Après des années de relations tendues, Emmanuel Macron a atterri à Rabat pour marquer un tournant dans les relations franco-marocaines. Accompagné d’une impressionnante délégation de plus de 120 personnalités, le Président français se lance dans une visite d’État ambitieuse et symbolique, la première depuis 2018, avec un double objectif : politique et économique. Entre démonstrations de solidarité et signatures de contrats majeurs, cette visite entend sceller un « rabibochage » en grande pompe.
Une délégation pléthorique, symbole d’un renouveau
Pour ce déplacement, Emmanuel Macron a choisi une approche diplomatique sans précédent, amenant avec lui neuf ministres, des élus et anciens responsables, mais aussi des figures culturelles et sportives. Au-delà de la forte représentation politique – de Bruno Retailleau (Intérieur) à Antoine Armand (Économie) en passant par Jean-Noël Barrot (Affaires étrangères) –, c’est la diversité des personnalités présentes qui frappe. Les grandes entreprises françaises comme Thalès, LVMH, Veolia, et TotalEnergies y sont fortement représentées, témoignant de l’ambition de renforcer la coopération économique bilatérale.
Des figures du monde de la culture, telles que l’acteur Jamel Debbouze et l’auteur Tahar Ben Jelloun, ainsi que l’icône du judo Teddy Riner, apportent un souffle de soft power à cette délégation. « Le Maroc sort le grand jeu.
Réception solennelle à Rabat
L’arrivée d’Emmanuel Macron et de son épouse a été marquée par une cérémonie fastueuse, avec 21 coups de canon, un défilé militaire, et un tapis rouge déroulé pour accueillir les délégations sur la place du Mechouar, cœur du dispositif protocolaire. Le roi Mohammed VI et le Président français ont salué ensemble les troupes et la foule, dans un véhicule d’apparat décapotable, symbolisant une relation renouée et solidifiée par des images d’unité.
Rabat, habillée aux couleurs des drapeaux marocain et français, a accueilli cette visite d’État avec ferveur. Sur l’avenue Mohammed V, des centaines de Marocains se sont pressés pour apercevoir le cortège, rappelant l’attachement populaire aux liens entre les deux nations.
Une visite placée sous le signe des partenariats
Au-delà de la symbolique, la visite d’Emmanuel Macron est surtout marquée par des accords économiques majeurs. Pas moins de dix milliards d’euros devraient être injectés dans divers projets au Maroc, consolidant le rôle de la France comme principal partenaire européen du royaume. Parmi les initiatives phares, Alstom et Egis ont signé un contrat pour le prolongement de la ligne de train à grande vitesse jusqu’à Marrakech, un projet d’infrastructure ambitieux qui symbolise l’interconnexion franco-marocaine.
En parallèle, le secteur des énergies renouvelables devient un point clé de la coopération bilatérale. Le géant français TotalEnergies a officialisé un partenariat dans le domaine de l’hydrogène vert, tandis que des projets solaires et éoliens s’ajoutent aux initiatives pour un Maroc durable. À Casablanca, Safran investira 130 millions d’euros pour ouvrir un centre de maintenance et de réparation d’avions, témoignant du dynamisme du hub aérien marocain.
Enfin, la collaboration entre le groupe CGM-CMA et Marsa Maroc prévoit de moderniser le terminal de Nador West Med, renforçant ainsi les liens maritimes et logistiques franco-marocains.
Le Sahara occidental, un dossier diplomatique sensible en cours de redéfinition
La question du Sahara occidental, territoire riche en ressources, demeure au centre des intérêts stratégiques de cette visite. En juillet, Macron a pris position en faveur d’une résolution dans le cadre de la souveraineté marocaine, une démarche diplomatique qui sera confirmée lors de son discours au Parlement marocain.
Ce territoire, ancienne colonie espagnole, est en conflit avec le royaume depuis 1975 et revendique son droit à l’autodétermination. Bien que le Maroc en exerce le contrôle de facto, les indépendantistes du Front Polisario, appuyés par l’Algérie, demandent toujours un référendum d’autodétermination. Après des affrontements entre 1975 et 1991, un cessez-le-feu avait été conclu, incluant l’organisation d’une consultation sur l’autonomie du territoire.
Le changement de la position française marque une volonté d’apaiser les tensions autour de ce territoire contesté, riche en ressources halieutiques et en phosphates, des secteurs où les entreprises françaises comme Chancerelle sont déjà investies.
Le Sahara occidental possède également un potentiel considérable dans les énergies renouvelables. « Cette région-là est idéale pour développer une industrie solaire et éolienne », confie Étienne Giros, président du Conseil français des investisseurs en Afrique. Paris semble donc prêt à soutenir les ambitions marocaines tout en répondant aux opportunités d’investissement dans cette région stratégique.
Rappelons que le Front Polisario, désigné par l’ONU comme « le représentant du peuple du Sahara occidental », a déposé de nombreuses plaintes, sans succès, contre des entreprises françaises, qui sont accusées par les Sahraouis « de financer la colonisation ».
Emmanuel Macron, lui, se montre confiant quant aux retombées économiques et diplomatiques de cette visite, voyant dans ce renouveau des relations franco-marocaines le socle de nouvelles perspectives économiques durables
