L’armée israélienne a franchi une nouvelle étape dans son conflit avec le Hezbollah en lançant une offensive terrestre au sud du Liban. Alors que les appels internationaux à la désescalade se multiplient, l’incursion de Tsahal dans les villages libanais frontaliers marque une intensification des combats, suscitant l’inquiétude des puissances mondiales. Pendant ce temps, le Liban fait face à une grave crise humanitaire, avec des centaines de milliers de personnes déplacées par les frappes israéliennes.
Offensive terrestre limitée, mais ciblée
Mardi 1er octobre, Israël a officiellement annoncé que des troupes au sol avaient pénétré en territoire libanais pour combattre le Hezbollah. Dans un communiqué, l’armée israélienne a précisé que ces opérations, débutées la veille, sont « limitées » et « localisées », visant des « cibles et infrastructures terroristes » du Hezbollah, dans des villages proches de la frontière israélo-libanaise. Ces localités seraient, selon Tsahal, « une menace immédiate pour les communautés israéliennes du nord d’Israël ».
L’armée israélienne, qui avait intensifié ses bombardements sur le Liban au cours des derniers jours, n’a toutefois pas précisé le nombre de soldats impliqués dans cette incursion. Ces frappes aériennes ont touché plusieurs cibles dans le sud de Beyrouth, ainsi que le camp de réfugiés palestiniens de Sidon. Un responsable du camp a déclaré qu’une frappe visait la maison de Mounir Maqdah, un dirigeant présumé de la branche armée du Fatah au Liban. Il n’était pas clair si Maqdah se trouvait sur place au moment du raid.
Une opposition internationale croissante
L’incursion israélienne a provoqué de vives réactions sur la scène internationale. La Russie, la Chine et la Turquie ont immédiatement condamné l’assaut. Moscou a qualifié cette opération de « violation flagrante du territoire libanais » et a exhorté Israël à « cesser immédiatement les hostilités et retirer ses troupes ». Le ministère russe des Affaires étrangères a ajouté : « La Russie condamne fermement l’assaut contre le Liban et appelle les autorités israéliennes à s’engager dans une véritable recherche de voies pacifiques pour résoudre le conflit au Proche-Orient ».
Pékin s’est également opposé à « toute violation de la souveraineté du Liban », tandis qu’Ankara, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, a dénoncé « une tentative d’invasion illégale » et exigé le retrait immédiat des troupes israéliennes. Ces positions rejoignent celles des États-Unis et de la France, qui avaient déjà appelé, la veille, à un cessez-le-feu immédiat et à une solution diplomatique.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a publié un communiqué affirmant qu’il partage la conviction d’Israël concernant la « nécessité de démanteler les infrastructures » du Hezbollah pour garantir que le mouvement chiite libanais ne puisse pas mener « des attaques du type de celles du 7 octobre contre les communautés du nord d’Israël ». Toutefois, Austin a également rappelé l’importance d’une « résolution diplomatique » pour assurer la sécurité des civils « des deux côtés de la frontière ».
Le Hezbollah dément une incursion terrestre
Malgré l’annonce d’Israël, le Hezbollah a nié toute confrontation directe avec les troupes israéliennes. Dans un communiqué, le groupe armé chiite a affirmé qu’il n’y avait pas eu de « raids terrestres » israéliens, démentant ainsi les déclarations de Tsahal. Ce démenti soulève des questions sur la réalité de l’intensité des combats sur le terrain, alors que l’armée israélienne parle de « violents affrontements » dans le sud du Liban.
Tsahal a par ailleurs exhorté les civils libanais à éviter les déplacements dans la région sud « pour leur propre sécurité », accusant le Hezbollah d’utiliser les populations locales comme « boucliers humains ».
Une crise humanitaire de plus en plus alarmante
En parallèle, le Liban traverse l’une des pires crises humanitaires de son histoire récente. Les frappes israéliennes ont forcé un million de personnes à fuir leurs foyers, selon le Premier ministre libanais, Najib Mikati, qui a appelé la communauté internationale à fournir une aide d’urgence. L’ONU a lancé un appel de fonds de 426 millions de dollars pour répondre aux besoins immédiats des déplacés.
« Le Liban fait face à l’une des phases les plus dangereuses de son histoire », a averti Mikati lors d’un appel aux Nations unies. De nombreux pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, ont commencé à organiser l’évacuation de leurs ressortissants. La France, pour sa part, a envoyé un navire militaire au large des côtes libanaises par « précaution », en vue d’une éventuelle évacuation de ses 23 000 citoyens présents au Liban.
Un conflit qui menace de dégénérer
Malgré les appels répétés à la désescalade, la situation semble évoluer vers une intensification du conflit. La FINUL, la force d’interposition de l’ONU au Liban, a averti qu’une invasion terrestre de grande ampleur risquerait de provoquer des conséquences dramatiques pour la région. « Tout passage au Liban constitue une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban », a rappelé la FINUL.
Alors que les combats se poursuivent et que les acteurs internationaux tentent d’ouvrir des voies diplomatiques, l’évolution de la situation reste incertaine. Une chose est certaine : l’escalade actuelle met en péril la sécurité et la stabilité de toute la région du Proche-Orient, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour les civils pris au piège de ce conflit.