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Sanofi en négociations pour céder Opella : quel avenir pour la production du Doliprane en France ?

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Le groupe pharmaceutique français Sanofi s’apprête à franchir une étape décisive dans la réorganisation de ses activités. Vendredi 11 octobre, l’entreprise a annoncé être en discussions avancées avec le fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R) pour la cession de 50% de sa filiale Opella, spécialisée dans les médicaments en vente libre. Une transaction majeure qui pourrait dépasser les 15 milliards d’euros et qui fait ressurgir des questions cruciales sur la souveraineté industrielle et l’avenir de la production du Doliprane, produit phare en France.

Opella, filiale regroupant plus d’une centaine de marques internationales dont le Doliprane, le Dulcolax, la Lysopaïne et le Maalox, se positionne comme le troisième acteur mondial des médicaments sans ordonnance. En 2023, elle a généré un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros, avec une forte présence à l’international. Toutefois, la France ne représente que 8% des ventes d’Opella, alors que son principal marché, les États-Unis, pèse pour 25% de son chiffre d’affaires.

Ce projet de vente s’inscrit dans une stratégie plus large de Sanofi, qui souhaite recentrer ses activités sur l’innovation, notamment dans les domaines de l’immunologie et des vaccins. Cette séparation annoncée depuis près d’un an vise à permettre à Opella de se concentrer sur sa propre croissance, tout en libérant Sanofi pour accélérer dans les secteurs de pointe.

Le Doliprane, un symbole de souveraineté industrielle

Parmi les marques d’Opella, le Doliprane occupe une place toute particulière. Ce médicament, devenu indispensable dans les foyers français, est produit à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise). Alors que Sanofi envisage de céder une partie du contrôle de cette filiale, la crainte d’une délocalisation de la production du Doliprane commence à poindre.

Face à ces inquiétudes, Sanofi tente de rassurer. L’entreprise rappelle avoir investi 50 millions d’euros dans son site de Lisieux au cours de la dernière décennie, et prévoit d’y injecter 20 millions d’euros supplémentaires pour augmenter de 40% la capacité de production d’ici quelques années. « La scission d’Opella ne remettra pas en cause la disponibilité du Doliprane en France », assure le groupe, insistant sur la pérennité de la production sur le territoire.

Le Doliprane occupe une place toute particulière. En vente libre, ce médicament est devenu indispensable dans les foyers français.

Le gouvernement sur ses gardes

Le dossier est particulièrement sensible pour le gouvernement français, qui garde un œil attentif sur cette opération. L’approvisionnement en paracétamol, le principe actif du Doliprane, a déjà été fragilisé par des tensions sur les chaînes d’approvisionnement lors de l’hiver 2022-2023. Pour prévenir de nouvelles pénuries, le président Emmanuel Macron avait d’ailleurs annoncé en juin 2023 des mesures pour relocaliser la production de plusieurs médicaments essentiels, dont le paracétamol, dans le cadre du plan France 2030.

Ce projet prévoit un investissement de 160 millions d’euros pour soutenir huit projets de relocalisation dans le secteur pharmaceutique, en vue de sécuriser l’approvisionnement de 450 médicaments critiques.

Les ministres de l’Économie, Antoine Armand, et de l’Industrie, Marc Ferracci, ont également réagi à l’annonce de ces négociations, demandant des garanties fermes de la part de Sanofi et de CD&R. Ils souhaitent notamment s’assurer que le siège social d’Opella et ses centres de décisions resteront sur le sol français, tout en préservant l’empreinte industrielle du groupe dans le pays. « L’État mobilisera l’ensemble des outils à sa disposition », ont-ils souligné, en rappelant la procédure de contrôle des investissements étrangers en France.

Engagements économiques et industriels exigés

Si le projet inquiète, le gouvernement reconnaît toutefois le sérieux du fonds d’investissement américain. Selon Marc Ferracci, CD&R offre des perspectives de développement positives pour Opella et pour ses sites en France. Cependant, il précise que des engagements économiques et industriels seront exigés afin de garantir la continuité des activités sur le territoire national.

Sanofi de son côté, reste confiant. Le groupe a répété que cette opération ne remettra pas en cause la production française du Doliprane, ni l’approvisionnement des pharmacies. Il s’agit, selon lui, d’une nouvelle étape pour renforcer la position d’Opella sur la scène internationale.

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