- Dans un contexte de tensions autour de la cession potentielle d’Opella, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a confirmé mardi qu’un audit sur les aides publiques reçues par Sanofi serait réalisé.
- Ce bilan vise à évaluer l’impact de ces soutiens sur l’innovation et l’emploi, des enjeux cruciaux dans le secteur pharmaceutique français.
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a annoncé mardi un « bilan exhaustif » concernant les aides publiques reçues par Sanofi au cours des dix dernières années, alors que le géant pharmaceutique envisage de céder sa filiale Opella, connue pour la commercialisation du Doliprane.
Dans une déclaration devant l’Assemblée nationale, Antoine Armand a précisé : « J’ai lancé un travail sur Sanofi qui demande un bilan exhaustif de l’ensemble des dispositifs de soutien public dont a bénéficié l’entreprise ces dix dernières années. » Cette annonce fait suite à des inquiétudes croissantes sur la vente potentielle d’Opella au fonds d’investissement américain CD&R, qui soulèvent des enjeux majeurs en matière de souveraineté sanitaire et de protection des emplois en France.
Le ministre a réaffirmé que, bien que l’État soutienne les entreprises pour promouvoir l’innovation, « cela ne peut pas se faire n’importe comment et à n’importe quelles conditions ». En ce sens, il a souligné que ce bilan a pour objectif de dresser un constat objectif sur les aides publiques accordées à Sanofi, souvent perçues comme une contribution à sa recherche et développement. « Ce soutien a pour objectif de promouvoir l’innovation dans le domaine du médicament et de la santé. Accompagner la recherche en matière de santé, c’est participer à la souveraineté sanitaire de notre pays », a-t-il ajouté.
Des réactions mitigées dans le secteur
Interrogé dans les colonnes des Echos sur une possible prise de participation publique dans Opella par un acteur comme Bpifrance, Frédéric Oudéa, président du conseil d’administration de Sanofi, a répondu que « tous les sujets sont sur la table ». Il a cependant défendu la stratégie de l’entreprise, affirmant que « l’option la plus efficace, ce sont les engagements que l’on va prendre. Sanofi est un acteur responsable qui a toujours pris en compte son ancrage français ».
Oudéa a également mis en avant que la « décision de Sanofi de conserver 50% du capital » lors de cette possible vente est une « garantie » pour maintenir cet « ancrage » en France. Selon lui, « la cession d’Opella est une histoire de croissance. (…) Cette cession ce n’est pas une histoire de restructuration ».
Les critiques de la CGT
Cependant, ces justifications ne suffisent pas à apaiser les inquiétudes. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a dénoncé la situation, affirmant que Sanofi a bénéficié de « un milliard de crédits impôt recherche en 10 ans » tout en divisant « par deux les effectifs en France, notamment des emplois de chercheurs ». Elle a appelé à « conditionner les aides publiques aux entreprises », soulignant le coût de production très faible du Doliprane : « Le coût de production de chaque boîte de Doliprane, c’est 15 centimes. Le prix de vente, en pharmacie, c’est 2 euros. Donc, on voit que c’est très rentable. Eh bien cela, ça ne suffit pas à Sanofi. »
Pour Sophie Binet, la cession potentielle de Doliprane par Sanofi à un fonds d’investissement américain est « le symbole de l’échec total de la politique industrielle d’Emmanuel Macron ». Elle a fustigé : « Le scandale de la stratégie industrielle du gouvernement, c’est qu’elle consiste à donner les pleins pouvoirs aux multinationales. Et là, en l’occurrence, on a une multinationale qui considère qu’elle peut faire la pluie et le beau temps. »
Alors que le gouvernement s’apprête à réaliser un bilan des aides publiques allouées à Sanofi, la question de la cession d’Opella et de son impact sur l’emploi et la souveraineté sanitaire demeure au cœur des débats. Les réactions contrastées des acteurs impliqués témoignent des enjeux cruciaux que soulève cette transaction pour l’avenir de l’industrie pharmaceutique en France.