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Michelin ferme ses usines de Cholet et Vannes, 1 254 emplois menacés

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  • Le groupe Michelin a annoncé ce mardi la fermeture programmée de ses usines de Cholet et Vannes, une décision qui menace directement 1 254 emplois.
  • Ce choix s’explique, selon la direction, par l’effondrement des ventes et la pression de la concurrence asiatique sur le marché européen des pneus.

Le géant du pneumatique Michelin a annoncé, ce mardi 5 novembre, la fermeture de ses usines de Cholet et Vannes d’ici 2026. Une décision qui laisse plus de 1 200 salariés face à un avenir incertain, malgré les récentes promesses de « salaire décent » pour tous. La fermeture des deux sites, en raison de l’« effondrement » des ventes de pneus pour camions et camionnettes, a suscité l’indignation des salariés et des élus, qui dénoncent la fragilisation de l’industrie française face à la concurrence asiatique.

Les salariés sous le choc : « Comme des vaches à l’abattoir »

Réunis dans une salle à Cholet, les quelque 900 employés de l’usine ont été informés brutalement de la fermeture du site, provoquant une vague de sidération et de colère parmi les salariés. « Ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l’abattoir et annoncé que c’était fini », a confié Morgane Royer, déléguée syndicale SUD, employée chez Michelin depuis près de dix ans. Selon elle, plusieurs collègues « se sont écroulés parce qu’ils étaient encore dans le déni ».

L’usine de Cholet, qui fabrique principalement des pneus de camionnettes de moins de 17 pouces, a réagi à cette annonce en votant pour la grève dès la fin de la matinée, montrant une détermination à exprimer leur opposition à cette fermeture soudaine. À Vannes, où sont produits des câbles métalliques destinés aux pneus assemblés en Espagne et en Italie, l’annonce a aussi jeté un coup de froid.

Florent Menegaux : « Une fermeture inéluctable »

La direction de Michelin justifie cette décision par l’ampleur de la crise que traverse le marché des pneus pour camions et camionnettes. « C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin », a déclaré le PDG de Michelin, Florent Menegaux, dans un entretien avec l’AFP.

Michelin pointe également du doigt la « dégradation lente de la compétitivité » de l’Europe, qui ne permet plus, selon Menegaux, de maintenir des coûts de production compétitifs face à la montée en puissance des producteurs asiatiques. « Les circonstances du marché européen du pneumatique — poids lourds d’un côté, et camionnettes — font que nous ne voyons pas comment nous pourrions recharger ces sites structurellement à moyen et long terme », a-t-il ajouté.

Le groupe s’engage à « accompagner chacun des salariés concernés avec des solutions sur mesure », incluant des propositions d’emplois dans d’autres entreprises, des reconversions internes, ainsi que des départs en préretraite pour ceux qui peuvent y prétendre. Le groupe a aussi promis un soutien aux territoires touchés, avec des créations d’emplois qui compenseraient les suppressions. Un précédent exemple avait été donné à La-Roche-sur-Yon, où 635 emplois avaient été créés pour 613 suppressions.

L’indignation des élus : « Une journée noire pour l’industrie française »

La fermeture des sites de Cholet et Vannes a également résonné dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Cinq députés ont interpellé le gouvernement sur la nécessité de défendre l’industrie nationale. « Journée noire pour l’industrie française », a déclaré André Chassaigne, soulignant que « les annonces et les satisfecit du gouvernement se fracassent contre le mur du réel ».

Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a réagi en appelant à « un plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires », assurant que l’État mettrait tout en œuvre pour que les engagements de Michelin envers ses salariés soient tenus. « Nous avons discuté avec l’ensemble des élus, discuté également avec la direction de Michelin, s’agissant des sites de Cholet et de Vannes, et nous allons dans les prochaines heures mettre tout le monde autour de la table pour parler de la reprise des sites », a affirmé le ministre. Il a également mentionné une solution à plus long terme, portée au niveau européen, face à la concurrence internationale, notamment chinoise.

 Le défi de la souveraineté industrielle française

Le Premier ministre Michel Barnier est également intervenu sur ce dossier, exprimant sa profonde tristesse face à la nouvelle. « On ne peut pas être fier de ce genre de décision, mais c’est une priorité du gouvernement de préserver et de reconstruire le tissu industriel de la France », a-t-il déclaré, promettant de défendre les industries stratégiques du pays face aux défis mondiaux.

 

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