Le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), qui représente la majorité des pilotes français, a lancé un appel à la grève et à une mobilisation ce jeudi 14 novembre devant l’Assemblée nationale. Cette initiative vise à protester contre la récente adoption d’une mesure qui prévoit un prélèvement annuel supplémentaire d’un milliard d’euros sur le secteur aérien, une décision que le syndicat juge dangereuse pour l’emploi et la compétitivité des compagnies françaises.
Une taxe supplémentaire d’un milliard d’euros
Vendredi dernier, l’Assemblée nationale a voté un amendement alourdissant la fiscalité du secteur aérien dans le cadre de l’examen du projet de budget. Ce dispositif prévoit une hausse significative de la taxe sur les billets d’avion, une mesure qui, selon le gouvernement, devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2025 et rapporter un milliard d’euros chaque année. Ce prélèvement concernera toutes les destinations, excepté les vols à destination des territoires ultramarins et de la Corse.
L’amendement a été adopté avec une majorité de 99 voix pour et 78 contre. Pour les syndicats et les entreprises du secteur, cette hausse arrive à un moment particulièrement sensible. « Contre la volonté du gouvernement de prélever un milliard supplémentaire par an sur le secteur aérien, nous appelons les pilotes mais aussi tous les salariés du secteur aérien à se mobiliser le 14 novembre », a déclaré un porte-parole du SNPL. « Nous appelons à un rassemblement près de l’Assemblée nationale en fin de matinée », a-t-il ajouté.
Entre inquiétudes pour l’emploi et objectifs environnementaux
Les acteurs du transport aérien expriment de vives inquiétudes quant aux répercussions de cette nouvelle taxe. Le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, a pris la parole peu après le vote pour exprimer sa désapprobation. Selon lui, en excluant les territoires ultramarins et la Corse de cette augmentation de taxe, les députés ont eux-mêmes « reconnu les risques d’une telle mesure pour « la compétitivité des compagnies françaises ».
De son côté, le SNPL pointe une taxation jugée disproportionnée, d’autant plus que la décision a été prise sans concertation préalable avec les professionnels concernés. Le syndicat évoque une « multiplication par trois de cette taxe, sans qu’une consultation des acteurs du secteur n’ait eu lieu », un fait qu’il qualifie d’injuste, d’autant que le secteur aérien se relève à peine de l’impact de la crise de la Covid-19.
Le syndicat met également en garde contre les conséquences économiques de cette nouvelle taxe sur l’emploi. « Alors que de nombreux acteurs du secteur aérien se remettent à peine des effets prolongés de la période de la crise de Covid-19, cette imposition supplémentaire entraînera à terme des dizaines de milliers de suppressions d’emplois en France », alerte le SNPL, appelant le gouvernement à renoncer à cette mesure.
Une vision gouvernementale de la taxe
Malgré l’opposition du secteur aérien, le gouvernement défend cette mesure en arguant qu’elle contribue aux efforts environnementaux et participe au redressement des finances publiques. Interrogé dimanche sur France Info, le ministre des Transports François Durovray a défendu l’alourdissement de la fiscalité sur les billets d’avion, affirmant que « cette taxe, elle a à la fois une vertu de contribution au rétablissement des comptes de l’État, mais aussi une visée environnementale » en raison des émissions de carbone liées au transport aérien.
Selon le ministre, cette nouvelle taxe pourrait également inciter les compagnies aériennes « à mettre davantage de carburant durable dans les avions », bien qu’il n’ait pas fourni de précisions sur la disponibilité ou le coût de ces carburants alternatifs. Il a toutefois salué les efforts déjà réalisés par l’industrie aéronautique française pour réduire son empreinte carbone, invitant le secteur à « travailler à un système vertueux ».
Un appel à la solidarité de tous les salariés du secteur aérien
Face à cette situation, le SNPL invite non seulement les pilotes mais également l’ensemble des salariés du secteur aérien à se mobiliser le 14 novembre. Selon le syndicat, cette mobilisation collective est cruciale pour préserver les emplois et la compétitivité du secteur face à une fiscalité jugée excessive.
« Contre la volonté du gouvernement de prélever un milliard supplémentaire par an sur le secteur aérien, nous appelons les pilotes mais aussi tous les salariés du secteur aérien à se mobiliser le 14 novembre », a souligné le porte-parole du SNPL. Le rassemblement se tiendra en fin de matinée près de l’Assemblée nationale, une manière d’exprimer directement aux élus les préoccupations du secteur.
Un débat entre compétitivité et transition écologique
La hausse de la fiscalité sur le transport aérien met en lumière un débat complexe entre la nécessité de garantir la compétitivité des entreprises françaises et l’objectif de réduction des émissions de CO₂. Tandis que le gouvernement insiste sur la responsabilité écologique des compagnies aériennes, les représentants du secteur dénoncent une décision qui pourrait freiner leur reprise économique et menacer des milliers d’emplois. Le rassemblement prévu le 14 novembre pourrait être le point de départ d’une opposition de longue durée entre les acteurs du transport aérien et les décideurs politiques.