À la veille de la reprise des débats sur le budget 2025 à l’Assemblée nationale, le gouvernement a tranché : il n’y aura pas de retour de la taxe d’habitation sur les résidences principales. C’est Catherine Vautrin, ministre chargée des Collectivités locales, qui l’a confirmé ce dimanche dans une interview accordée au Parisien. Une annonce attendue, qui répond à des interrogations croissantes de la part des élus locaux.
« Il n’y aura pas de retour à la taxe d’habitation sur les résidences principales », a affirmé la ministre. « En revanche, il faut probablement regarder comment on peut permettre aux collectivités de mieux maîtriser leurs ressources », a-t-elle ajouté, excluant d’emblée toute nouvelle taxe ou tout autre dispositif dans le cadre du Projet de loi de finances.
Un manque à gagner pour les collectivités locales
Cette déclaration survient alors que les élus locaux expriment leurs inquiétudes croissantes sur le manque à gagner causé par la suppression de la taxe d’habitation. Cette mesure phare, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, a été progressivement mise en œuvre pour s’appliquer à toute la population en 2023. Depuis lors, plus aucun foyer n’est soumis à cette taxe sur la résidence principale. Cependant, les résidences secondaires restent, elles, taxées, ce qui ne compense pas pour autant les pertes subies par les communes.
Pour beaucoup de maires, la suppression de cette ressource a constitué un coup dur pour leurs finances, et plusieurs communes ont dû revoir à la hausse leurs taux de taxe foncière. Cette hausse a été particulièrement marquée dans certaines régions, suscitant mécontentement et inquiétude parmi les propriétaires. Les maires dénoncent une perte d’autonomie financière, réduisant leurs marges de manœuvre pour financer les services publics locaux.
Une contribution citoyenne en discussion
En réaffirmant la fin de la taxe d’habitation, le gouvernement a décidé de maintenir un pilier du bilan d’Emmanuel Macron. Pour autant, Catherine Vautrin ouvre la porte à une réflexion plus large sur les finances locales. L’idée serait de repenser la contribution des citoyens aux dépenses locales, à travers une forme de participation qu’elle qualifie de « contribution citoyenne au service public ».
« Il faut réfléchir à une participation possible au fait de vivre dans la ville ou le village. Il n’y a rien de gratuit », souligne la ministre, ajoutant que cette réflexion à l’échelle nationale n’a pas encore abouti à une proposition concrète. Catherine Vautrin souhaite voir les discussions s’ouvrir en 2025, afin d’explorer comment les collectivités locales pourraient retrouver une certaine marge de manœuvre, tout en évitant d’imposer une pression fiscale directe aux habitants.
Une proposition soutenue par l’Association des maires de France
Cette « contribution citoyenne », une sorte de nouvel impôt local, pourrait répondre aux besoins de financement des communes tout en maintenant la suppression de la taxe d’habitation. L’Association des maires de France (AMF), dirigée par David Lisnard, a récemment suggéré cette idée, plaidant pour un mécanisme de financement local qui permette aux collectivités de couvrir leurs dépenses de manière pérenne sans fragiliser davantage les budgets municipaux.
Comment soutenir les collectivités sans revenir sur les engagements pris lors du premier mandat d’Emmanuel Macron ? La majorité semble vouloir explorer des pistes alternatives pour éviter une rupture entre l’État et les élus locaux, d’autant que de nombreux maires redoutent une dégradation de la qualité des services publics s’ils ne trouvent pas de nouveaux leviers financiers.
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