- Face à un déficit public qui menace d’atteindre des sommets, l’exécutif dévoile un budget 2025 marqué par des surtaxes pour les grandes entreprises et des contributions exceptionnelles des plus riches.
À l’approche de la présentation du budget 2025, le gouvernement finalise son projet qu’il soumettra prochainement à l’Assemblée nationale. Face à un déficit public de 6,1 % en 2024, l’objectif est fixé : le réduire à 5 % dès l’année prochaine. Pour atteindre ce but, Bercy et Matignon finalisent des mesures qui devraient rapporter 60 milliards d’euros, dont 19 milliards issus de nouvelles hausses d’impôts.
Entreprises : surtaxe exceptionnelle pour les grands groupes
Les grandes entreprises seront les premières touchées. Le gouvernement cible en priorité les groupes dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard d’euros. Selon nos informations, une surtaxe de 10 % sera appliquée à ces sociétés, tandis que celles dépassant les 3 milliards d’euros se verront imposer une surtaxe de 15 %. Au total, ces mesures devraient rapporter 8 milliards d’euros à l’État en 2025.
Bercy insiste sur le caractère « exceptionnel » et « temporaire » de cette contribution. En 2026, les taux de 10 % et 15 % devraient être réduits de moitié, avant de disparaître totalement par la suite. Pourtant, cette annonce suscite des inquiétudes dans le monde des affaires. La CPME et le Medef craignent que cette surtaxe, bien qu’annoncée comme temporaire, ne perdure. Une situation qui pourrait peser lourdement sur la compétitivité des entreprises françaises.
Réduction des exonérations de cotisations patronales
En parallèle, le gouvernement prévoit de s’attaquer aux exonérations de cotisations patronales. Un coup de rabot de 4 milliards d’euros est programmé, affectant de nombreux employeurs. Une décision qui, selon les organisations patronales, pourrait également nuire à l’emploi et à l’attractivité du pays.
Dans le secteur de l’énergie, l’État actionnaire d’EDF va bénéficier d’un dividende exceptionnel, plutôt qu’une taxe. Ce dividende vise à renforcer les finances publiques sans pénaliser directement l’entreprise. En revanche, le transport maritime, qui échappe à l’impôt sur les sociétés grâce à la taxe au tonnage, sera soumis à une nouvelle contribution sur le résultat. Cette mesure devrait rapporter près d’un milliard d’euros.
Ménages : les plus riches mis à contribution
Les ménages ne sont pas épargnés. L’exécutif prévoit une contribution exceptionnelle pour les plus aisés, un dispositif rappelant la surtaxe mise en place par Nicolas Sarkozy en 2011. Cette taxe concernera les personnes ayant des revenus annuels supérieurs à 250.000 euros bruts pour une personne seule, et 500.000 euros pour un couple sans enfant.
Le gouvernement espère ainsi récolter entre 2 et 3 milliards d’euros en 2025. Là encore, le gouvernement promet un caractère temporaire à cette mesure, mais des incertitudes subsistent. Les débats parlementaires, où la majorité est loin d’être acquise, pourraient modifier en profondeur ces propositions.
Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a précisé jeudi 3 octobre que la contribution des « plus fortunés » dans le cadre du projet de budget 2025 ne concernerait que 0,3 % des ménages. « Nous parlons véritablement des plus aisés », a-t-il déclaré sur France 2, en ajoutant que cette mesure toucherait 65.000 foyers sur les 20 millions qui paient l’impôt sur le revenu, selon Bercy.
« Après plusieurs années de protection de l’emploi, des revenus et de la croissance, il est légitime de demander aux contribuables les plus riches de participer, de manière exceptionnelle et temporaire, à cet effort de redressement », a ajouté le ministre du Budget et des Comptes publics, rattaché à Matignon.
Tensions politiques autour du budget
La présentation du budget 2025 s’annonce sous haute tension à l’Assemblée nationale. Le gouvernement de Michel Barnier devra faire face à une opposition fracturée, avec notamment les députés Ensemble pour la République (EPR), farouchement opposés à toute augmentation de la fiscalité. Le chemin vers l’adoption du budget semble périlleux, d’autant plus que les critiques fusent déjà au sein même de la majorité présidentielle.
Ce budget 2025, présenté comme une étape cruciale pour redresser les comptes publics, soulève de nombreuses questions. Les mesures annoncées, pourraient, selon de nombreuses sources, impacter la compétitivité des entreprises et fragiliser certains secteurs économiques. De plus, le gouvernement devra composer avec une Assemblée divisée, rendant l’adoption de ces propositions incertaine.