La crise politique en Allemagne s’intensifie alors que la coalition gouvernementale dirigée par Olaf Scholz s’est effondrée, ouvrant la voie à d’éventuelles élections anticipées dans un climat de tensions économiques et politiques.
La scène politique allemande est en pleine tourmente depuis que la coalition au pouvoir, composée des sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz, des Verts et des libéraux du FDP, a éclaté le 6 novembre dernier. En cause, des divergences insurmontables sur les orientations économiques, qui ont poussé Scholz dans une impasse parlementaire, tandis que l’opposition appelle à une tenue rapide d’élections législatives.
Face à la pression, le chancelier a déclaré être prêt à soumettre son gouvernement à un vote de confiance avant Noël. Si la confiance ne lui est pas accordée, le Bundestag pourrait être dissous, déclenchant un scrutin anticipé.
Un vote de confiance avant Noël
Lors d’une interview accordée à la chaîne publique ARD le 10 novembre, Olaf Scholz a affirmé sa volonté de « poser la question de confiance avant Noël » si les conditions sont réunies avec l’opposition. Il a évoqué la date du 15 janvier pour ce vote crucial, visant à clarifier la situation politique en Allemagne. Le chancelier a ajouté vouloir « aller vite », estimant qu’il est urgent pour l’Allemagne de retrouver un gouvernement légitime, capable de répondre aux nombreux défis qui se profilent.
Scholz, qui a déjà perdu sa majorité au Parlement avec la désintégration de son alliance, n’aura que peu de chances de remporter ce vote de confiance. En cas d’échec, le président allemand Frank-Walter Steinmeier disposera de 21 jours pour dissoudre le Bundestag, entraînant automatiquement la tenue de nouvelles élections dans les deux mois suivants.
Merz en embuscade, la pression des conservateurs
Le camp conservateur, dirigé par Friedrich Merz, voit dans cette crise une opportunité pour asseoir sa position et se préparer à prendre les rênes du pays. Le candidat à la chancellerie n’a pas hésité à accentuer la pression sur Scholz, l’invitant à soumettre son gouvernement au vote de confiance dès mercredi, lors de la déclaration gouvernementale prévue au Bundestag. Pour Merz, une rapide clarification est essentielle : sans un tel vote, son parti refusera de soutenir les derniers projets de loi que Scholz souhaite faire adopter.
En tête dans les sondages, Merz propose même une date : le 19 janvier, pour ce qu’il espère être le début d’une nouvelle ère politique. Avec les conservateurs (CDU/CSU) à 32 % d’intentions de vote selon l’institut Insa, et l’extrême droite de l’AfD à 19 %, le SPD de Scholz n’atteint plus que 15 %. Un revers qui met en péril les sociaux-démocrates, alors que leurs anciens alliés, les Verts et les libéraux, peinent eux aussi à convaincre.
Une campagne qui s’annonce tendue
La perspective de nouvelles élections exacerbe les tensions au sein de la société allemande, où la montée de l’AfD cristallise les inquiétudes d’une droite conservatrice renforcée. Ruth Brand, directrice fédérale des élections, a déjà commencé les préparatifs pour un éventuel scrutin anticipé. Elle a convoqué une réunion virtuelle avec les responsables électoraux régionaux pour discuter des modalités de cette élection.
La crise allemande ne se limite pas aux frontières nationales : c’est toute l’Union européenne qui suit de près les évolutions politiques à Berlin. La stabilité allemande est vue comme un pilier pour l’Europe, et l’incertitude actuelle pourrait compliquer les stratégies communes face aux défis climatiques, économiques et géopolitiques. Scholz a insisté sur la nécessité de « redonner à l’Allemagne un gouvernement légitime » pour avancer sur ces dossiers, tandis que ses opposants préparent déjà leur campagne.
La dissolution possible du Bundestag et la campagne électorale qui s’ensuivra risquent de redessiner les contours politiques de la première économie européenne. Si Scholz ne parvient pas à convaincre, les élections anticipées pourraient bien marquer la fin de son mandat et ouvrir la voie à un nouveau gouvernement, avec un paysage politique profondément transformé.