- Alors que la tension au Liban atteint des niveaux alarmants, Beyrouth est de nouveau sous le feu des bombardements israéliens, avec près de 300 cibles du Hezbollah frappées en l’espace de 24 heures.
- Cette escalade militaire met en péril la vie de nombreux civils, dont plusieurs ont déjà perdu la vie dans des attaques près d’hôpitaux.
Beyrouth, déjà meurtrie par des années de crise, se retrouve à nouveau sous les bombes. Lundi, l’armée israélienne a annoncé avoir frappé environ 300 cibles du Hezbollah au Liban en seulement 24 heures, marquant un tournant majeur dans l’escalade du conflit entre Israël et le mouvement chiite libanais.
Offensive contre le financement du Hezbollah
L’armée israélienne a indiqué avoir ciblé un vaste réseau financier lié au Hezbollah. « Nous avons mené une série de frappes de précision contre les intérêts financiers du Hezbollah », a déclaré un porte-parole de l’armée israélienne. Parmi les objectifs visés, un bunker contenant des dizaines de millions de dollars en liquide. Ce bunker, selon Israël, servait à financer les activités armées du Hezbollah.
L’opération s’inscrit dans le cadre d’une offensive visant à paralyser les finances de l’organisation. Israël affirme avoir également frappé près de 30 cibles liées à l’organisme financier Al-Qard al-Hassan, accusé de servir de banque de l’ombre pour le Hezbollah. Cette série de frappes, entamée dimanche, vise à affaiblir la capacité du Hezbollah à financer ses opérations militaires.
Des civils pris au piège des bombardements
Les frappes israéliennes, bien que ciblant principalement les infrastructures du Hezbollah, n’ont pas épargné les zones civiles. Treize personnes ont été tués et 57 blessés lors d’une frappe près du plus grand hôpital public du Liban, l’Hôpital Rafic Hariri, situé à Beyrouth. Le ministère libanais de la Santé a confirmé ces décès lundi soir. Des images montrant des panaches de fumée s’élevant au-dessus de la capitale libanaise témoignent de la violence des attaques.
Dans un autre incident, Israël a accusé le Hezbollah de dissimuler des fonds dans des sites sensibles, notamment sous l’Hôpital Al Sahel, un établissement médical situé dans la banlieue sud de Beyrouth. « Nous avons des preuves que l’un des coffres-forts du Hezbollah, contenant plus de 500 millions de dollars en or et en liquide, se trouve sous cet hôpital », a affirmé un porte-parole israélien. Cette affirmation, bien qu’elle reste invérifiable, a suscité l’inquiétude des habitants et des organisations humanitaires, craignant que d’autres infrastructures vitales ne soient prises pour cible.
Selon des secouristes affiliés au Hezbollah, les frappes ont semé la panique parmi les habitants, en particulier dans le quartier d’Ouzaï, au sud de Beyrouth. « Les gens ont fui dans les rues, ils ne savaient plus où aller », raconte un membre des services de secours à l’AFP, précisant que de nombreuses personnes étaient encore piégées sous les décombres.
Le Hezbollah riposte
Face à cette offensive israélienne d’une rare intensité, le Hezbollah a riposté en lançant des attaques sur le territoire israélien. Dans un communiqué publié ce mardi matin, le mouvement chiite a affirmé avoir visé une base navale près de Haïfa, ainsi qu’une base du renseignement située dans la banlieue de Tel-Aviv. « Nous avons ciblé la base navale de Stella Maris ainsi que la base Glilot de l’Unité 8200 du renseignement israélien », peut-on lire dans le texte publié par le Hezbollah. D’autres tirs de roquettes ont également été revendiqués contre des positions israéliennes dans le centre du pays.
Les efforts diplomatiques s’intensifient
Alors que la violence s’intensifie sur le terrain, les acteurs internationaux tentent de trouver une issue diplomatique à ce conflit. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a quitté Washington lundi pour se rendre en Israël. Son objectif : obtenir un cessez-le-feu, tout en capitalisant sur la mort récente d’un haut responsable du Hamas pour relancer des négociations. « C’est une visite cruciale dans le cadre de nos efforts pour mettre fin aux hostilités », a déclaré un responsable américain à bord de l’avion de Blinken.
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a également exprimé son inquiétude quant à l’escalade du conflit au Liban. Dans une interview à la chaîne LCI, il a mis en garde contre le risque d’une guerre civile imminente au Liban. « Vous voyez bien que le Liban peut complètement s’effondrer encore plus qu’il ne l’est déjà », a-t-il souligné, avant d’ajouter : « Ce que nous disons à nos amis israéliens, pays allié, c’est qu’il ne faut pas tomber dans ce piège de l’escalade. »
Lecornu a également évoqué l’importance d’éviter une déstabilisation complète du Liban, soulignant que les dynamiques interconfessionnelles et les populations déplacées risquent d’aggraver une situation déjà chaotique. « L’affaiblissement du Hezbollah peut être perçu comme une bonne nouvelle, mais cela ne doit pas se faire au prix de la destruction du Liban », a-t-il prévenu.
La situation au Liban est de plus en plus explosive, avec des frappes israéliennes d’une ampleur inédite contre les infrastructures du Hezbollah. Le bilan humain, déjà lourd, pourrait encore s’aggraver, alors que des civils continuent d’être pris au piège dans ce conflit sans issue apparente. Les appels internationaux au calme se multiplient, mais la spirale de la violence semble difficile à enrayer, menaçant la stabilité du Liban et de toute la région.
