La Banque centrale européenne (BCE) a une nouvelle fois abaissé ses taux directeurs, ce jeudi 17 octobre. Il s’agit de la troisième réduction cette année, après celles de juin et de septembre. Le taux de dépôt, principal taux directeur de l’institution, a été réduit de 0,25 point, passant ainsi à 3,25 %. Cette décision marque un tournant dans la politique monétaire européenne, alors que l’inflation continue de ralentir et que la croissance peine à décoller.
Une décision anticipée
Réunis à Ljubljana, en Slovénie, les 26 membres du Conseil des gouverneurs de la BCE ont finalement décidé d’agir plus tôt que prévu. Jusqu’à récemment, les gardiens de l’euro semblaient vouloir attendre leur réunion de décembre avant de prendre une nouvelle mesure. Mais la baisse continue de l’inflation en septembre, à 1,7 %, a précipité les choses. C’est la première fois en plus de trois ans que l’inflation passe sous la barre des 2 %, un seuil symbolique pour la BCE, qui vise un retour à cet objectif à moyen terme.
Ce ralentissement des prix a été particulièrement marqué dans les grandes économies européennes, notamment en Allemagne (1,6 %), en France (1,2 %) et en Italie (0,7 %). L’inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l’énergie et de l’alimentation, a, elle aussi, reculé, s’établissant à 2,7 % en glissement annuel.
Une croissance en berne
Parallèlement, la BCE s’inquiète de la faiblesse persistante de la croissance dans la zone euro. Selon les dernières données d’Eurostat, le PIB de la région n’a progressé que de 0,2 % au deuxième trimestre 2024. Cette tendance pourrait perdurer, avec une prévision de croissance de seulement 0,8 % pour l’ensemble de l’année, selon les dernières projections du Fonds monétaire international (FMI). À titre de comparaison, les États-Unis devraient croître de 2,6 % et la Chine de 5 % en 2024.
Des conséquences variées pour les ménages et les entreprises
Cette nouvelle baisse des taux, si elle profite aux emprunteurs, se traduit par des effets contrastés pour les ménages et les entreprises. D’un côté, elle permet de réduire le coût des crédits, notamment immobiliers. Les particuliers cherchant à acheter un logement bénéficieront de taux d’emprunt plus attractifs dans les semaines à venir, ce qui pourrait dynamiser le marché immobilier. Cette hausse de la demande risque toutefois de faire grimper les prix, une tendance souvent observée lorsque les taux d’intérêt sont abaissés.
Du côté des épargnants, en revanche, la nouvelle est moins bonne. Les produits d’épargne à court terme, comme les livrets ou les comptes à terme, voient leur rendement mécaniquement diminuer. Cette baisse des taux réduit l’attractivité de ces placements, déjà peu rémunérateurs dans le contexte actuel.
Une aubaine pour les détenteurs d’obligations
Les détenteurs d’obligations, quant à eux, ont de quoi se réjouir. Avec la baisse des taux directeurs, les obligations déjà en portefeuille prennent de la valeur. Les nouvelles émissions offriront des rendements plus faibles, rendant les obligations actuelles plus attractives. Cela pourrait permettre aux investisseurs de réaliser des plus-values en revendant leurs titres à des conditions avantageuses.
L’immobilier et les SCPI sous les projecteurs
L’assouplissement monétaire de la BCE est également une bonne nouvelle pour les investisseurs immobiliers. En plus de faciliter l’accès au crédit, la baisse des taux devrait entraîner une hausse des prix des biens immobiliers, qu’il s’agisse de logements ou de biens professionnels. Les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI), qui détiennent principalement des biens commerciaux, devraient voir la valeur de leurs actifs progresser. Cela ouvre des opportunités intéressantes pour les investisseurs, notamment ceux qui souhaitent entrer sur le marché à un moment où certains actifs sont encore décotés.
Pour les détenteurs de parts de SCPI, la revalorisation du parc immobilier devrait se traduire par une hausse de la valeur de leurs parts et, potentiellement, par des plus-values à la revente.