À quatre jours de l’élection présidentielle américaine, une déclaration de Joe Biden fait des vagues. En réponse à des propos racistes tenus par un humoriste pro-Trump visant Porto Rico, Biden a qualifié les partisans de Donald Trump d' »ordures » avant de tenter de clarifier ses propos. Cette polémique, largement médiatisée, tombe mal pour les démocrates et ravive le souvenir des « minables » de Hillary Clinton, un terme devenu emblématique en 2016 pour galvaniser la base républicaine.
Une attaque sur Porto Rico enflamme la scène politique
L’incident remonte au 29 octobre, lorsque Tony Hincliffe, humoriste invité à un meeting de Donald Trump au Madison Square Garden, a comparé Porto Rico à « une île flottante d’ordures ». Les propos choquants n’ont pas tardé à provoquer une réponse du camp démocrate. Lors d’un appel vidéo pour la campagne de Kamala Harris, Biden a pris la parole, visiblement exaspéré, et déclaré : « Les Portoricains du Delaware [son État d’origine] sont des gens décents et honorables ». Il a ensuite ajouté, sur un ton qui se voulait incisif : « Les seules ordures que je vois flottant autour d’ici, ce sont ses partisans ».
Des observateurs de tous bords ont qualifié cette sortie de « maladroite ». Certains, dans le camp républicain, y ont vu une insulte claire contre les électeurs de Trump. Il n’a fallu que quelques minutes pour que cette déclaration fasse le tour des réseaux sociaux et provoque une onde de choc au sein des deux camps.

Les républicains dénoncent une insulte « impardonnable »
L’indignation s’est rapidement répandue du côté républicain, où les membres du parti se sont empressés de dénoncer les paroles de Biden. Marco Rubio, sénateur de Floride, s’est fait l’écho de la polémique lors d’un meeting en Pennsylvanie. Devant une foule réceptive, il s’est insurgé : « C’est terrible de dire ce genre de choses », tandis que Trump lui-même a commenté la situation, jugeant les propos de son adversaire « inacceptables ».
Toujours prompt à exploiter les faux pas de ses adversaires, Donald Trump a même orchestré une mise en scène provocante lors d’un meeting dans le Wisconsin le lendemain. Arborant une chasuble orange fluo, il est arrivé en camion-poubelle et a lancé à ses partisans : « Qu’est-ce que vous pensez de mon camion-poubelle ? » L’ancien président a poursuivi en s’adressant directement aux électeurs démocrates et indépendants : « Ce camion est en l’honneur de Kamala Harris et Joe Biden. Kamala et Joe vous traitent d’ordures, moi je vous vois comme l’âme de l’Amérique ».
Les démocrates tentent de contenir les dégâts, Biden clarifie ses propos
Face à l’indignation générale, Joe Biden a réagi rapidement en publiant un message de clarification sur les réseaux sociaux. Le président sortant a affirmé que ses propos ne visaient que la « rhétorique haineuse » de Tony Hincliffe, qu’il a qualifiée de « débile ». Dans un message publié sur le réseau social X, Biden a expliqué : « Je qualifiais uniquement de débile la rhétorique haineuse de ce partisan de Trump à l’encontre de Porto Rico ». Il a également dénoncé une « diabolisation inadmissible des Latinos », en espérant tempérer la controverse.

Kamala Harris a, elle aussi, tenté de minimiser les répercussions de cette déclaration, prenant cependant ses distances avec Biden en déclarant publiquement aux journalistes être en « désaccord profond » avec les termes employés. Elle a affirmé : « Je ne suis pas d’accord avec toute critique fondée sur la personne pour laquelle les gens votent », rappelant qu’elle se tient sur une ligne d’unité dans une campagne déjà extrêmement tendue.
Porto Rico, un enjeu crucial pour l’électorat latino
Cette déclaration malheureuse de Biden survient dans un contexte de forte rivalité autour de l’électorat latino, qui pourrait être décisif dans des États comme la Floride, l’Arizona et le Nevada. L’île de Porto Rico, bien que n’étant pas un État, joue un rôle clé pour les démocrates et les républicains qui cherchent tous deux à séduire cet électorat influent. Les propos de Biden, même tempérés, risquent de rendre la tâche plus difficile pour les démocrates.
La campagne de Trump, ayant déjà montré une certaine hostilité envers Porto Rico par le passé, profite paradoxalement de cette situation pour attaquer le camp adverse sur le terrain du respect des minorités et de la décence. En tirant parti de cet incident, les républicains espèrent mobiliser davantage de voix dans les bastions latinos des États indécis.
Cette polémique pourrait-elle impacter directement les intentions de vote dans les États indécis, où chaque voix compte ? En transformant cette gaffe en slogan mobilisateur, le camp Trump tente d’exploiter l’erreur de Biden pour consolider ses soutiens et influencer les indécis. Les démocrates, eux, tentent de calmer le jeu tout en redoublant d’efforts pour recentrer le débat sur les questions de fond.
Dans une Amérique divisée, chaque mot compte, et cette controverse pourrait bien être le point de bascule pour certains électeurs indécis.