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Frappé par des bombardements israéliens, le Liban bascule dans une crise humanitaire critique

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Le Liban, déjà fragilisé par des crises économiques et sociales, fait face à une nouvelle épreuve alors que les bombardements israéliens se multiplient, aggravant une situation humanitaire critique, avec des milliers de déplacés et des infrastructures vitales en ruine.

Alors que les bombardements israéliens se sont intensifiés ces derniers jours, le Liban se retrouve au bord d’une grave crise humanitaire. La population, déjà éprouvée par des années d’instabilité politique et économique, doit désormais faire face à une escalade militaire qui pousse des milliers de personnes à fuir, dans des conditions de plus en plus précaires.

Dans la nuit de vendredi à samedi, de nouveaux bombardements israéliens ont touché plusieurs zones du sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, ainsi que d’autres régions du pays. Le principal poste-frontière entre le Liban et la Syrie a également été gravement endommagé, bloquant la fuite des civils vers la Syrie. Rula Amin, conseillère principale en communication au bureau du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a expliqué l’ampleur des dégâts : « Il y a eu deux frappes et un énorme cratère a été créé dans le no man’s land entre les côtés syrien et libanais. Il est encore très difficile pour les véhicules de passer par cette route. »

Un million de déplacés au Liban

Depuis le mois d’octobre, environ un million de personnes ont été déplacées au Liban en raison de l’intensification des échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah, de part et d’autre de la Ligne bleue, la frontière surveillée par l’ONU entre les deux pays. La situation au Liban est exacerbée par la guerre à Gaza, qui alimente davantage les tensions dans toute la région.

Face à cette crise, l’ONU tente d’acheminer une aide humanitaire. Vendredi matin, un avion transportant 30 tonnes de matériel médical a atterri à Beyrouth. Cette première cargaison de l’ONU est destinée à soigner des dizaines de milliers de personnes blessées dans les bombardements. Toutefois, cette aide ne fait que souligner l’ampleur des besoins. D’autres livraisons doivent suivre dans les jours à venir, mais les infrastructures libanaises sont déjà largement dépassées.

Depuis le mois d’octobre, environ un million de personnes ont été déplacées au Liban en raison de l’intensification des échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah ( capture d’écran vidéo)

Des abris saturés, des milliers de sans-abri

La situation des déplacés à l’intérieur du pays est critique. La majorité des abris collectifs sont pleins, forçant des familles entières à dormir dehors. Rula Amin a alerté la communauté internationale lors d’une conférence de presse à Genève : « La plupart des 900 abris collectifs établis par le gouvernement au Liban n’ont plus de capacité. » En effet, avec l’arrivée de l’hiver, la situation pourrait empirer. Les températures froides et l’humidité rendent les conditions de vie de plus en plus difficiles pour les déplacés, qui se retrouvent sans protection contre les éléments.

La pression est telle que de nombreuses personnes dorment dans leurs voitures ou, faute de mieux, à même le sol dans les rues de Beyrouth et d’autres villes libanaises.( capture d’écran video)

« Les personnes qui ont fui le Sud du Liban n’ont plus rien. Certaines peuvent dormir dans les voitures quand elles en ont, mais des milliers dorment dans la rue, sans eau ni nourriture », a déclaré Jean-François Corty, président de Médecins du Monde au micro de franceinfo

Des hôpitaux fermés, une crise sanitaire en vue

La crise ne touche pas uniquement les déplacés. Vendredi, trois hôpitaux libanais ont annoncé la suspension de leurs activités, notamment l’hôpital Sainte-Thérèse dans la banlieue sud de Beyrouth, qui a dû cesser ses services en raison des frappes israéliennes à proximité. Deux autres hôpitaux dans le sud du pays ont également fermé leurs portes, laissant la population sans accès aux soins de base dans des zones pourtant lourdement touchées par les combats.

La précarité du système de santé libanais, déjà fragilisé avant cette nouvelle vague de violences, est aujourd’hui plus évidente que jamais. Jean-François Corty a rappelé que le pays souffrait déjà d’une situation sanitaire préoccupante avant l’escalade militaire : « Il y a dans ce pays une crise, un système de santé public fragile, avec des soins privés très chers. » Il craint une dégradation rapide de la situation, tant pour les Libanais que pour les réfugiés syriens qui vivent sur place.

Les réfugiés syriens, doublement victimes

Le Liban accueille depuis plusieurs années environ 1,5 million de réfugiés syriens ayant fui la guerre civile dans leur pays. Aujourd’hui, ces populations vulnérables sont de nouveau confrontées à une situation critique. Corty souligne que les dispositifs de protection mis en place par les autorités libanaises profitent en priorité à la population locale, laissant de côté les réfugiés syriens. Face à la recrudescence des bombardements, entre 100 000 et 150 000 réfugiés ont décidé de franchir à nouveau la frontière pour retourner en Syrie, malgré les risques qu’ils encourent sous le régime de Bachar al-Assad. « Il y a un dilemme pour ces populations entre mourir sous les bombes, ou rentrer dans un régime qui les attend et qui va leur faire du mal », a expliqué Corty.

Alors que la situation continue de se dégrader, les ONG et les agences des Nations unies appellent à une intensification de l’aide internationale.( CD photo Action Humanitaire France)

Une aide internationale nécessaire, mais insuffisante

Alors que la situation continue de se dégrader, les ONG et les agences des Nations unies appellent à une intensification de l’aide internationale. Cependant, cette aide est encore jugée insuffisante. « On n’est pas sur le même niveau de réponse que lors de l’explosion dans le port de Beyrouth », déplore Jean-François Corty. Il estime que la réponse humanitaire actuelle est « approximative » et « timide », malgré l’urgence de la situation.

Médecins du Monde prévoit de renforcer son dispositif d’urgence au Liban, avec une équipe de plus d’une centaine de personnes déjà sur place. Mais sans un soutien accru de la communauté internationale, la crise pourrait prendre une ampleur encore plus dramatique dans les semaines à venir.

Le Liban, déjà profondément fragilisé par des années de crises économiques, sociales et politiques, risque de sombrer davantage dans le chaos si la communauté internationale ne réagit pas rapidement. Les populations civiles, qu’elles soient libanaises ou réfugiées, sont les premières victimes de cette escalade militaire et humanitaire.

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