- Le gouvernement a dévoilé dimanche 5 milliards d’euros d’économies supplémentaires pour le budget 2025, ciblant des secteurs sensibles comme la fonction publique, la culture et l’aide au développement.
- Des mesures jugées nécessaires pour redresser les finances publiques, mais qui suscitent une vive opposition syndicale et annoncent des débats houleux à l’Assemblée nationale.
Dans le cadre de son effort pour réduire le déficit public, le gouvernement a dévoilé dimanche 5 milliards d’euros d’économies additionnelles pour 2025, touchant notamment la fonction publique, l’aide au développement et le soutien au verdissement des véhicules. Une décision qui suscite déjà de vives critiques, notamment de la part des syndicats.
Pour ramener le déficit à 5 % du PIB, le gouvernement prévoit une réduction des dépenses de 60 milliards d’euros, répartie entre hausses d’impôts (20 milliards) et baisses de dépenses (40 milliards). Parmi ces réductions, 20 milliards d’euros sont spécifiquement alloués à l’État, dont 15 milliards avaient déjà été intégrés dans les projets de budget 2025 pour l’État et la Sécurité sociale. Restait à préciser 5 milliards d’économies additionnelles, détaillées ce dimanche par les ministres du Budget et de la Fonction publique.
Fonction publique : congés maladie et jours de carence révisés
Ces mesures s’inscrivent dans le projet de loi de finances 2025, qui débute cette semaine en commission des Finances à l’Assemblée nationale. Parmi les économies dévoilées, celles concernant les congés maladie des fonctionnaires suscitent une attention particulière.
Le gouvernement prévoit une économie de 1,2 milliard d’euros grâce à une révision des jours de carence et du taux de rémunération en cas de maladie. Les jours de carence passeraient ainsi de un à trois jours pour les arrêts maladie, et la rémunération des agents durant les trois premiers mois d’un congé maladie ordinaire serait plafonnée à 90 %, contre 100 % aujourd’hui.
« Il s’agit d’un alignement sur les pratiques du privé », a souligné le cabinet du ministre de la Fonction publique lors d’un échange avec la presse. Cette décision, justifie le ministère, répond à l’augmentation de l’absentéisme au sein de la fonction publique : « En dix ans, le nombre de jours d’absence est passé de 43 millions en 2014 à 77 millions de jours en 2022, ce qui représente une augmentation de près de 80 %. »
Les syndicats dénoncent une “attaque frontale” contre la fonction publique
Ces mesures ont provoqué une vive réaction des syndicats, qui dénoncent une atteinte aux droits des agents publics. Benoît Teste, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU), a ainsi déclaré lundi sur France Inter : « On aligne 5,7 millions d’agents sur ce qui se fait de pire dans le secteur privé. » Il estime que l’allongement du délai de carence et la réduction du salaire durant les arrêts maladie sont des mesures « d’une gravité terrible ». « Le gouvernement devrait plutôt améliorer les conditions de travail », ajoute-t-il, jugeant ces changements « idéologiques » et destinés « à faire payer aux agents publics malades ce qu’on refuse de faire payer aux plus riches ».
Teste appelle également les parlementaires à rejeter ces propositions : « Cette réforme n’est pas juste. Elle attaque de front la fonction publique, au lieu de chercher des solutions pour améliorer les conditions de travail. »
Des économies ciblées dans d’autres secteurs stratégiques
Outre la fonction publique, les économies additionnelles incluent la réduction de la réserve de précaution dans plusieurs ministères pour un montant total de 2,6 milliards d’euros. Les ministères de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice, de l’Enseignement supérieur et des Outremer ne sont pas concernés par ces coupes.
À cela s’ajoute un milliard d’euros de réductions ciblées dans certaines politiques publiques, avec une baisse de 640 millions d’euros pour l’aide au développement, de 55 millions d’euros pour la culture, en particulier l’audiovisuel public, et de 300 millions d’euros pour le soutien au verdissement des véhicules, ramenant cette enveloppe de 1 milliard à 700 millions d’euros. Le ministère précise que ce soutien au verdissement sera complété par des certificats d’économie d’énergie. Ce budget promet déjà des débats animés à l’Assemblée nationale.
Ces annonces budgétaires, qui visent à contenir le déficit tout en modifiant les régimes de la fonction publique, seront examinées par les parlementaires dans les jours à venir. En cherchant à aligner certains avantages des fonctionnaires sur ceux du secteur privé, le gouvernement s’attend à des débats passionnés. Mais les syndicats ne comptent pas en rester là et appellent déjà à une mobilisation pour s’opposer à cette réforme, dont ils contestent la pertinence et l’équité.