Le garde des Sceaux Didier Migaud a exprimé son mécontentement face à la baisse du budget alloué à la Justice pour 2025, annonçant qu’il pourrait quitter le gouvernement si aucune amélioration n’était apportée.
Le budget annoncé pour la Justice en 2025 est de 10,24 milliards d’euros, un montant qui représente une baisse significative par rapport aux 10,74 milliards initialement prévus. Cette réduction, d’environ 500 millions d’euros, inquiète particulièrement Didier Migaud. La loi de programmation de la Justice, adoptée sous l’impulsion de son prédécesseur Éric Dupond-Moretti, promettait pourtant un budget de près de 11 milliards d’euros pour 2027, ainsi que l’embauche de 10 000 personnes dans le secteur, dont 1 500 magistrats et 1 800 greffiers.
Cette baisse budgétaire pourrait compromettre ces ambitions, un risque que Migaud refuse de prendre à la légère. Lors d’une interview sur RTL, il a mis en garde contre les conséquences d’une telle coupe : « Si on en reste à la lettre plafond, oui, je ne vois pas ce que je ferais encore au gouvernement. » Une déclaration forte qui met en évidence l’urgence de la situation.
Confiance conditionnelle envers Michel Barnier
Malgré cette prise de position ferme, Didier Migaud a également tenu à souligner qu’il faisait confiance à Michel Barnier, le Premier ministre. Il a affirmé avoir reçu des assurances de la part de ce dernier quant à une possible réévaluation du budget : « Je suis mobilisé pour que des ajustements à la hausse puissent être proposés », a-t-il déclaré. Migaud reste toutefois réaliste, admettant que le demi-milliard d’euros manquant ne pourrait peut-être pas être récupéré dans son intégralité. « Peut-être pas dans sa totalité », a-t-il précisé.
Des recrutements essentiels pour désengorger les tribunaux
L’un des principaux enjeux soulevés par Didier Migaud est le respect des promesses de recrutements. Ces embauches sont considérées comme indispensables pour lutter contre l’engorgement des services judiciaires, un problème chronique en France. « Ce que je souhaite, c’est que les engagements qui ont été pris, en termes d’effectifs vis-à-vis des magistrats, des greffiers, des personnels de justice, des personnels pénitentiaires soient tenus », a-t-il insisté.
Ces recrutements doivent permettre de répondre à la surcharge de travail qui pèse sur les tribunaux français, où le manque de personnel ralentit les procédures et allonge les délais de traitement des affaires. L’embauche de magistrats et de greffiers est donc au cœur des préoccupations du ministre, qui redoute que cette baisse de budget vienne entraver ces efforts.
Un système judiciaire en retard
Au-delà des chiffres, Didier Migaud a souligné l’importance de rattraper le retard que la France accuse par rapport à d’autres pays en termes de moyens alloués à son système judiciaire. Il a notamment déploré la faible « considération » dont souffre la Justice en France, et appelé à un effort financier plus conséquent pour garantir son bon fonctionnement. « La France est très en retard par rapport à beaucoup d’autres pays qui nous sont comparables », a-t-il déclaré, rappelant que la modernisation du système judiciaire est un impératif pour répondre aux attentes des citoyens.
Vers un amendement parlementaire ?
Pour tenter de sortir de cette impasse budgétaire, Didier Migaud a indiqué qu’un amendement pourrait être déposé par le gouvernement lors de la discussion parlementaire. Cet amendement viserait à réajuster le budget de la Justice à la hausse, permettant ainsi de respecter les engagements pris dans la loi de programmation. « Le chef de l’exécutif a indiqué qu’un amendement serait déposé par le gouvernement dans le cadre de la discussion parlementaire pour rehausser un certain nombre de budgets », a-t-il précisé.