En salles ce mercredi 23 octobre, Monsieur Aznavour revient sur le parcours hors du commun de Charles Aznavour, l’un des plus grands artistes français du XXe siècle. Ce biopic, réalisé par Mehdi Idir et Grand Corps Malade, plonge dans la vie de l’interprète de La Bohème, depuis son enfance modeste jusqu’à sa consécration internationale. Un film attendu qui promet d’être l’un des grands succès de la fin d’année.
Une épopée à la hauteur de l’homme
Charles Aznavour a marqué l’histoire de la chanson avec des titres devenus immortels comme J’me voyais déjà ou La Bohème. Mais derrière ces succès se cache une vie riche en rebondissements et en défis, que le film Monsieur Aznavour se propose d’explorer. Le long-métrage nous entraîne dans une véritable fresque historique, depuis l’enfance de Shahnour Aznavourian – de son vrai nom – dans une famille d’immigrés arméniens, jusqu’à ses débuts sous l’Occupation et sa fulgurante ascension dans le monde de la musique.
Loin de se limiter à une simple célébration de l’artiste, le film aborde des thématiques universelles et actuelles. À travers l’exil des parents d’Aznavour et la précarité dans laquelle il a grandi, Monsieur Aznavour évoque une histoire d’immigration profondément liée à celle de la France. C’est dans ce contexte difficile que s’épanouira l’immense carrière du chanteur, une histoire personnelle qui prend des résonances collectives.
Tahar Rahim, une performance habitée
Le rôle est brillamment interprété par Tahar Rahim, qui livre ici une prestation magistrale. Plus qu’une simple imitation, l’acteur incarne véritablement Charles Aznavour, restituant ses gestes, son regard et jusqu’à sa voix avec une précision bluffante. Sa transformation physique est saisissante, et sa capacité à retranscrire les doutes et les failles du chanteur rend son jeu profondément touchant.
Rahim réussit à capturer la complexité de l’homme derrière la légende : un artiste obsédé par le succès, mais souvent en quête d’une reconnaissance tardive, face à un public parfois indifférent à ses débuts. Sa relation avec ses proches, notamment ses parents et son complice de scène Pierre Roche, joué par Bastien Bouillon, occupe une place centrale dans le film. Les moments d’intimité où Aznavour travaille sa musique, teste des rimes ou débat de son style vocal, notamment avec Édith Piaf (incarnée par Marie-Julie Baup), sont particulièrement émouvants et apportent une profondeur inattendue au film.
Une fresque musicale et historique
Au-delà de la performance de Tahar Rahim, Monsieur Aznavour est une véritable ode à la musique. Les réalisateurs, Mehdi Idir et Grand Corps Malade, offrent au public une immersion totale dans le processus créatif de Charles Aznavour. Les scènes où le chanteur compose ses premières chansons aux côtés de Pierre Roche ou encore ses discussions passionnées avec Édith Piaf permettent de mieux comprendre l’alchimie derrière ses plus grands succès.
Le film suit la vie de l’artiste de façon chapitrée, de ses jeunes années à son émancipation en solo sur scène, en passant par les années d’apprentissage au Québec avec Roche. On découvre un homme persévérant, parfois seul, face à un public glacial dans ses débuts, mais dont le talent finira par éclater aux yeux du monde. Le chemin vers la gloire est semé d’embûches et d’échecs, et c’est cette dimension humaine que Monsieur Aznavour réussit à capturer avec justesse.
Une œuvre qui résonne avec l’actualité
Si le film retrace les grandes étapes de la vie d’Aznavour, il résonne également avec des problématiques contemporaines, notamment celle de l’immigration. La question de l’identité, de l’exil et de l’intégration reste omniprésente tout au long du film, ancrant l’histoire du chanteur dans une actualité brûlante. Les spectateurs pourront y voir le témoignage d’une époque où la France accueillait des populations venues d’ailleurs, et la manière dont cette expérience a façonné certains de ses plus grands talents.
De l’enfance marquée par les difficultés matérielles, à l’adolescence et ses premiers pas dans la chanson, puis à l’âge adulte, où il doit conquérir une place sur la scène internationale, la vie de Charles Aznavour est présentée sous tous ses angles. Jean Rachid, le gendre d’Aznavour, à l’origine du projet, et les deux réalisateurs ont su éviter de tomber dans une simple glorification de l’artiste. Ils n’hésitent pas à montrer ses failles, ses moments de doute et de solitude, mais aussi les sacrifices que la célébrité impose.
En rendant hommage à Charles Aznavour, le film rappelle à quel point sa musique, ses paroles, mais aussi son histoire personnelle, continuent de résonner avec force aujourd’hui. Une réussite cinématographique qui célèbre la résilience, le talent, et la capacité d’un homme à marquer son époque.
Très intéressant. Je pense aller le regarder en salle prochainement.