Un nouveau pas vers la généralisation du repas à un euro pour tous les étudiants a été franchi mardi à l’Assemblée nationale. Un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), défendu par le groupe Écologiste et Social, a été adopté en commission des Finances. Reste à savoir si ce texte sera intégré dans la version finale du PLFSS, un vote solennel étant prévu pour le 5 novembre prochain.
Un amendement qui relance le débat sur la précarité étudiante
L’initiative du repas à un euro, initialement mise en place en 2020 pour les étudiants boursiers, avait déjà été élargie aux étudiants non-boursiers en situation de précarité. Cette nouvelle proposition vise à aller plus loin en rendant ce dispositif accessible à tous les étudiants, quelles que soient leurs conditions financières. La députée socialiste Céline Hervieu, soutenant l’amendement, a souligné la gravité de la situation : « Il y a un jeune sur trois aujourd’hui, parmi ceux qui sont interrogés, qui déclarent sauter souvent régulièrement des repas. » Ces propos font écho aux résultats alarmants d’un sondage réalisé par l’association Cop1 et l’Ifop, dévoilant que 36 % des étudiants ont déjà sauté des repas faute de moyens, un chiffre atteignant même 60 % parmi les bénéficiaires de l’association.
Ce texte vient répondre à un contexte économique difficile pour les étudiants : selon l’Union nationale des étudiants de France (Unef), le coût de la vie étudiante a augmenté de 2,25 % pour l’année universitaire 2024-2025, un accroissement qui s’ajoute à une hausse de 6,47 % l’année précédente. En 2023, les dépenses étudiantes sont estimées en moyenne à 482,16 euros de plus qu’en 2022. Au-delà des frais d’inscription, les postes de dépense impactés par cette inflation sont nombreux : loyers, énergie et alimentation.
Un coût qui divise les élus
Selon le groupe Écologiste et Social, cette généralisation coûterait 90 millions d’euros par an. La députée LFI Marie Mesmeur, qui a déposé un amendement similaire avec un budget de 400 millions d’euros, a rappelé que « seul un étudiant sur quatre est boursier », illustrant ainsi la nécessité d’un dispositif accessible à tous.
À l’inverse, plusieurs voix s’élèvent contre cette mesure au sein de la majorité. Le député Renaissance Thomas Cazenave, rapporteur spécial en commission des Finances, s’est fermement opposé à cet amendement, estimant qu’il s’agit d’une initiative « très régressive » et « la plus injuste qui soit ». « Pourquoi offrir un repas gratuit à tous les étudiants, quelle que soit la configuration familiale, quels que soient les revenus des parents ? » a-t-il interrogé, plaidant pour une approche plus ciblée. De son côté, Charles Sitzenstuhl, également rapporteur spécial pour Renaissance, a souligné les efforts déjà consentis par l’État pour maintenir des tarifs « sociaux, voire très sociaux » dans les CROUS. Actuellement, un repas au CROUS est facturé 3,30 euros pour tous les étudiants, soit un tarif bien en deçà de son coût réel, estimé à 8 euros.
Le soutien sans faille des associations étudiantes
Les associations étudiantes, qui militent depuis des années pour cette généralisation, ont salué cette avancée. La Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) plaide depuis longtemps pour un repas à un euro généralisé, voyant en ce dispositif une réponse efficace et concrète à la précarité grandissante. Dans un communiqué récent, l’association met en avant les nombreuses difficultés rencontrées par les étudiants pour subvenir à leurs besoins de base, notamment alimentaires.
Un vote décisif attendu en novembre
Pour l’instant, cet amendement adopté en commission n’est pas encore garanti de figurer dans la version finale du PLFSS. Le vote du texte global en séance plénière, prévu le 5 novembre prochain, marquera une étape cruciale pour la généralisation des repas à un euro. En cas de rejet, le projet de loi serait renvoyé au Sénat dans sa version initiale, excluant cette mesure et d’autres amendements adoptés en commission.
Dans une période marquée par une précarité étudiante alarmante, le repas à un euro pour tous pourrait constituer un soutien précieux pour les jeunes. Cependant, ce projet suscite un débat de fond, posant la question de l’universalité des aides sociales et de leur financement.