La commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a massivement rejeté, ce vendredi, le projet de financement de la Sécurité sociale pour 2025, un camouflet pour le gouvernement. Après avoir rétoqué les cotisations patronales et le gel des pensions de retraite, la commission a également repoussé les dépenses de l’assurance maladie, vidant ainsi le texte de ses mesures phares. Une décision qui envoie un signal fort à l’exécutif et plonge le projet de loi dans une incertitude totale à quelques jours de son passage en hémicycle.
Des mesures-clés rétoquées,
Depuis plusieurs jours, l’ambiance était tendue au sein de la commission des Affaires sociales. Parmi les principales propositions du gouvernement, le gel des pensions de retraite et la refonte des cotisations patronales avaient déjà cristallisé les tensions. Ces mesures, censées dégager chacune quatre milliards d’euros d’économies, ont été jugées « profondément injustes » par les élus de tous horizons.
« Il y a vraiment une fronde qui dépasse le Nouveau Front populaire, » a déclaré l’écologiste Sandrine Rousseau, résumant ainsi l’ampleur du rejet auquel fait face le gouvernement. L’insoumis Hadrien Clouet a quant à lui ironisé : « Lorsque le budget de Michel Barnier est arrivé en commission, il n’avait aucun soutien. Maintenant qu’il repart, il n’a que des adversaires. »
La gauche contre-attaque avec des taxations supplémentaires
À la place des économies proposées par l’exécutif, la gauche a fait passer plusieurs amendements visant de nouvelles sources de financement, notamment par la taxation des « superprofits » et des grandes fortunes. Une série de mesures controversées, mais qui répondent à la volonté des élus de trouver des ressources sans pénaliser les retraités.
« Ces nouvelles recettes permettraient de compenser sans faire peser de nouvelles charges sur les plus vulnérables, » a défendu Jérôme Guedj, élu socialiste. Ces modifications ont pourtant peu convaincu les élus de la majorité, et n’ont pas suffi à éviter le rejet total de la partie recettes du projet.
L’objectif de dépenses de l’Assurance Maladie
Le vote a également mis en exergue un autre point de tension majeur : l’objectif de dépenses de l’assurance maladie, élément central du budget. Ce poste de dépenses, essentiel pour l’équilibre de la Sécurité sociale, a été retoqué avec l’appui du rapporteur LR Yannick Neuder, qui a expliqué vouloir « envoyer un message clair » au gouvernement.
Le député socialiste Jérôme Guedj s’est dit inquiet de cette situation inédite, soulignant que l’exécutif « n’a proposé aucune solution claire pour sortir de cette impasse ». Même son de cloche chez les Républicains, tandis que la majorité elle-même commence à montrer des signes de dissension interne.
Un ultimatum pour le gouvernement
Face à ce blocage, la macroniste Stéphanie Rist a appelé à revoir la copie, estimant qu’il « faut apporter des modifications si on veut que ce texte soit voté ». Le temps presse : les amendements devront être déposés avant 17 heures ce vendredi, et le débat en séance publique, prévu lundi, débutera sur la version initiale du projet de loi.
Cette situation, inédite dans son ampleur, met le gouvernement sous forte pression. Plusieurs élus de la majorité, tout en soutenant le principe de réformes structurelles, ont exprimé leur scepticisme face aux orientations actuelles. L’enjeu est désormais de trouver un compromis capable de rallier une majorité parlementaire.
Un défi budgétaire pour l’avenir de la Sécurité sociale
Le rejet unanime de ce projet de financement pour 2025 souligne un désaccord profond entre l’Assemblée et l’exécutif. Ce revers place le gouvernement dans une position difficile, contraint de revoir ses propositions pour tenter de sauver son texte.
La suite des débats, prévue lundi, sera décisive : l’avenir du budget de la Sécurité Sociale pourrait bien dépendre des concessions que l’exécutif sera prêt à accorder pour obtenir le soutien des députés. Dans ce contexte de défiance généralisée, le gouvernement devra convaincre qu’il reste « aux commandes » pour éviter l’échec total de cette réforme budgétaire stratégique.