- Le mardi 23 octobre, l’Assemblée nationale a entamé l’examen du budget 2025, un texte qui prévoit 60 milliards d’économies dans un climat politique tendu.
- Confronté à une opposition divisée et à une majorité fragile, le gouvernement de Michel Barnier n’écarte pas le recours à l’article 49.3 pour faire adopter son projet sans vote.
Ce mardi 23 octobre, l’Assemblée nationale entame l’examen des recettes du projet de loi de finances pour 2025, un texte crucial qui prévoit 60 milliards d’économies. Alors que le gouvernement de Michel Barnier peine à trouver une majorité, le spectre de l’article 49.3, permettant l’adoption du budget sans vote, plane sur les débats. La tension est palpable, entre nécessité de réduire la dette publique et accusations d’austérité par les oppositions.
Un débat marqué par la contrainte budgétaire
Le projet de budget 2025 intervient dans un contexte délicat pour le gouvernement. Avec une dette publique qui dépasse les 3 000 milliards d’euros et un déficit supérieur à 6%, le Premier ministre Michel Barnier fait face à une opposition déterminée et à une majorité fragile. Le gouvernement s’est fixé pour objectif de réaliser des économies massives, tout en maintenant un équilibre délicat entre rigueur budgétaire et justice sociale.
Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a insisté sur la nécessité de ces efforts tout en récusant toute idée d’austérité. « Ce n’est pas un budget d’austérité, c’est un budget fait pour éviter l’austérité », a-t-il déclaré. Armand a également souligné l’importance de maintenir une discipline budgétaire stricte, affirmant que l’essentiel des économies proviendra d’une baisse des dépenses publiques, malgré les critiques des oppositions. « Je suis prêt à travailler avec toutes les sensibilités pour améliorer la copie gouvernementale », a-t-il ajouté, tout en rappelant sa volonté de « remplacer un euro de fiscalité par un euro d’économie ».
Le refus de l’alourdissement fiscal
La question des impôts a rapidement cristallisé les divergences entre le gouvernement et certains élus. Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Budget, a fermement rejeté l’idée d’introduire de nouvelles taxes, alors que la commission des finances avait proposé des amendements en ce sens. « Introduire plus d’impôts que dans le texte initial serait déraisonnable », a averti Saint-Martin. « Si le chemin que vous proposez est celui du matraquage fiscal, ne comptez pas sur le gouvernement pour le cautionner », a-t-il lancé aux parlementaires.
Cette ligne de conduite vise à éviter une surcharge fiscale pour les ménages et les entreprises, une stratégie que le gouvernement défend avec vigueur malgré les tensions au sein même de l’hémicycle.
Une opposition entre justice fiscale et préservation des acquis sociaux
Face à cette posture gouvernementale, les oppositions n’ont pas tardé à faire entendre leurs voix. À gauche, Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a défendu une répartition plus équitable des efforts fiscaux. « On va vers plus de justice fiscale », a-t-il déclaré, en référence au vote en commission pour 60 milliards d’euros de nouvelles recettes fiscales, destinées à « faire plus et mieux contribuer les très hauts revenus, les marchés financiers et les très grandes entreprises ». Pour Vallaud, cet effort est indispensable afin de réduire les inégalités et financer des services publics de qualité.
La France insoumise, représentée par la députée Aurélie Trouvé, a quant à elle mis l’accent sur la protection des retraités. « Il ne faut pas toucher aux pensions de retraite », a-t-elle martelé sur franceinfo, rappelant que « le niveau de vie des retraités est passé en dessous du niveau de vie général ». Trouvé a également appelé le gouvernement à renoncer au 49.3, espérant que « Michel Barnier laissera débattre et voter » sur le projet de loi de finances.
Un 49.3 inévitable ?
Malgré l’ouverture affichée par Antoine Armand, qui s’est dit prêt à « apporter son soutien aux initiatives permettant de remplacer un euro de fiscalité par un euro d’économie », l’issue des débats reste incertaine. Le recours à l’article 49.3, déjà envisagé, pourrait devenir nécessaire si le gouvernement échoue à rassembler une majorité suffisante pour voter le texte. Une telle décision serait toutefois risquée, alors que le Premier ministre Michel Barnier fait face à la menace d’une motion de censure déposée par le Rassemblement national.
En réponse aux critiques, Antoine Armand a rappelé la gravité de la situation budgétaire. « Les parlementaires ont le pouvoir de faire des propositions, mais ils ont aussi une responsabilité, celle de faire adopter un budget », a-t-il affirmé lors d’une intervention sur TF1. « Je suis sûr que nos concitoyens attendent que le Parlement débatte et fasse des propositions, mais pas dans n’importe quel cadre : celui d’un pays qui a 3 milliards de dettes et dont le déficit dépasse 6%. Notre pays doit faire des efforts », a-t-il insisté, appelant à un « diagnostic commun » autour de la nécessité de réduire les déficits publics.
Un consensus difficile à atteindre
Dans ce climat tendu, certains responsables politiques cherchent à trouver des compromis pour éviter un blocage institutionnel. Thomas Cazenave, ancien ministre chargé des Comptes publics, a reconnu que le texte initial avait été « largement dénaturé » en commission, mais il s’est dit prêt à soutenir une version amendée du budget lors des débats en séance. « Je partage avec Michel Barnier et les ministres de Bercy l’objectif de la nécessité de faire des économies et de réduire le déficit public », a-t-il déclaré sur LCI.
L’avenir du budget 2025 reste suspendu à ces négociations politiques, avec un vote sous haute tension prévu dans les jours à venir. Si le gouvernement de Michel Barnier souhaite éviter à tout prix le recours au 49.3, il devra trouver un terrain d’entente entre les exigences de réduction des dépenses et les appels à plus de justice sociale émanant de l’opposition.