aux personnes âgées de vivre dignement », estime l’association.

Le coût de cette mesure est estimé à 2 milliards d’euros par an, une somme conséquente mais nécessaire pour répondre à l’urgence sociale que représente la pauvreté des séniors.

 

Les plus populaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici