Parmi les priorités affichées par Michel Barnier, un chantier crucial : « le niveau de vie des Français ». Lors de sa déclaration de politique générale ce mardi à l’Assemblée nationale, il a notamment annoncé une revalorisation anticipée du SMIC de 2%, à compter du 1er novembre. Une mesure qui vise à répondre aux défis économiques actuels et à renforcer le pouvoir d’achat des plus modestes.
« Encore faut-il que le travail paye », a-t-il tancé devant les députés, soulignant l’importance de rémunérations décentes pour les travailleurs français. Avec cette augmentation, le SMIC net mensuel passera de 1.398,70 euros à environ 1.426 euros. Bien que cette hausse soit avancée, elle s’inscrit dans le cadre des revalorisations annuelles, initialement prévues pour le 1er janvier 2025. Le Premier ministre a insisté : cette mesure n’est « pas en complément », mais simplement une anticipation face aux tensions économiques.
Un mécanisme protecteur face à l’inflation
En France, le SMIC bénéficie d’une indexation automatique sur l’inflation, garantissant une revalorisation chaque année au 1er janvier. Toutefois, en cas de hausse des prix supérieure à 2% en cours d’année, une augmentation supplémentaire peut être décidée. Depuis janvier 2021, le SMIC a ainsi été révisé à huit reprises, dont quatre fois à cause de l’inflation. « Il s’agit d’un bouclier essentiel pour les travailleurs modestes, dans un contexte où l’inflation pèse lourdement sur le quotidien des Français », explique un économiste proche du dossier.
La dernière augmentation remontait au 1er janvier dernier. Avec cette nouvelle revalorisation, le gouvernement confirme sa volonté d’agir rapidement pour maintenir le pouvoir d’achat des Français face à la montée continue des prix.
Combler les écarts dans certaines branches professionnelles
Autre enjeu soulevé par Michel Barnier : les minimas salariaux inférieurs au SMIC dans certaines branches. Le chef du gouvernement a pointé du doigt une situation « inacceptable » et s’est engagé à y remédier rapidement. « Il reste dans notre pays des branches professionnelles dans lesquelles les minimas sont inférieurs au SMIC, ce n’est pas acceptable et cela fera l’objet de négociations rapides », a-t-il affirmé.
Ce phénomène s’explique par l’augmentation rapide du SMIC, qui dépasse parfois la progression des salaires dans certaines branches. Selon les données du ministère du Travail, 17,3% des salariés français étaient rémunérés au SMIC au 1er janvier 2023. Un chiffre en constante progression, conséquence des nombreuses revalorisations automatiques liées à l’inflation. « Les branches professionnelles doivent se conformer aux revalorisations du SMIC, sous peine de voir leurs salaires minimaux dépassés par ce dernier », rappelle un représentant syndical.
Exonérations de charges : frein ou soutien à l’emploi ?
Dans son discours, Michel Barnier a également évoqué la question des exonérations de charges patronales, qui sont maximales au niveau du SMIC. Ce dispositif, instauré pour favoriser l’emploi, fait l’objet de critiques croissantes. Certains économistes estiment qu’il crée des « trappes à bas salaires », empêchant les entreprises d’augmenter les rémunérations au-delà du SMIC pour continuer à bénéficier des allégements de charges.
Le Premier ministre ne s’est pas dérobé face à ces critiques. « Il est désormais démontré que notre dispositif d’allègement de charges freine la hausse des salaires au-dessus du SMIC : nous le reverrons », a-t-il déclaré. Une réforme pourrait donc être envisagée pour permettre une meilleure progression des salaires, tout en maintenant des incitations pour les employeurs à embaucher.
Les syndicats montent au créneau
Quelques heures avant la déclaration de Michel Barnier, plusieurs syndicats, dont la CGT, FSU et Solidaires, ont manifesté pour exiger des réponses aux revendications salariales. « Le gouvernement doit répondre aux exigences sociales, notamment sur les hausses de salaires », a martelé un porte-parole de la CGT. Les syndicats jugent les mesures gouvernementales insuffisantes et réclament une augmentation généralisée des salaires, au-delà du SMIC.
Lors des discussions avec le Premier ministre la semaine dernière, les syndicats ont mis en avant la nécessité d’une revalorisation salariale dans tous les secteurs. « La hausse du SMIC est un pas en avant, mais elle ne suffit pas à répondre aux attentes des travailleurs, surtout en période d’inflation galopante », a précisé un délégué syndical. Les négociations à venir s’annoncent cruciales pour déterminer l’ampleur des ajustements à réaliser dans le cadre du dialogue social.