- Le gouvernement français a levé le voile sur une stratégie pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
- Sobriété énergétique, électrification des usages et développement des énergies renouvelables et nucléaire sont au cœur de cette feuille de route nationale.
Ce lundi 4 novembre, le gouvernement a présenté sa feuille de route pour l’énergie et le climat, une stratégie ambitieuse pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Au cœur de ce plan, la réduction massive des énergies fossiles et l’augmentation de la part des énergies renouvelables et du nucléaire. À une semaine de la Conférence annuelle de l’ONU sur le climat (COP29), la France affirme sa volonté de devenir un modèle de transition écologique.
Vers une réduction drastique des énergies fossiles
Selon le gouvernement, la France vise à diminuer de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Pour y parvenir, la part des énergies fossiles, comme le pétrole et le gaz, devra chuter. Actuellement à 60 % de la consommation finale, elle passera à 42 % en 2030 pour tomber à 30 % en 2035 et tendre vers zéro en 2050. La ministre de l’Énergie, Olga Givernet, a expliqué lors de la présentation que cette transition ne se limite pas à des choix techniques. « Ce n’est pas qu’une question d’énergie, c’est un choix de société qui déterminera notre avenir, » a-t-elle déclaré.
Sobriété énergétique et électrification : deux axes essentiels
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement français mise sur une sobriété énergétique accrue et une électrification massive des usages dans plusieurs secteurs clés, dont les transports, l’industrie et le bâtiment. Ces initiatives devraient faire progresser les technologies propres tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
Dans le secteur des transports, par exemple, l’État souhaite que les ventes de voitures électriques représentent deux tiers du marché d’ici 2030. Le parc automobile français, encore majoritairement thermique, devrait compter 15 % de véhicules électriques d’ici la fin de la décennie, contre seulement 2,2 % début 2024. Cependant, les ventes de véhicules électriques ont récemment marqué un recul, avec seulement 15 % des immatriculations en octobre.
Le secteur du bâtiment n’est pas en reste : d’après les données officielles, il a déjà réduit ses émissions de 5,5 % entre juillet 2023et juin 2024. L’objectif est de faire passer ces émissions à 35 millions de tonnes d’équivalent CO₂ par an d’ici 2030, contre 62 millions en 2022. Pour atteindre cette cible, la rénovation de 400 000 maisons individuelles et 200 000 logements collectifs chaque année sera nécessaire. Les chaudières au fioul, principale source de chauffage dans de nombreux foyers, sont destinées à être remplacées par des solutions plus écologiques.
L’Union française de l’électricité (UFE) salue cette ambition et appelle à une stratégie intégrée. « La transition énergétique nécessite une progression forte de l’électrification de l’industrie, des transports et des bâtiments, en capitalisant sur nos atouts énergétiques et industriels », déclare l’UFE, insistant sur l’importance d’un plan d’électrification qui prenne en compte les enjeux de pouvoir d’achat, de compétitivité et de souveraineté.
Une consommation d’électricité en hausse, mais décarbonée
Avec l’électrification massive, la demande en électricité va forcément augmenter. En France, où l’électricité est principalement décarbonée grâce au nucléaire, cette évolution pourrait jouer en faveur des objectifs climatiques. Actuellement, l’électricité représente 27 % de la consommation finale d’énergie, mais ce chiffre devrait passer à 34 % en 2030 et à 39 % en 2035.
Toutefois, l’accent reste mis sur la sobriété énergétique, avec une réduction de 30 % de la consommation d’énergie d’ici 2030 par rapport à 2012. L’objectif est de limiter l’impact environnemental de cette consommation supplémentaire. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, a souligné les avantages économiques à long terme de ces investissements : « L’investissement écologique est parfois le meilleur rempart contre des dépenses publiques futures. » Elle a rappelé les conséquences des récents épisodes d’inondations et a évoqué le « drame de Valence » pour illustrer l’urgence de l’action climatique. « Il est plus qu’urgent d’accélérer sur la baisse de nos émissions de gaz à effet de serre, » a-t-elle ajouté.