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Malgré un contexte d’effort budgétaire généralisé, le ministère de la Culture, dirigé par Rachida Dati, parvient à conserver un budget stable pour 2025.
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Entre les réformes attendues du Pass culture et les besoins criants du patrimoine, le chemin s’annonce semé d’embûches pour préserver l’équilibre des politiques culturelles en France.
Rachida Dati, l’une des rares ministres à avoir survécu au remaniement du gouvernement Attal, peut souffler. Le ministère de la Culture qu’elle dirige voit son budget pour 2025 maintenu à 4,45 milliards d’euros, un soulagement dans un contexte d’efforts budgétaires généralisés. « La Culture s’en sort bien », confie-t-on au sein du ministère, qui prépare cependant quelques ajustements pour rester dans les clous tout en espérant un coup de pouce pour le patrimoine.
Une répartition budgétaire millimétrée
Le budget de la culture se divise en trois grands blocs. Le patrimoine, priorité historique du ministère, représente 32 % des ressources, soit environ 1,18 milliard d’euros. Ce budget permet de financer des chantiers emblématiques comme la rénovation du Centre Pompidou, l’extension des Archives nationales ou encore la restauration de la tour Saint-Nicolas à La Rochelle et de l’abbaye de Clairvaux.
Le spectacle vivant, autre pilier du ministère, se voit attribuer 28 % des fonds, confirmant son rôle central dans la vitalité culturelle du pays. Enfin, 18 % du budget est consacré aux effectifs du ministère, qui compte près de 9 159 fonctionnaires et 16 872 agents détachés.
Le Pass culture sous les projecteurs
Le Pass culture, initiative emblématique de la présidence Macron, continue d’alimenter les débats. Destiné à favoriser l’accès à la culture pour les jeunes, ce dispositif, qui alloue 300 euros aux jeunes de 18 ans, est aujourd’hui remis en question. Avec 210 millions d’euros alloués à sa partie individuelle, le Pass culture n’évolue pas sur le plan budgétaire, mais de profondes réformes sont attendues.
Alors que l’objectif premier était de diversifier l’accès à la culture, il est devenu, selon certains, un instrument davantage utilisé par ceux qui en ont déjà les moyens. Rachida Dati devrait annoncer prochainement des mesures pour recentrer le dispositif.
Un patrimoine en quête de ressources supplémentaires
Malgré un budget significatif, les acteurs du patrimoine s’inquiètent d’une situation qualifiée de « fragile ». Si le milliard d’euros prévu pour 2025 inclut des projets d’envergure, le financement reste insuffisant pour répondre aux besoins colossaux de ce secteur. Au ministère, on prépare déjà des négociations avec le Parlement afin d’obtenir des rallonges budgétaires pour éviter que certains projets ne soient reportés, voire abandonnés.
L’audiovisuel public, le grand chantier à venir
Le budget de l’audiovisuel public s’établit à 4 milliards d’euros, avec une répartition quasi inchangée : 63 % pour France Télévisions et 16 % pour Radio France. Toutefois, la question de la réforme de l’audiovisuel reste en suspens. Suspendu après la dissolution de l’Assemblée, ce projet, qui vise à repenser le financement et l’organisation du secteur, pourrait bien devenir le dossier le plus épineux que Rachida Dati aura à gérer dans les mois à venir.
L’enseignement supérieur culturel, la grande frustration
Côté enseignement supérieur, la situation est plus tendue. Le budget alloué à ce secteur baisse légèrement, passant de 8 % à 7 %, au grand dam des écoles d’art et d’architecture, déjà en proie à des difficultés croissantes. Rachida Dati, qui a annoncé une enveloppe supplémentaire de 3 millions d’euros pour les écoles territoriales, n’a pas apaisé les tensions. Pour beaucoup, cette somme reste une « goutte d’eau » comparée aux besoins réels des établissements. Les propos maladroits de la ministre sur la « survie des plus performantes » n’ont fait qu’accentuer les inquiétudes.
Le budget 2025 du ministère de la Culture, bien que préservé, ne règle pas tous les problèmes. Si le spectacle vivant et le patrimoine s’en sortent correctement, les défis à venir, notamment la réforme du Pass culture et celle de l’audiovisuel public, pourraient bouleverser l’équilibre fragile trouvé pour cette année. Rachida Dati, à la tête de ce ministère stratégique, aura fort à faire pour maintenir le cap tout en évitant les écueils.