- Face à l’essor de la criminalité organisée et du narcotrafic en France, le gouvernement lance une mobilisation sans précédent, annonçant un plan d’action depuis Marseille.
- Déterminé à lutter contre les violences liées aux trafics de drogue, le gouvernement déploie de nouvelles mesures pour éradiquer les réseaux criminels et restaurer la sécurité dans les quartiers.
Le gouvernement passe à l’offensive contre la criminalité organisée et le narcotrafic, une menace grandissante en France. Les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Bruno Retailleau et Didier Migaud, se rendront aujourd’hui à Marseille pour présenter un plan face à ce fléau. Avec des actions concrètes, ils entendent porter un coup sévère aux trafiquants et restaurer la sécurité dans les quartiers gangrénés par le crime.
Une visite symbolique à Marseille
Bruno Retailleau et Didier Migaud débuteront leur journée par une rencontre avec Benoît Payan, maire de Marseille, avant de se rendre à la préfecture des Bouches-du-Rhône. Sur place, ils dialogueront avec des associations locales et des familles de victimes d’assassinats liés au trafic de drogue. Cette étape marque un message clair : le gouvernement se tient aux côtés des citoyens et des victimes, conscient des drames humains derrière les chiffres.
Le périple marseillais se poursuivra dans les quartiers nord, épicentre des affrontements violents entre réseaux de narcotrafic. Retailleau y rencontrera les troupes de police déployées, tandis que Migaud se rendra à la prison des Baumettes, puis au tribunal judiciaire de Marseille, pour échanger avec les magistrats et le personnel de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS). Une manière de réaffirmer le rôle central de la justice et de la police dans cette lutte implacable.
Retailleau évoque une « mexicanisation » de la France
Face à la multiplication des fusillades liées au trafic de drogue, Bruno Retailleau n’a pas mâché ses mots, déclarant que la France se trouve à un « point de bascule ». Selon lui, le pays doit éviter la « mexicanisation » de ses quartiers, où la violence des cartels et le narcotrafic menacent la paix sociale. La « guerre » promise par le ministre de l’Intérieur est censée être longue, sans concessions. Le chiffre d’affaires annuel de ce trafic en France est estimé entre 3,5 et 6 milliards d’euros, une somme colossale qui nourrit les réseaux criminels et alimente une spirale de violence.
Didier Migaud, ministre de la Justice, se montre pleinement solidaire. Il affirme la nécessité d’une « réponse très ferme de l’État », un engagement qu’il partage avec Retailleau et Michel Barnier, chef du gouvernement. Ce dernier a appelé jeudi soir sur le réseau social X à une « mobilisation générale contre la criminalité organisée », soulignant que cette menace met en péril « les intérêts fondamentaux de la Nation ».
Création d’un Parquet anti-criminalité organisée : une réponse centralisée
Parmi les mesures phares, le gouvernement annonce la création d’un parquet national anti-criminalité organisée, projet initié par l’ancien ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. Ce parquet aura pour mission de concentrer les investigations sur le narcotrafic, permettant une meilleure coordination des forces de l’ordre et une exploitation plus poussée des technologies d’investigation. Étienne Blanc, sénateur LR du Rhône et co-rapporteur de la commission d’enquête sur l’impact du narcotrafic, salue une « avancée cruciale ».
Ce parquet aura un pouvoir inédit : lors d’une arrestation, il sera en mesure d’examiner systématiquement le patrimoine du dealer et de saisir ses biens. Selon des informations de TF1-LCI, le gouvernement souhaite frapper les trafiquants là où cela fait mal : leur portefeuille. Cependant, comme le souligne Frédéric Ploquin, spécialiste du grand banditisme, la difficulté reste de contrer l’évasion des fonds hors du territoire français, un défi majeur pour les autorités.
Des pouvoirs renforcés pour les préfectures
Au-delà des interventions judiciaires, le gouvernement appelle les préfectures à user de tous leurs pouvoirs pour perturber les réseaux criminels. Les préfets pourront désormais recourir plus facilement à des mesures administratives strictes : interdiction de séjour pour les dealers dans certains quartiers, fermeture de commerces soupçonnés de blanchiment, ou encore expulsion de logements sociaux. Ces outils, rarement employés jusqu’ici, se veulent dissuasifs et visent à désorganiser les réseaux locaux.
Les consommateurs de drogue dans le collimateur
Autre volet du plan : une répression accrue des consommateurs. Jusqu’ici fixée à 200 euros, l’amende forfaitaire pour usage de stupéfiants pourrait être revue à la hausse lors des débats parlementaires en janvier. De plus, cette amende sera inscrite plus systématiquement au casier judiciaire, un moyen de dissuasion fort. Pour éviter les impayés, le gouvernement envisage également de recourir à des « tiers-détenteurs » pour assurer le recouvrement.
Le gouvernement espère que ce plan marquera un tournant dans la lutte contre le narcotrafic en France. Mais la question demeure : ces mesures seront-elles suffisantes pour briser la dynamique des réseaux criminels qui gangrènent certains quartiers ? Affaire à suivre !