- Face à une vague de restructurations dans l’industrie française, la CGT appelle à une mobilisation nationale pour l’emploi le 12 décembre.
- Sophie Binet, secrétaire générale du syndicat, entend ainsi alerter sur la précarisation croissante et les menaces qui pèsent sur des milliers de postes, symbolisées par le cas Vencorex à Pont-de-Claix.
Le jeudi 7 novembre, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, s’est rendue à Pont-de-Claix, au sud de Grenoble, pour apporter son soutien aux salariés de Vencorex, en grève depuis deux semaines. Face à la situation de cette entreprise chimique en redressement judiciaire, elle a annoncé une « journée de convergence de toutes les luttes pour l’emploi » en France le 12 décembre prochain, appelant à une mobilisation nationale pour protéger les emplois dans l’industrie française.
Une situation critique pour Vencorex et ses salariés
Depuis le 10 septembre, Vencorex, spécialisée dans la production d’isocyanates utilisés dans les peintures et vernis industriels, est en redressement judiciaire à la demande de son actionnaire principal, le groupe thaïlandais PTT GC. Devant plusieurs centaines de salariés rassemblés à Pont-de-Claix, Sophie Binet a dénoncé ce qu’elle qualifie de « faillite organisée », pointant une stratégie industrielle opaque.
« Jusqu’en 2022, tout allait bien, l’entreprise était rentable », a-t-elle rappelé avec force, accusant certains acteurs de manipulations économiques. « Vencorex, c’est d’abord l’histoire d’une faillite organisée (…). Le plan était bien huilé », a-t-elle affirmé, avant de critiquer une « opération de concurrence déloyale organisée par l’État chinois pour déstabiliser notre industrie ».
Une reprise controversée et des emplois menacés
À ce jour, la seule offre de reprise de Vencorex provient du groupe chinois Wanhua, concurrent direct de l’entreprise, qui propose de conserver seulement 25 des 450 emplois actuels pour un rachat fixé à un million d’euros. La perspective de voir une majorité des employés licenciés suscite l’inquiétude et la colère. Pour Sophie Binet, cette situation symbolise les dérives de la mondialisation : « On a des gouvernements qui font rentrer le loup dans la bergerie », a-t-elle déploré.
Outre les 450 emplois directs, ce sont près de 5 000 emplois indirects qui sont menacés selon la CGT, dans un secteur stratégique qui alimente des domaines sensibles tels que le nucléaire et l’aérospatial. « Les productions que vous réalisez sont un enjeu stratégique pour tout le pays », a-t-elle souligné, appelant l’État à organiser une table ronde pour identifier des repreneurs potentiels et éviter le démantèlement de l’entreprise.
Une mobilisation locale pour une crise nationale
Le tribunal de commerce de Lyon doit statuer prochainement sur une éventuelle prolongation de la période d’observation pour Vencorex, ce qui donnerait à l’entreprise grenobloise jusqu’au 10 mars pour rechercher un repreneur. Mais, en cas de liquidation, Sophie Binet propose une solution radicale : « Si aucun repreneur ne se manifeste, l’État doit recourir à une nationalisation temporaire, comme il l’a récemment fait à Saint-Nazaire », a-t-elle insisté.
Le maire de Pont-de-Claix, Christophe Ferrari, a également pris la parole pour exprimer le désarroi des habitants et soutenir les grévistes : « Ce qui se passe ici, dans ce territoire du sud de Grenoble, est très grave. Les salariés, les habitants vivent un véritable scénario catastrophe », a-t-il déclaré. Il a exhorté le gouvernement à « se réveiller et tout faire pour exiger d’Arkema, dont l’État est actionnaire, son rachat des activités de Vencorex qui permettront sa viabilité ». Cependant, le géant français de la chimie a déjà annoncé qu’il n’était pas intéressé par cette opération.
Un appel à la mobilisation nationale
Pour Sophie Binet, les difficultés rencontrées par Vencorex ne sont pas un cas isolé mais plutôt le symptôme d’un malaise plus large qui frappe l’industrie en France. Elle a rappelé que la CGT a recensé « plus de 180 plans de licenciements dans toute la France » affectant au moins 100 000 emplois directs et indirects, principalement dans des secteurs industriels. Ce chiffre, selon elle, est « a minima puisque chaque jour, la liste s’allonge ».
Face à cette situation, la CGT appelle les travailleurs de tous secteurs à une journée de mobilisation nationale pour l’emploi le 12 décembre. « Cette journée de convergence de toutes les luttes pour l’emploi sera l’occasion de dire stop à l’hémorragie d’emplois industriels dans notre pays », a-t-elle conclu