- Michel Barnier a décidé de rouvrir les négociations sur la réforme de l’assurance chômage, confiant aux syndicats et au patronat la tâche de définir de nouvelles règles.
- L’emploi des seniors, sujet sensible, figure parmi les priorités de ce nouveau round de discussions.
Dans son discours de politique générale prononcé ce mardi 1er octobre, le Premier ministre Michel Barnier a dévoilé sa vision pour l’avenir de l’assurance chômage. Fidèle à son approche pragmatique, il a décidé de redonner aux organisations syndicales et patronales le pouvoir de négocier un nouveau système d’indemnisation, tournant ainsi définitivement la page de la réforme initiée par son prédécesseur, Gabriel Attal.
« Je demande aux partenaires sociaux de rouvrir la négociation dès les prochaines semaines sur un nouveau système d’indemnisation du chômage », a affirmé Michel Barnier, depuis l’Assemblée nationale, mardi. Cet appel marque un tournant : le projet de réforme porté par Gabriel Attal, qui devait entrer en vigueur dès le 1er décembre, est désormais abandonné.
La réforme de l’ancien Premier ministre prévoyait un durcissement des conditions d’accès au chômage, en portant à 8 mois de travail sur les 20 derniers pour ouvrir des droits, contre 6 mois sur 24 actuellement. Elle envisageait également une réduction de la durée maximale d’indemnisation, passant de 18 à 15 mois. Si ce volet a soulevé des critiques, d’autres mesures étaient mieux perçues, comme un accès facilité à l’assurance chômage pour les démissionnaires et une incitation à l’emploi des seniors.
Mais le contexte politique post-législatives et l’échec de certaines réformes sociales ont poussé Matignon à suspendre cette réforme, qui est désormais « définitivement enterrée ».
Une lettre de cadrage à venir
Si Michel Barnier confie la responsabilité des négociations aux partenaires sociaux, il ne leur laisse cependant pas carte blanche. Une « lettre de cadrage » sera transmise, fixant les objectifs à atteindre, notamment en termes d’économies. « Il y aura des objectifs clairs à respecter, en lien avec la nécessité de maîtriser les finances publiques tout en assurant une meilleure protection des demandeurs d’emploi », a-t-il précisé.
Les règles actuelles d’indemnisation chômage étant valables jusqu’au 31 octobre, syndicats et patronat devront rapidement s’entendre sur une réforme viable. Le temps presse, d’autant qu’un autre point clé se trouve sur la table des négociations : l’emploi des seniors.
L’emploi des seniors, un dossier brûlant
L’une des exigences de Michel Barnier pour ces négociations concerne la question sensible de l’emploi des seniors, un sujet sur lequel les partenaires sociaux peinent à s’entendre. En début d’année, une première tentative de discussion s’était soldée par un échec, notamment autour de la proposition controversée du Medef de créer un « CDI senior ». Cette initiative avait provoqué l’ire des syndicats, qui y voyaient une discrimination à l’encontre des travailleurs plus âgés.
« Il est impératif que nous trouvions une solution pour améliorer l’emploi des seniors dans notre pays », a martelé le Premier ministre. Face au vieillissement de la population et à l’allongement des carrières, cet enjeu est devenu incontournable. « La France ne peut pas se permettre de laisser sur le bord de la route des travailleurs expérimentés qui ont encore beaucoup à apporter à notre économie », a-t-il ajouté.
Une réforme des retraites à réajuster
Outre l’assurance chômage, Michel Barnier a abordé un autre sujet épineux : la réforme des retraites. Si le Premier ministre a réaffirmé sa volonté de maintenir l’âge légal de départ à 64 ans, il s’est montré ouvert à quelques ajustements. « Il faudra reprendre le dialogue », a-t-il concédé, tout en précisant que l’axe central de la réforme ne serait pas modifié.
Il a néanmoins reconnu certaines « limites » dans la loi votée au printemps 2023. « Les questions des retraites progressives, de l’usure professionnelle, de l’égalité entre les femmes et les hommes face à la retraite méritent mieux que des fins de non-recevoir », a-t-il déclaré. Michel Barnier a ainsi tendu la main aux partenaires sociaux pour qu’ils « réfléchissent » à ces ajustements. Aucune date précise n’a cependant été avancée pour ces discussions.
Une négociation sous pression
Les partenaires sociaux se trouvent ainsi face à une tâche délicate. Outre les défis financiers imposés par Matignon, ils doivent trouver un compromis sur deux sujets particulièrement sensibles : l’assurance chômage et l’emploi des seniors. Sans compter la pression du gouvernement pour maintenir l’équilibre des comptes publics tout en répondant aux attentes de protection sociale.
« Il est temps que nous parvenions à des solutions qui allient justice sociale et responsabilité budgétaire », a résumé le chef du gouvernement. Mais les syndicats, notamment la CGT et FO, s’inquiètent déjà de possibles restrictions budgétaires qui pèseraient sur les demandeurs d’emploi.