Le lundi 28 octobre, MediaTransports, la régie publicitaire de la SNCF, a annoncé qu’elle renonçait à diffuser dans les gares françaises la campagne publicitaire pour Ce que je cherche, le premier ouvrage de Jordan Bardella, président du Rassemblement national. Cette décision, survenue après des révélations sur la portée de l’opération et les réservations de panneaux, suscite de vives réactions.
Prévue pour offrir une visibilité massive au livre de Jordan Bardella, cette campagne avait été négociée avec MediaTransports par Hachette Livre, propriété de Vincent Bolloré. Au total, 581 panneaux publicitaires avaient été réservés dans des gares en Île-de-France, mais aussi dans des gares provinciales.
Selon des informations dévoilées par Libération, l’opération se serait déroulée en deux phases : d’abord du 25 novembre au 1er décembre dans 54 gares RER de la banlieue parisienne, puis du 11 au 17 décembre dans les grandes gares parisiennes ainsi qu’en province. L’objectif de cette stratégie : garantir une exposition maximale au livre, en affichant sa couverture et le visage de Bardella à travers la France.
Embarras et opposition au sein de la SNCF
La révélation de cette campagne a suscité une vive réaction au sein de la SNCF, notamment du syndicat SUD Rail, qui a dénoncé un « refus de faire campagne pour l’extrême droite dans nos gares ». Dans un communiqué, le syndicat a exprimé son opposition à cette promotion, en rappelant la diversité et la neutralité politique attendues dans les infrastructures publiques comme les gares.
De son côté, la SNCF a exprimé un certain embarras, affirmant qu’elle n’avait découvert qu’après coup l’identité de l’auteur pour lequel Hachette Livre, par l’intermédiaire de son éditeur Fayard, avait réservé les panneaux. La société s’est dite sensible à l’importance de la neutralité dans les espaces de transport public.
MediaTransports invoque la neutralité et retire la campagne
Face à la polémique, MediaTransports a tranché en décidant de retirer la campagne. Dans un communiqué publié le 28 octobre, la régie publicitaire a justifié sa décision en expliquant que le visuel contrevenait « aux principes de neutralité » qu’elle s’impose dans ses espaces d’affichage. Selon la régie, ces principes visent à garantir un environnement neutre et accessible à tous les usagers, sans messages politiques potentiellement clivants.
Réactions contrastées : entre censure et neutralité
Cette décision a aussitôt provoqué la réaction de Jordan Bardella, qui s’est déclaré « indigné » par ce qu’il considère comme un « acte de censure ». Dans un communiqué, le président du Rassemblement national a dénoncé un refus de diffusion basé, selon lui, sur des motifs politiques. Malgré cette opposition, Ce que je cherche sortira comme prévu le 9 novembre, avec ou sans la visibilité initialement envisagée dans les gares SNCF.
De nombreux observateurs estiment que cette situation relance le débat sur l’importance de la neutralité dans les espaces publics, et plus spécifiquement sur le rôle des régies publicitaires en tant qu’acteurs de cette neutralité. Pour certains, MediaTransports a simplement respecté un devoir de neutralité. Pour d’autres, ce choix prive un auteur d’une visibilité légitime.
