- Marine Le Pen et 26 autres prévenus sont jugés pour détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires du RN.
- Le procès s’ouvre ce lundi à Paris, mettant en lumière un scandale financier qui pourrait secouer le Rassemblement national.
Ce lundi 30 septembre, s’ouvre à Paris un procès crucial pour le Rassemblement national (RN). Marine Le Pen, cheffe du parti d’extrême droite, ainsi que 26 autres personnes, sont jugées pour détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants parlementaires du RN au Parlement européen. Ce procès, qui se déroulera jusqu’au 27 novembre, pourrait avoir de lourdes répercussions pour la dirigeante et ses proches collaborateurs.
Un système de détournement présumé entre 2004 et 2016
Marine Le Pen et les autres prévenus sont accusés d’avoir détourné des fonds européens entre 2004 et 2016, en rémunérant des assistants parlementaires avec des enveloppes prévues pour le travail des eurodéputés, alors que ceux-ci auraient, en réalité, travaillé pour le RN. Les juges d’instruction soupçonnent le parti d’avoir mis en place un système délibéré et organisé, permettant de financer des employés du parti avec des fonds européens destinés à l’exercice de leur mandat parlementaire.
Le Parlement européen estime le préjudice à environ 6,8 millions d’euros pour la période allant de 2009 à 2017, une somme qui correspond aux rémunérations versées à ces assistants, dont une partie ne travaillait pas exclusivement pour les députés, mais aussi pour le parti.
En plus de Marine Le Pen, d’autres personnalités politiques de premier plan sont sur le banc des accusés. Parmi elles, Louis Aliot, maire de Perpignan, l’ancien numéro deux du parti Bruno Gollnisch, ainsi que Julien Odoul, porte-parole du RN. Nicolas Bay, vice-président exécutif du parti Reconquête et ancien membre du RN, fait également partie des prévenus. Au total, 11 anciens eurodéputés, 12 assistants parlementaires et 4 collaborateurs du parti doivent répondre des accusations portées contre eux.
Des années d’enquête
L’affaire remonte à mars 2015, lorsque le Parlement européen avait alerté l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) d’éventuelles irrégularités dans l’usage des fonds alloués aux assistants parlementaires du Front national (devenu RN). En 2016, l’enquête a été confiée à deux juges d’instruction financiers parisiens. En juin 2017, Marine Le Pen avait été mise en examen pour « abus de confiance » et « complicité », des chefs requalifiés plus tard en « détournement de fonds publics ».
Le RN est soupçonné d’avoir sciemment détourné une partie des 21 000 euros mensuels alloués à chaque eurodéputé pour rémunérer ses assistants. Ces employés, bien qu’officiellement attachés aux députés européens, auraient en réalité effectué des tâches directement liées aux activités internes du parti.
Marine Le Pen et le RN en position délicate
Si Marine Le Pen conteste fermement les accusations, le procès pourrait fragiliser sa position à un moment où elle tente de consolider son image en vue des élections européennes de 2024. Bien que la cheffe du RN ait accepté, en juillet dernier, de rembourser 330 000 euros au Parlement européen pour l’emploi de deux assistants lorsqu’elle était eurodéputée, son avocat a précisé que ce versement ne constitue « en aucune manière une reconnaissance de culpabilité ».
Les peines encourues pour détournement de fonds publics sont lourdes : jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, une amende qui peut atteindre 1 million d’euros pour les faits commis après 2013, et une possible peine d’inéligibilité qui pèserait comme une épée de Damoclès sur l’avenir politique des personnalités du RN impliquées.