- La Chine affiche des signes de reprise économique en octobre, avec une hausse inattendue de son activité manufacturière et de nouvelles mesures pour stabiliser le secteur immobilier en crise.
- Cette dynamique laisse entrevoir un potentiel de croissance, même si la consommation intérieure et l’emploi restent des défis majeurs pour Pékin.
Une enquête publiée par S&P Global et le média économique chinois Caixin révèle une hausse de l’activité manufacturière en Chine pour le mois d’octobre. L’indice PMI des directeurs d’achat, indicateur clé de la santé industrielle, a atteint 50,3 points, contre 49,3 en septembre. Ce franchissement du seuil des 50 points, signe d’expansion, marque un retour à la croissance pour le secteur manufacturier chinois, porté par une hausse des commandes et une légère progression des prix à la production.
Ces résultats corroborent ceux de l’indice officiel, publié la semaine dernière par les autorités chinoises. Avec un PMI à 50,1 points en octobre, l’activité manufacturière affiche sa première progression depuis avril. Tandis que l’indice Caixin-S&P Global est centré sur les petites et moyennes entreprises, l’indice officiel mesure la santé des grands groupes industriels.
Un secteur immobilier sous perfusion pour soutenir la reprise
Cette reprise dans l’industrie s’accompagne d’un ensemble de mesures ciblées pour stabiliser le secteur immobilier, en difficulté depuis plusieurs années. En septembre, Pékin a annoncé un assouplissement des conditions d’achat pour les résidences principales et secondaires dans plusieurs grandes villes, dont Shanghai, Canton et Shenzhen. Parallèlement, les taux hypothécaires ont été abaissés, dans l’espoir de relancer la demande et de renforcer la confiance des ménages.
Au-delà de ces ajustements, le ministre du Logement, Ni Hong, a dévoilé une enveloppe de crédits renforcée pour les projets immobiliers prioritaires. Ce fonds, désormais porté à 4 000 milliards de yuans (environ 517 milliards d’euros), doit permettre aux municipalités de recommander des projets aux banques pour un financement accéléré. Le gouvernement espère ainsi soutenir un secteur immobilier miné par des défauts de paiement de géants comme Evergrande et Country Garden. Ces deux mastodontes, proches de la faillite, illustrent les difficultés d’un marché autrefois pilier de l’économie chinoise, aujourd’hui fragilisé par un resserrement des conditions de crédit imposé par Pékin depuis 2020.
Une reprise encore incertaine, freinée par une consommation atone
Malgré les signes d’amélioration, la reprise chinoise demeure fragile. Après une sortie de crise Covid moins vigoureuse que prévu, l’économie chinoise est freinée par une consommation intérieure en berne et une baisse de confiance des ménages. Les tensions commerciales persistantes avec les États-Unis et l’Union européenne continuent de peser sur les exportations, compliquant davantage la tâche de Pékin pour relancer la machine économique.
Le secteur de l’emploi, lui aussi, est en difficulté. En octobre, les suppressions de postes se sont intensifiées, comme le souligne l’enquête Caixin-S&P Global. L’économiste Wang Zhe, cité dans le communiqué, souligne la nécessité de mesures pour renforcer le revenu disponible des ménages, condition essentielle pour relancer durablement la demande et soutenir la croissance.
Un objectif de croissance ambitieux pour 2024
Malgré ces obstacles, Pékin se montre confiant et vise une croissance de 5 % pour l’année 2024. Selon Wang Zhe, la réalisation de cet objectif dépendra de la capacité du gouvernement à stimuler la demande des consommateurs en renforçant leur pouvoir d’achat. « Les mesures doivent être plus efficaces pour réellement augmenter le revenu disponible des ménages », précise-t-il.
Pour l’instant, les premiers signes de stabilisation du secteur manufacturier et immobilier sont encourageants. Cependant, l’efficacité des réformes en cours et l’évolution du contexte international seront déterminants pour la poursuite de la reprise chinoise.