Dans un contexte de violences liées aux stupéfiants qui s’intensifient, notamment à Marseille, le gouvernement annonce la création d’un Parquet national anti-stups, une réponse juridique inspirée du modèle anti-terroriste pour endiguer le fléau du narcotrafic.
Le gouvernement a décidé de frapper un grand coup dans la lutte contre le trafic de drogue en annonçant la création prochaine d’un Parquet national anti-stups (PNAS). S’inspirant directement du modèle du Parquet national anti-terroriste, cette nouvelle instance devrait centraliser et renforcer la lutte contre les réseaux de narcotrafiquants en France. Une proposition portée ce vendredi par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et soutenue par le ministre de la Justice, Didier Migaud, lors d’une conférence de presse à Marseille.
« Je suis favorable à un pilotage fort constitué autour d’un véritable parquet national », a déclaré Didier Migaud, depuis la cité phocéenne, théâtre de violents affrontements entre gangs rivaux de narcotrafiquants. « Ce parquet donnera beaucoup plus de visibilité et d’efficacité aux équipes qui œuvrent déjà sans relâche au sein du parquet de Paris contre la criminalité organisée au niveau national », a-t-il ajouté.
Un projet pour une réponse judiciaire plus musclée
La création de ce parquet spécialisé viserait avant tout à centraliser les poursuites contre les réseaux de trafic de stupéfiants, en particulier dans les grandes métropoles durement touchées par ce fléau. En concentrant les enquêtes et les ressources, l’État entend ainsi répondre avec davantage de fermeté et d’efficacité. Les autorités espèrent que cette nouvelle structure, qui s’appuiera sur les huit juridictions interrégionales spécialisées déjà existantes, facilitera la coordination des actions judiciaires.
Cependant, la mise en place du PNAS nécessitera le feu vert du Parlement. Une proposition de loi déposée au Sénat en juillet dernier doit être examinée en janvier. Didier Migaud s’est dit confiant quant à l’adoption rapide de cette réforme : « Même à ma main, elle ne tremblera pas pour mobiliser, dès à présent, toute la puissance de l’appareil judiciaire et structurer tout ce qui doit l’être sans attendre », a-t-il martelé.
Jugement des crimes en bande organisée : vers des cours d’assises spéciales
Autre nouveauté annoncée par le ministre de la Justice, la mise en place de cours d’assises spéciales, composées uniquement de magistrats professionnels, pour juger les crimes en lien avec le trafic de stupéfiants. Une disposition qui permettrait de limiter les risques de pression sur les jurés populaires. Inspiré des pratiques en matière de terrorisme, ce dispositif viserait à renforcer la protection des décisions judiciaires dans les affaires sensibles, où la menace d’intimidation par les réseaux criminels est élevée.
« Recourir uniquement à des magistrats professionnels plutôt qu’aux jurés populaires permettrait d’éloigner le risque de pression exercée sur les jurés en vue d’orienter la décision judiciaire finale », a précisé Migaud, pointant ainsi un risque réel d’ingérence des trafiquants dans les décisions de justice.
Face à l’ampleur croissante de la criminalité liée aux stupéfiants, notamment dans les grandes villes comme Marseille où les règlements de comptes sanglants se multiplient, l’État entend muscler sa riposte. Ce nouveau Parquet national anti-stups viendrait ainsi compléter et soutenir les dispositifs existants, dont les juridictions interrégionales spécialisées qui, malgré leurs efforts, peinent parfois à répondre aux besoins.
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et le garde des Sceaux Didier Migaud l’ont rappelé : la lutte contre les narcotrafiquants est une priorité absolue pour le gouvernement. « Ce fléau doit être combattu avec toute la détermination dont nous disposons », ont-ils souligné, réaffirmant leur volonté d’offrir une réponse judiciaire et policière d’envergure face à cette menace.