La situation au Liban se détériore de jour en jour. Dans la soirée du mercredi 23 octobre, la banlieue sud de Beyrouth a été ciblée par au moins dix-sept frappes israéliennes, provoquant d’énormes explosions et marquant les bombardements les plus significatifs dans cette région depuis le début de la guerre entre Israël et le Hezbollah il y a un mois.
Ces frappes ont causé la destruction de plusieurs bâtiments, notamment dans le quartier de Laylaki, où six immeubles ont été réduits en décombres. Les bureaux de la chaîne de télévision pro-iranienne Al-Mayadeen ont également été touchés. Selon l’agence de presse libanaise Ani, ces bombardements sont les plus importants dans ce secteur depuis le début des hostilités.
Quelques minutes avant les frappes, l’armée israélienne avait émis un avertissement, appelant les habitants de la banlieue sud à évacuer leurs maisons. « Vous devez immédiatement évacuer ces bâtiments et ceux qui leur sont adjacents et rester à distance d’au moins 500 mètres », a tweeté le porte-parole de l’armée israélienne, Avichay Adraee, accompagné d’une carte indiquant les bâtiments ciblés.
Victimes civiles et militaires
Les conséquences de ces frappes sont tragiques. Un bombardement a également visé le quartier de Jnahh, causant la mort d’une personne et blessant cinq autres, selon le ministère libanais de la Santé. Par ailleurs, l’armée libanaise a signalé que trois de ses soldats avaient été tués par des tirs israéliens près de la frontière, lors d’une opération d’évacuation des blessés. Dans un communiqué, l’armée a déclaré : « L’ennemi israélien a pris pour cible des membres de l’armée libanaise dans les environs du village de Yater, alors qu’ils menaient une opération d’évacuation de blessés, ce qui a entraîné la mort de trois martyrs parmi lesquels un officier. »
Intensification des frappes israéliennes
L’armée israélienne a déclaré poursuivre ses raids terrestres contre des cibles du Hezbollah dans le sud du Liban. « Nous avons frappé plus de 160 cibles du Hezbollah et tué 20 militants au cours de la dernière journée », a affirmé l’armée dans un communiqué. Elle a ajouté avoir visé « plusieurs dépôts et des ateliers de fabrication d’armes appartenant au Hezbollah », précisant que « tous ces sites sont installés par le Hezbollah en dessous et à l’intérieur de bâtiments civils dans le cœur de zones peuplées ».
En réponse à ces frappes, le Hezbollah a revendiqué avoir tiré des roquettes sur des bases militaires israéliennes, notamment près de Tel-Aviv et de Haïfa. Cette escalade se traduit par un lourd bilan humain : au moins 1 552 personnes ont été tuées au Liban depuis le début de la campagne de frappes aériennes israéliennes le 23 septembre. L’ONU a également rapporté que près de 800 000 personnes ont été déplacées.
Appels à la paix
Face à cette violence croissante, 150 ONG, dont Oxfam et Médecins du Monde, ont lancé un appel à la communauté internationale pour garantir un « cessez-le-feu immédiat » au Proche-Orient. Dans un communiqué publié lors de la conférence internationale de soutien au Liban à Paris, elles ont déclaré : « Sans redevabilité, il n’y aura pas de lignes rouges. »
La France et les États-Unis envisagent de proposer une initiative conjointe en vue d’un cessez-le-feu. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a affirmé que cette proposition reste la base de tout cessez-le-feu potentiel au Liban, ajoutant que la pleine application de la résolution 1701 de l’ONU doit rester un objectif central. Cette résolution exige que le Sud-Liban soit exempt de toutes troupes ou armes autres que celles de l’État libanais. Barrot a également souligné l’importance d’élire un nouveau président libanais, qualifiant d’« inconcevable » l’absence d’un chef d’État élu. « Pour préserver son unité face aux défis, pour être représenté à la table des négociations à l’avenir, le Liban doit avoir un chef d’État », a-t-il déclaré.