Le XIXe sommet de la Francophonie, inauguré ce vendredi 4 octobre par Emmanuel Macron au château de Villers-Cotterêts, réunit chefs d’État et gouvernements autour de grandes questions diplomatiques et culturelles, avec pour ambition de renforcer l’influence du français dans un monde en pleine mutation.
Ce vendredi 4 octobre, Emmanuel Macron a donné le coup d’envoi du XIXe sommet de la Francophonie au château de Villers-Cotterêts, en Picardie. Dans un cadre chargé d’histoire, le président français a rappelé l’importance de la Francophonie en tant qu’« espace d’influence » sur la scène internationale, tout en appelant les États membres à porter ensemble une « diplomatie » respectant la « souveraineté et l’intégrité territoriale », de l’Ukraine jusqu’au Liban.
Un retour symbolique sur le sol français
Trente-trois ans après la dernière édition en France, le sommet de la Francophonie se tient pour la première fois à Villers-Cotterêts, ville emblématique de la langue française. C’est ici que, sous François Ier, fut signée en 1539 l’ordonnance imposant l’usage du français dans les actes administratifs, marquant ainsi un tournant majeur pour la langue française. Emmanuel Macron, originaire de la région picarde, avait d’ailleurs inauguré l’an dernier la Cité internationale de la langue française dans ce même château, qu’il a décrit comme « un lieu fondamental pour l’histoire de notre langue et pour son rayonnement à travers le monde ».
Cette année, la Francophonie, qui regroupe 88 États et gouvernements, se retrouve dans un contexte global particulièrement tendu. Les crises géopolitiques en cours, notamment au Proche-Orient et en Afrique, ont marqué les discussions. Une délégation libanaise, membre de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), devait rencontrer les représentants de l’organisation pour discuter de la situation au Liban, pays en proie à une crise profonde. Plusieurs dirigeants africains, confrontés à des conflits internes, ont également fait le déplacement.
« Créer, Innover et Entreprendre en Français »
Sous le thème « Créer, innover et entreprendre en français », les participants au sommet se concentrent cette année sur les moyens de renforcer l’usage de la langue française dans les domaines de l’innovation, de l’entrepreneuriat et de la culture. Pour Emmanuel Macron, la Francophonie doit être perçue comme un levier stratégique pour ses membres : « La Francophonie constitue un espace d’influence », a-t-il affirmé. « Ensemble, nous devons porter une diplomatie qui défend partout à travers la planète la souveraineté et l’intégrité territoriale, sans doubles standards. »
Le président français a ainsi insisté sur la nécessité de cohérence dans les actions diplomatiques, évoquant des dossiers aussi complexes que ceux de l’Ukraine ou du Liban. « Nous devons agir sans ambivalence, et défendre nos valeurs face aux crises mondiales », a-t-il souligné devant une audience attentive.
Louise Mushikiwabo : une francophonie « influente dans le monde »
Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l’OIF depuis 2018, a également prononcé un discours fort, dans lequel elle a dressé un bilan de ses deux mandats à la tête de l’organisation. Elle a souligné les progrès réalisés, notamment en matière d’éducation et de l’engagement envers les femmes. « L’OIF, aujourd’hui, c’est aussi la priorité aux femmes », a-t-elle rappelé, énumérant les projets qui ont permis des avancées significatives.
Consciente des défis à venir, Mushikiwabo a plaidé pour une « Francophonie de terrain, influente dans le monde », tout en ouvrant la porte à un éventuel départ à l’issue de son mandat. « Moi, accompagnée de mes équipes, je poursuivrai avec la même vigueur la belle mission que vous m’avez confiée », a-t-elle déclaré. Faisant face aux tensions qui ont traversé le monde ces dernières années, elle a insisté sur l’importance d’un « multilatéralisme rénové » pour maintenir la cohésion au sein de l’espace francophone, alors que « le monde est de plus en plus divisé et troublé ».
Intelligence artificielle et jeunesse au cœur des réflexions
Parmi les nombreux sujets abordés, l’intelligence artificielle a été mise en avant comme un outil prometteur pour l’avenir de la Francophonie. Mushikiwabo a ainsi souligné l’impact potentiel de ces technologies, notamment dans des secteurs tels que la traduction, permettant ainsi une plus grande inclusion des populations non francophones dans les échanges économiques et culturels. De plus, elle a appelé à « avancer à la cadence de notre jeunesse », soulignant que cette nouvelle génération doit se voir offrir un « espace apaisé » pour innover et s’exprimer.
Un sommet au cœur des enjeux internationaux
Ce XIXe sommet de la Francophonie, qui se poursuit demain au Grand Palais à Paris, s’impose comme un moment décisif pour l’avenir de l’OIF. Les chefs d’État et de gouvernement auront encore l’occasion de discuter des adhésions futures et des stratégies à adopter pour renforcer la position de la Francophonie dans un monde en pleine mutation. Emmanuel Macron, à travers son appel à une diplomatie cohérente et unie, a rappelé la place essentielle que peut occuper la Francophonie dans la défense des valeurs communes et la résolution des crises internationales.
Louise Mushikiwabo, quant à elle, a déjà tracé les grandes lignes de l’avenir de l’organisation : une Francophonie « influente », engagée dans le multilatéralisme, mais surtout tournée vers les défis de demain, qu’ils soient technologiques, éducatifs ou sociaux. Le prochain sommet de la Francophonie pourrait bien marquer un tournant pour l’organisation, à la veille d’une nouvelle ère.
Une clôture culturelle portée par Hiba Tawaji
Pour clôturer cette première journée riche en débats et en symboles, l’artiste libanaise Hiba Tawaji, accompagnée par la Garde républicaine française sous la direction du lieutenant-colonel Bastien Stil, a offert une prestation artistique intense. Ce moment de célébration culturelle souligne le lien étroit entre la langue française et l’art, moteur essentiel de la diplomatie culturelle au sein de l’OIF.
