Dans un contexte de tensions extrêmes, la Knesset israélienne a approuvé une législation interdisant l’UNRWA, provoquant un tollé parmi les organisations humanitaires et les gouvernements étrangers qui mettent en garde contre les conséquences dévastatrices de cette décision.
Le 28 octobre 2024, le Parlement israélien, la Knesset, a voté à une écrasante majorité un projet de loi interdisant les activités de l’UNRWA (Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens) sur le territoire israélien. Cette décision, approuvée par 92 voix pour et 10 contre, survient malgré les objections des États-Unis et des Nations Unies. Elle s’inscrit dans un contexte tendu, où Israël accuse certains employés de l’UNRWA d’avoir participé à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
Une législation contestée
La décision a suscité un tollé au sein de la communauté internationale. Israël, qui a longtemps critiqué l’UNRWA, a justifié cette interdiction par des accusations de complicité avec le Hamas. « Il existe un lien profond entre l’organisation terroriste [Hamas] et l’UNRWA, et Israël ne peut pas le tolérer », a déclaré Yuli Edelstein, député et l’un des initiateurs du texte.
Cette loi ne se limite pas à interdire les activités de l’UNRWA en Israël, y compris à Jérusalem-Est, mais prohibe également toute collaboration entre les responsables israéliens et l’agence. Ces mesures entreront en vigueur dans 90 jours, ajoutant ainsi une pression supplémentaire sur une institution déjà mise à mal par les conflits en cours.
Réactions internationales
Les réactions à ce vote n’ont pas tardé. Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, a dénoncé une interdiction qu’il juge « scandaleuse ». Il a averti que si la loi était adoptée et mise en œuvre, cela constituerait un désastre, particulièrement en raison de l’impact probable sur les opérations humanitaires à Gaza. « L’UNRWA est la plus grande organisation humanitaire à Gaza et la principale responsable de la réponse humanitaire, notamment en matière d’abris, de nourriture et de soins de santé de base », a-t-il ajouté.
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, s’est dit « profondément préoccupé » par cette législation. Il a souligné que si ces lois étaient appliquées, elles « empêcheraient probablement l’UNRWA de poursuivre son travail essentiel », avec « des conséquences dévastatrices » pour les Palestiniens. « Il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA », a-t-il insisté, appelant Israël à agir conformément aux obligations qui lui incombent en vertu de la Charte des Nations Unies.
Le porte-parole de l’Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a également condamné ce vote, affirmant : « Nous ne permettrons pas cela. » Il a décrit le vote de la Knesset comme une indication de la transformation d’Israël en « État fasciste ».
Conséquences humanitaires catastrophiques
L’interdiction des activités de l’UNRWA pourrait avoir des répercussions catastrophiques pour les millions de Palestiniens dépendant de l’aide humanitaire. Les organisations humanitaires avertissent que cette décision pourrait aggraver les conditions de vie à Gaza, une région déjà marquée par des crises multiples. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a qualifié cette décision d’« intolérable », précisant qu’elle contredit les obligations et les responsabilités d’Israël.
Le vote de la Knesset marque un tournant significatif dans la dynamique entre Israël et l’UNRWA. Dans un contexte de tensions déjà exacerbées, les conséquences de cette décision pourraient être lourdes pour la population palestinienne et pour la stabilité régionale. Alors que les critiques fusent de toutes parts, le dialogue et la coopération internationale seront essentiels pour faire face à cette nouvelle crise humanitaire.
