- Face à des engagements non respectés et la menace d’un accord commercial avec le Mercosur, la colère monte dans le monde agricole.
- Une nouvelle mobilisation est annoncée pour mi-novembre, à l’initiative des principaux syndicats paysans.
Une nouvelle vague de mobilisation agricole se profile à l’horizon, prévue pour la mi-novembre à l’appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA). Face à un gouvernement accusé de promesses non tenues et à la menace d’un accord avec le Mercosur, le monde paysan se prépare à manifester son mécontentement. Si les syndicats agricoles partagent les mêmes revendications, des divergences apparaissent quant aux méthodes de mobilisation.
Des promesses non tenues qui exaspèrent
La frustration est palpable chez les agriculteurs. « On n’avance pas, même si la volonté est là », déplore Pierrick Horel, président des Jeunes Agriculteurs, qui dénonce le manque de suivi des promesses faites par le gouvernement. Parmi celles-ci, la simplification du contrôle unique, un dispositif attendu qui aurait dû être mis en place, mais qui n’a toujours pas vu le jour.
Autre source de mécontentement : les prêts garantis par l’État, annoncés dès le printemps dernier pour soutenir les exploitations en difficulté. Pourtant, « toujours pas de dossier », souffle Pierrick Horel. Selon le syndicaliste, les agriculteurs attendent que les engagements pris par les politiques deviennent enfin réalité.
L’inquiétude face à l’accord avec le Mercosur
Au-delà des questions nationales, une autre menace inquiète profondément le monde agricole : l’éventuel accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Cet accord, qui faciliterait l’importation de produits agricoles en provenance d’Amérique Latine, fait craindre une concurrence déloyale aux producteurs français. « C’est un message de défiance envoyé aux agriculteurs français et européens », affirme Pierrick Horel.
Le président des JA appelle à une prise de position forte de la part de l’exécutif, notamment du chef de l’État. « On a besoin d’une sortie du président de la République très claire sur le sujet du Mercosur », martèle-t-il, insistant sur la nécessité d’avoir une vision politique nette pour le secteur agricole français, déjà fragilisé.
Un désaccord sur les modes d’action
Si les revendications des syndicats semblent converger, leurs méthodes de mobilisation diffèrent. Les Jeunes Agriculteurs, comme lors de leurs précédentes actions, misent sur une stratégie visant à rallier l’opinion publique à leur cause. « L’idée, c’est d’avoir l’opinion publique avec nous », a déclaré Pierrick Horel mercredi 23 octobre sur franceinfo. Pour lui, il n’est pas question de « faire peur » ou d' »affamer » les Français.
Cependant, cette approche modérée n’est pas partagée par la Coordination Rurale. Véronique Le Floc’h, présidente de ce syndicat, a évoqué une piste de mobilisation autour des grandes villes, prévenant que « si ça continue, la France pourrait avoir faim ». Selon elle, l’autosuffisance alimentaire de Paris, comme celle de la plupart des grandes villes, ne dépasserait pas « deux ou trois jours ». Ces déclarations laissent entrevoir un bras de fer plus musclé que celui proposé par les Jeunes Agriculteurs.
Un secteur agricole en péril
Le malaise dans le secteur agricole français ne date pas d’hier. Les producteurs, confrontés à des charges élevées, une pression réglementaire croissante et des revenus souvent insuffisants, se sentent délaissés. La question de la concurrence déloyale, exacerbée par les négociations commerciales internationales, ne fait qu’amplifier ce sentiment d’abandon.
Dans ce contexte tendu, les agriculteurs espèrent obtenir des réponses concrètes de la part du gouvernement. Ils interpellent notamment Emmanuel Macron, réclamant une prise de position claire sur l’avenir du secteur et sur les conséquences d’un accord avec le Mercosur.