Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 suscite une levée de boucliers dans le secteur agroalimentaire. La commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a récemment validé de nouvelles taxes visant à limiter la consommation de sucre et d’alcool, une mesure que les entreprises du secteur jugent pénalisante pour leur activité et les consommateurs français.
Des taxes « discriminatoires » pour prévenir les maladies chroniques
Dans un effort pour « prévenir les maladies chroniques et les addictions », la commission a adopté plusieurs amendements imposant des taxes supplémentaires sur les boissons alcoolisées et sucrées. En particulier, les bières à « fort degré alcoolique » et les boissons aromatisées sont ciblées, de même que les produits alimentaires transformés contenant une teneur élevée en sucre. Ces mesures font écho aux recommandations du Sénat publiées en mai 2024, suggérant un durcissement de la fiscalité sur les boissons sucrées et l’instauration d’un prix minimum par unité d’alcool pur.
Face à cette décision, le Syndicat des boissons sans alcool s’est dit vivement préoccupé. « Cette surtaxe discriminant une catégorie de produits ne fera qu’amplifier la pression inflationniste sur les familles françaises », a réagi un porte-parole du syndicat, qui représente notamment les intérêts des fabricants de sodas et boissons énergisantes. Selon eux, une taxation supplémentaire ne conduirait qu’à alourdir le budget des ménages, sans garantir une baisse significative de la consommation de sucre.
Les brasseurs et les artisans inquiets pour l’avenir de leurs entreprises
Le secteur brassicole, également visé par cette nouvelle fiscalité, s’inquiète pour la viabilité de ses activités. Brasseurs de France, le syndicat professionnel de la brasserie française, redoute des répercussions graves, en particulier pour les petites brasseries artisanales présentes dans l’ensemble du pays. « Ces nouvelles taxes vont définitivement compromettre la viabilité économique des acteurs du secteur brassicole présents sur l’ensemble du territoire », a prévenu l’organisation, soulignant que ces mesures risquent d’entraîner « la fermeture de centaines de brasseries. »
D’autres représentants de métiers artisanaux, dont les chocolatiers, pâtissiers, boulangers et glaciers, ont également pris la parole pour manifester leur opposition. « Ne pénalisons ni les artisans, ni les consommateurs par de nouvelles taxes injustifiées », écrivent ensemble sept organisations du secteur. Pour eux, l’impact de ces nouvelles taxes pourrait affaiblir des métiers déjà vulnérables, sans apporter de solution probante aux enjeux de santé publique avancés.
L’Ania appelle à un dialogue avec le gouvernement
L’Association nationale des industries alimentaires (Ania), qui fédère de nombreuses entreprises du secteur agroalimentaire, a également réagi fermement. Par voie de communiqué, l’Ania a exprimé son opposition totale aux nouvelles taxes proposées et a demandé « un rendez-vous en urgence avec le Premier ministre pour lui faire part de son opposition totale à toute nouvelle taxe sur l’agroalimentaire. »
Selon l’Ania, cette fiscalité additionnelle pourrait non seulement peser sur les entreprises, mais aussi aggraver la situation des consommateurs. « Alors que les ménages subissent déjà de plein fouet la hausse des prix, nous devons éviter de rajouter une pression fiscale qui les toucherait davantage, » a déclaré le porte-parole de l’organisation.
Une hausse des prix inévitable ?
Ces nouvelles taxes, si elles sont intégrées au PLFSS final, pourraient directement impacter les prix des boissons alcoolisées et sucrées. Selon le secteur, les consommateurs risquent de constater une augmentation des prix en rayon, ajoutant une pression supplémentaire à leur pouvoir d’achat.
D’un autre côté, les défenseurs de ces amendements rappellent l’importance de la prévention en matière de santé publique. Ces mesures visent en effet à encourager les comportements responsables, dans un contexte où l’augmentation des maladies chroniques liées à une alimentation déséquilibrée et une consommation excessive d’alcool pose un véritable défi pour le système de santé.